A travers "Fusion", une exposition à Alger, ce sont deux styles et deux visions de vie qui s’opposent mais aussi une histoire d’amitié entre les artistes Amel Benghezala et Karima Sahraoui, deux diplômées de l’Ecole des Beaux-Arts d’Alger qui se retrouvent après 20 ans de séparation.
Dans "Fusion", les deux artistes racontent leur ressenti, leur vécu et leur appréciation du monde qui les entoure et influence leurs états d’âme, envies et projections. L’une, Karima Sahraoui, a de tout temps choisi de le faire en bicolore, le noir et blanc pour exprimer une dichotomie, une dualité et, dans d’autres moments, la complémentarité.
L’autre, Amel Benghezala, plus inclinée vers les couleurs, reproduit ses sentiments en un festival de tons et de nuances qui siéent si bien à la saison du moment, le printemps. La première a choisi l’aquarelle pour rendre hommage sur toiles à toutes les couleurs sans distinction car les "aimant toutes" et parce qu’elles traduisent une "joie de vivre" qui caractérise sa personnalité.
En sus des couleurs, ses toiles renvoient des formes et des graphismes généreux, des lignes d’entre lesquelles l’artiste nous convie à un monde imaginaire néanmoins truffé de messages dictés par le vécu et le relationnel avec autrui.
Des aquarelles aussi joyeuses qu’expressives, comme "La pieuvre", "Ragots", "Cérémonie", "Icare" qui racontent respectivement, la duplicité de la nature humaine, l’amour du festif et la quête de liberté à travers l’envol qui est également le propre de l’homme.
Le noir et blanc de Karima Sahraoui traduit la dure réalité d’un pays soumis aux différentes contraintes et aux déchirements incessants.
"Ces deux couleurs expriment une profondeur en moi", dit-elle avant de souligner que c’est le "politique" qui détermine ses inspirations et ses choix de peinture. "Cauchemar", "Dépression", "Honte", autant de visages à l’expression figée, épouvantée, angoissée, désespérée que le trait noir accentue de sa profondeur et renvoyant aux bouleversements intérieurs de l’artiste. Le blanc se voulant être un clin d’œil à ce sentiment si vital qu’est l’espoir.
Toute jeune, Karima Sahraoui est prédisposée à la vie artistique et réussit en 1998 l’examen d’entrée à l’Ecole nationale des Beaux-Arts (Enba) d’Alger en même temps qu’elle obtient un diplôme en design graphique. Sa passion pour la communication visuelle la conduit à diriger plusieurs campagnes de communication d’intérêt national et prendra part à de nombreuses expositions à Alger depuis 2000 et dans une galerie d’arts à Berlin (Allemagne) en 2007.
Née en 1969 à Alger, Amel Benghezala entre en 1988 à l’Enba d’Alger et y décroche un diplôme artistique et un autre de communication artistique qui lui permet d’occuper, entre autres, plusieurs postes de designer graphique et de consultante auprès des sociétés de communication graphique.
Son apprentissage du dessin auprès de professeurs comme Mohamed Labidi, Karim Sergoua et Anissa Aïdoud l’a conduit à développer son propre style, celui de l’abstrait. L’exposition organisée par l’ambassade d’Italie et étrennée par l’Institut culturel italien à Alger convie le public à découvrir les deux artistes et leurs œuvres exposées jusqu’au 6 juin prochain.