Le Festival d’Avignon va prendre un coup de jeune cet été, avec une programmation qui fait la part belle aux nouveaux talents et un effort, y compris tarifaire, en direction des moins de 26 ans, selon la présentation jeudi de son nouveau directeur Olivier Py.
Un abonnement de 4 spectacles pour 40 euros pour les moins de 26 ans doit contribuer à rajeunir le public. "Seulement 11% de moins de 26 ans, c’est trop peu", souligne-t-il. Très attaché à la vocation populaire du festival fondé par Jean Vilar, Olivier Py veut aussi "faire la décentralisation des 3 km" et aller dans les quartiers et les villages. Un "Othello variation" itinérant, "où le mot maure est remplacé par le mot arabe", se déplacera autour d’Avignon.
Pour la première fois, les enfants auront leur festival, avec un lieu spécial, la Chapelle des pénitents blancs, et trois pièces contemporaines. Le programme est resserré : 36 propositions contre 40 l’an dernier, avec 21 créations, sur une période légèrement plus longue, du 4 au 27 juillet. 25 artistes invités-les deux tiers- sont des nouveaux venus au festival.
Onze artistes ont moins de 35 ans, dont le rouennais Thomas Jolly, qui monte à 32 ans un monumental Henri VI de Shakespeare en 18 heures. Le Festival d’Avignon est coutumier de ces "traversées" théâtrales, depuis le Mahabharata de Peter Brook en 1985 (9 heures). Cette année, un tout autre "Mahabharata" sera donné dans la carrière de Boulbon, en moins de deux heures, par le Japonais Satoshi Miyagi qui utilise les codes du kabuki, avec un conteur et 25 acteurs. Le festival s’ouvrira dans la cour d’honneur avec Le Prince de Hombourg, en hommage à Jean Vilar. La pièce de Kleist n’a pas été redonnée à Avignon depuis l’interprétation mythique avec Gérard Philipe dans les années 50.
Elle sera mise en scène par l’Italien Georgio Barberio Corsetti, qui a récemment monté un Chapeau de paille d’Italie bondissant à la Comédie française, avec Xavier Gallais, Eléonore Joncquez et Anne Alvaro. Flash back dans l’histoire du festival, Mai, juin, juillet de Denis Guenoun et Christian Schiaretti, sur la "déflagration de mai 68 dans le monde du théâtre", est recréé avec Robin Renucci (Jean Vilar) et Marcel Bozonnet (Jean-Louis Barrault).
Dans la cour d’honneur, I am, du Néo-Zélandais Lemi Ponifasio part de la guerre de 14-18 vue du Pacifique, avec l’engagement des soldats néo-zélandais y compris aborigènes. Premier artiste à diriger le festival depuis Jean Vilar (1947 à 1971), Olivier Py présente trois spectacles. Orlando ou l’impatience, une comédie où "un jeune homme qui me ressemble", dit-il, recherche son père. Pour les enfants, il monte pour la cinquième fois La jeune fille, le diable et le moulin d’après les contes des frères Grimm. Il propose aussi Vitrioli de l’auteur grec Yannis Mavritsakis.
L’Europe est bien présente, avec Emma Dante, figure de proue du théâtre italien, la Roumaine Gianina Carbunariu, le Belge Fabrice Murgia, qui explore le rapport des adolescents aux écrans, le Néerlandais Ivo Van Hove... La pièce chilienne La imaginacion del futuro revisite le dernier discours d’Allende comme s’il était écrit aujourd’hui. Le chorégraphe israélien Arkadi Saides traduit dans le corps la réalité de l’occupation des territoires palestiniens avec Archive et l’Egyptien Hassan El Geretly eprend la tradition du cabaret et des conteurs pour parler de l’Egypte d’aujourd’hui.