La maison de la culture Mouloud Mammeri et l’université de Tizi Ouzou, en partenariat avec la Coordination Internationale des Chercheurs sur les Littératures Maghrébines (CICLIM), organisent du 3 au 5 mars prochain un colloque international sur l’œuvre de Mouloud Mammeri.
«L’œuvre de Mouloud Mammeri, qui épouse des genres multiples (romans, nouvelles, pièces de théâtre, etc.), est tout à la fois spécifique et universelle ; elle se donne à lire comme une œuvre où s’inscrit en filigrane une éthique, celle de la tolérance et de la mutuelle compréhension, duelle et dialogale. Préservatrice du Même/de Soi dans sa spécificité fondatrice et irréductible, elle n’est néanmoins jamais fermée sur elle-même, puisqu’elle convoque l’Autre-que soi, qu’elle défend et accueille en frère, en semblable. L’auteur ne remarque-t-il pas dans La mort absurde des Aztèques que
« quand une tribu australienne abdique par le fait d’une violence concrète ou symbolique, ce ne sont pas Les Maoris qui sont diminués, c’est l’humanité entière qui a subi une irréparable perte », annoncent les organisateurs dans leur texte argumenteur.
Puisant dans la culture orale dont elle se réclame, l’œuvre de Mammeri n’en est pas moins célébration de l’Ecriture qu’elle cherche à induire et à ériger en modèle au travers des tentatives d’historicisation et de témoignage (carnets, journaux intimes, écrits épistolaires…) Par l’abondante dynamique scripturale/épistolaire qui la parcourt (Lettre de Aazi, écrits épistolaires d’Arezki à Maître Poiré, échanges de lettres entre Ramdane et Bachir, lettres de ce dernier à Claude et à Itto, échange épistolaire qui clôt La Traversée, etc.) – signalons que Mammeri lui-même avait été le script de la Révolution - l’œuvre mammérienne semble être une invitation infinie au dialogue et aux échanges. - Quelle est la place de cette double écriture/mise en abyme et sa fonction dans la conception de Mammeri ? - Quelles significations pourrait-on donner à cette épistolarité récurrente ? - En quoi cette épistolarité
est-elle fondatrice de la conception mammérienne d’induire des mutations épistémologiques ? - En quoi ces "ateliers" d’écritures sont-ils inducteurs de la nécessité de maintenir ouvert le lien entre l’univers de la parole et celui de l’écriture ? En filigrane de ce questionnement se profilent trois axes de recherche qui peuvent être résumés comme suit : 1) Mammeri recourt au Même pour défendre l’Autre qui par là même contribue à la constitution du Même. 2) c’est en défenseur de l’oralité que Mammeri convoque l’écriture. Cette position qui peut paraître paradoxale semble constante dans son œuvre. Il s’agira d’étudier le rapport entre la Voix et la Lettre dans l’œuvre de Mammeri et de son impact sur l’entreprise littéraire de l’écrivain, sur ses recherches anthropologiques et sur ses écrits journalistiques et épistolaires. 3) c’est justement à ce dernier type discursif comme mise en abyme que sera consacré le dernier axe. Il sera question de l’étude de cette particularité mammérienne et de ses causes. En effet, il s’agira d’interroger cette constante convocation de l’écrit épistolaire dans l’œuvre littéraire. Les propositions de communication doivent parvenir à l’adresse suivante boualili99@gmail.com au plus tard le 10 février 2013. L’avis du comité scientifique sera signifié le 20 février 2013. Le programme sera publié le 28 février 2013. Le colloque aura lieu les 3, 4 et 5 mars 2013 conjointement à la maison de la culture Mouloud Mammeri et à l’université de Tizi Ouzou. Les articles définitifs doivent parvenir aux organisateurs pour publication au plus tard le 30 mars 2013. Les actes du colloque seront publiés par la faculté des lettres et langues de l’université Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou. Les consignes de rédaction seront communiquées ultérieurement.