L’artiste britannique Akala a donné dimanche soir à Alger, à l’occasion du 15e Festival culturel européen, un concert où l’énergie et les rythmes particuliers de la musique hip hop ont porté des textes engagés et poétiques.
Organisé à la salle Ibn-Khaldoun par le British Council ce concert, représentant la participation du Royaume Uni au Festival, a permis au public de découvrir l’univers riche de ce jeune auteur et compositeur londonien, fait de chansons dénonçant le racisme et l’impérialisme ou aux thématiques existentielles, avec une musique qui mêle rock, soul et sonorités électroniques.
Accompagné d’un batteur qui faisait également office de DJ en passant les "samples" (pistes audio enregistrées), Akala donne d’emblée le ton de son spectacle en le faisant débuter par un extrait de discours de l’ancien dirigeant urkinabé assassiné en 1987 et figure de la résistance antiimpérialiste, Thomas Sankara, en prélude au titre Let It All Happen évoquant le même combat.
N’hésitant pas à faire participer le public en l’invitant à répéter les refrains des chansons, créant ainsi une ambiance survoltée dans la salle, l’artiste enchaîne avec d’autres morceaux comme Freedom Lasso, Xxl ou encore What is Real aux textes tantôt contestataires, tantôt ironiques vis-à-vis du hip hop matérialiste et superficiel en vogue aux Etats-Unis.
Ces textes étaient exécutés par le rappeur avec un "Flow" (manière de poser les syllabes en rythme typique du hip hop) variant entre une rapidité déconcertante et une déclamation plus posée, une richesse technique qui a impressionné les fans de cette culture urbaine née dans les ghettos noir des Etats Unis dans les années 70.
Après des chansons aux rythmes entraînants qui se distinguent par une forte présence des morceaux de guitare électrique, le chanteur a ensuite proposé des pièces plus calmes aux textes plus personnels, relatant sa propre enfance pauvre à Londres où évoquant avec poésie les influences musicales soul (James Brown, Marvin Gaye, etc) héritées de sonentourage familial. Akala a également invité sur scène de jeunesartistes algériens avec lesquels il avait animé un jour plus tôt unatelier musical, à l’exemple du groupe "X’rem" qui a proposé unechanson en arabe en hommage aux mères algériennes.
Abordant après leconcert cette collaboration avec les artistes algériens, Akala s’estdit "impressionné par leur profonde compréhension du sens profond du hip hop", une culture qu’il conçoit avant tout comme "une musique de savoir, porteuse d’un message". Né en 1983 dans la banlieue de Londres d’un père jamaïcain et d’une mère écossaise, Akala s’est imposé après sept albums comme un des artistes hip hop les plus respectés au Royaume Uni, une notoriété qui lui vaudra en 2006 le "MOBO Award", décerné chaque année à des interprètes de "musique d’origine noire".
Egalement poète et journaliste, il est le fondateurde la société de production de théâtre musical "The Hip hop Shakespeare Company" qui organise des résidences théâtrales et des ateliers éducatifs pour des jeunes défavorisés. Le 15e Festival culturel européen se poursuit jusqu’au 30 mai dans deux salles à Alger (Ibn- Khaldoun et l’auditorium de la Radio algérienne) ainsi que dans les villes d’Oran, Tlemcen, Annaba et Constantine.