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Guerre au Sahel ou guerre contre une religion
Les mots de la différence… les mots de l’intolérance
19 Janvier 2013

Aujourd’hui, avec l’actualité africaine accentuée par la décision de la France de s’engager dans une guerre au Mali ou encore les derniers événements connus par l’Algérie (à In Amenas) avec la prise d’otages revendiquée par la «brigade des Moulathamine», groupe issu d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), nous remarquons malheureusement que les termes utilisés pour désigner l’ennemi n’est pas du tout fortuit. Ainsi, pour les uns il est question d’islamistes, pour d’autres de djihadistes. Une autre polémique qui s’installe dans le débat politico-théologique


Alors la parole a été donnée aujourd’hui au grincement des armes et au sang pour faire taire celle du dialogue, une autre guerre fait surface et elle semble être beaucoup plus ardue que les années précédentes : la guerre médiatique.
La plupart des chefs d’Etats préfèrent désigner la guerre au Mali comme étant celle menée contre des djihadistes alors que la plupart des médias étrangers, et même nationaux, accompagnant ces discours politiques utilisent les mots islamistes.
Nonobstant des débats politico-théologiques, il reste que les deux termes utilisés sont tous les deux confus et ouvrent les portes d’une nouvelle polémique.
Pourtant, en revenant à quelques recherches faites dans ce sens, il est connu que la plupart des musulmans savent que le terme djihad, ne désigne pas forcément la guerre.
Le concept du djihad a constamment évolué, ce qui empêche toute définition figée au profit de la recherche d’interprétations successives, souvent concurrentes parmi les sphères intellectuelles musulmanes ou non. Son utilisation aujourd’hui définit largement les idéologies des uns et des autres.
Il faut savoir que le djihad armé n’est qu’une forme de djihad. S’instruire est un djihad, prôner le bon comportement est un djihad, être patient face aux épreuves de la vie est un djihad...
En dehors de toute considération religieuse ou idéologique, il est nécessaire aujourd’hui de souligner que le djihad armé dans l’islam prône des règles inéluctables que même les plus grandes démocraties dans le monde ne respectent pas au nom des droits de l’homme. Et qu’il est navrant de voir que ces groupes armés sont désignés comme des djihadistes alors les bases islamiques sur lesquelles s’appuient les oulémas sont principalement : l’interdiction de tuer des innocents (« Épargner les enfants, les fous, les femmes, les prêtres, les vieillards et les infirmes, sauf s’il ont pris part au combat » 9) ; (Cor. V, la Table servie : 31-32) : « Tuer une seule personne (innocente) est comme tuer toute l’humanité ».
L’interdiction de provoquer le chaos (al-fitna) (Cor. II, La vache : 190-191) : « Le chaos (fitna) est pire que la guerre. Tant qu’eux ne vous combattront pas dans l’enceinte sacrée, ne leur livrez pas la guerre. Si eux vous daéclarent la guerre alors tuez-les. Voilà la fin des infidèles ».
Le suicide, clairement condamné dans le Coran (Cor. IV, Les femmes : 28-29) : « Ne vous donnez pas la mort ».
L’autre terme utilisé n’est pas aussi valorisant pour les préceptes de l’Islam. D’autant plus que bizarrement le terme « islamisme » est de création française et l’usage de ce mot est attesté en français depuis le XVIIIe siècle, où Voltaire l’utilise à la place de « mahométisme » pour signifier « religion des musulmans » (ce qu’on nomme désormais « islam »).
On trouve le mot dans cet usage, jusqu’à l’époque de la Première Guerre mondiale. Cet usage, qui se développa au cours du xixe siècle, commença à être concurrencé par le terme « islam » au tout début du xxe siècle, lorsque le développement des études occidentales de l’islam fit la promotion du terme que les musulmans utilisaient eux-mêmes. Le terme « islamisme » avait ainsi complètement disparu de l’ Encyclopedia of Islam entamée en 1913 et finalisée en 1938.
Le terme islamisme est critiqué. La plupart soutiennent que l’islam et l’islamisme sont une même chose.
À l’instar de quelques auteurs et de quelques polémistes, l’islamologue française Anne-Marie Delcambre estime dans son ouvrage Soufi ou mufti ? Quel avenir pour l’islam, que « islamisme » et « islam » désignent une réalité indistincte, posant que la nouvelle acception du terme « islamisme » - l’acception politique - puiserait sa source dans l’affirmation du juriste égyptien, Muhammad Sa’id al-’Ashmawi, qui avait déclaré que « Dieu voulait que
l’islam fût une religion, mais
les hommes ont voulu en faire une politique ».
Enfin, il n’est pas étonnant de voir surgir au fur et à mesure des termes dénuder de tout son sens pour lui incuber un autre sens qui va dans l’intérêt de quelques-uns, comme ce fut le cas durant la guerre de Libération nationaledurant le joug colonial, ou des moudjahidine furent traités de «fellagas », ou encore le terme «gauchisme » utilisé par la droite et l’extrême-droite pour désigner les sympathisants de la gauche au sens large, que celle-ci soit marxiste, socialiste ou même social-démocrate. Le terme est alors employé pour induire une perception négative de l’objet qualifié : une pensée de gauche n’est plus présentée comme une façon d’envisager le fonctionnement des sociétés humaines mais est ainsi relégué au rang d’habitude, de dogme, de doctrine, voire de maladie grâce à l’emploi du suffixe «isme ».

Par : Kahina Hammoudi

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