Le Midi Libre - Culture - Deux talents à l’unisson
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Souad Massi et Eric Fernandez à Tlemcen
Deux talents à l’unisson
3 Janvier 2013

Souad Massi et Eric Fernandez unissent leurs talents pour une soirée généreuse, sensible et ouverte sur le monde le samedi 16 février prochain au Palais de la culture de Tlemcen.



Ils ont en commun la passion de la musique et le goût du métissage. Elle, chanteuse à la voix d’or et au talent étincelant. Lui, guitariste à la virtuosité rare et aux compositions électriques. Ensemble, ils forment un duo exceptionnel à découvrir...
Une création aux sonorités métissées faisant renaître Cordoue la tolérante de l’Espagne médiévale, lorsque les religions et les cultures cohabitaient en toute intelligence, dans un esprit de dialogue, de paix et d’enrichissement mutuel.
Parmi les nombreux musiciens avec lesquels Eric Fernandez a joué, c’est elle qui l’a le plus marqué : «Nous nous sommes rencontrés en Algérie, avant la sortie de son premier album. Ça a été une très belle rencontre, c’est une femme très engagée aussi.»
Aujourd’hui artiste phare de la nouvelle génération algérienne, Souad Massi s’inspire de son vécu et notamment de l’exil pour écrire sur la nostalgie, la liberté et l’espoir. Avec justesse et lucidité, elle propose des textes humanistes, sensibles et poétiques. Sa voix douce et pure explore avec la même aisance la pop, le folk-rock, le Chaâbbi ou encore la musique arabo-andalouse. Un éclectisme qui fait écho au parcours artistique d’Eric Fernandez, reconnu pour sa musique andalouse inspirée du monde entier. Guitariste de génie, il honore et perpétue l’âme flamenca, déjà riche des multiples influences culturelles rencontrées par les Gitans pendant leurs voyages. Sa virtuosité est comme une offrande à la musique du monde et à ses origines gitanes andalouses. Accompagnés de sept musiciens et d’un danseur, Eric Fernandez et Souad Massi unissent leur talent pour des soirées généreuses, sensibles et ouvertes sur le monde, de par tout le continent.
On dit d’elle que c’est la Tracy Chapman du Maghreb. Loin de la vague déferlante du raï, Souad Massi, guitare en bandoulière, inspiration folk, apporte un son nouveau à la musique algérienne.
Souad Massi naît le 23 août 1972 à Bab el-Oued, dans le quartier de Saint-Eugène d’Alger. Issue d’une famille modeste de six enfants, son père travaille à la Compagnie des eaux et écoute la musique traditionnelle algéroise, sa mère plutôt Brel et James Brown. Ses oncles sont jazzmen, ses frères musiciens. La petite Souad découvre d’abord les chansons du maître du chaâbi El Hachemi Guerouabi. Puis vient le rock, dont ses cousins sont fervents et la musique américaine, le r’n’b et la pop qu’elle découvre au gré des passages à la radio. Naturellement têtue et rebelle, c’est alors un vrai garçon manqué et elle préfére jouer au football avec ses camarades que de s’occuper de tâches ménagères.
Son frère aîné, qui est compositeur, va l’inscrire à l’association de l’Ecole des beaux-arts d’Alger pour y apprendre la guitare pendant trois ans. Elle suit des études de musique classique, de solfège et de musique arabo-andalouse. Ces années d’études lui apprennent la rigueur des compositions et le sens de l’instrumentation juste. Un ami qui possède une collection de vieux disques country des années 40 lui fait alors découvrir cette musique et elle va s’inspirer de la reine de la country music des années 80, Emmylou Harris, pour parfaire son style.
En 1989, elle commence par arpenter les scènes, guitare à l’épaule. Parrallèlement, elle accompagne le groupe de flamenco Triana d’Alger avec lequel elle fait des spectacles et des apparitions à la Télévision algérienne. Mais dans ces années noires de l’Algérie (94-96), rien n’est facile pour les artistes avec le couvre-feu, moins de lieux pour se produire et les salles de spectacles qui ferment les unes après les autres. Souad est alors découragée et prête à abandonner sa carrière.Heureusement, ayant suivi les conseils de sa mère, elle a passé son bac et obtenu un diplôme d’Etat en urbanisme. Elle commence à travailler dans un bureau d’études d’urbanisme tout en écrivant et composant ses propres chansons, des poèmes d’amour souvent tristes.
Elle qui adore le folk, la country, Kenny Rogers et Stevie Wonder est contactée par le groupe de rock algérois, tendance hard, Atakor. En pleine crise d’adolescence, elle devient la guitariste égérie du groupe, découvre AC/DC et Metallica, apprend le rock, la pop et joue dans les festivals. Le groupe sort une première cassette en 1997 qui atteint des records de ventes. Ce passage dans Atakor sera la thérapie dont Souad a besoin pour revenir à ses premiers amours musicaux.Mais les affaires se compliquent pour Souad qui n’arrive pas à concilier vie professionnelle (elle continue de travailler dans son cabinet d’urbanisme) et carrière artistique. Elle décide, donc, de quitter sa carrière d’ingénieur.
En 1998, Souad sort sa première cassette au titre éponyme sur le marché algérien qui renferme six titres où elle revient à la country music. Cette cassette est une œuvre intimiste, à l’ambiance très folk et d’où se dégage le titre Bye Bye My Love aux couleurs des… bayous de la Louisiane, ballade country de haut vol chantée en arabe et anglais. Une vraie première en Algérie pour ce style de musique.
En pleine vague de jeel music (pop orientale), Souad Massi fait preuve d’une originalité qui étonne, n’hésitant pas à pasticher le célèbre "Crocodile Rock" d’Elton John et à mettre une touche de flamenco de ses débuts dans un Tequiero (Je t’aime) à l’ambiance calypso-salsa. Auteur de ses textes, compositeur de ses chansons, Souad est toute étonnée d’attirer parmi son nouveau public des quadragénaires amateurs de protest songs et qui avaient découvert Joan Baez dans les années 70 lors de sa visite dans l’Algérie socialiste.
En janvier 1999, lorsqu’elle est invitée à Paris pour participer à un festival intitulé Femmes d’Algérie, Souad Massi ne sait pas que son destin est en train de basculer. Cette première édition de ce festival parisien se déroule dans l’ambiance festive du Ramadhan. Des artistes venus de toutes les régions d’Algérie se retrouvent pour chanter et militer contre l’intégrisme. Le répertoire et le charisme de Souad font un tel tabac que ses qualités arrivent aux oreilles du directeur artistique d’un des labels d’Universal Music (Island-Mercury) qui n’hésite pas à signer avec cette jeune inconnue pour la réalisation d’un premier album.
Après deux années de maturation, Raoui (Le conteur) sort en mars 2001, objet musical tout en douceurs et inquiétudes, enraciné dans les tourments de l’Algérie et les plaisirs mélodiques de l’Occident. En quinze jours, elle enregistre dans les conditions du live ce premier album avec la complicité du producteur Bob Coke qui a, notamment, travaillé avec Ben Harper. Naviguant entre rock et traditions, cet album révèle au grand public une artiste qui aborde des styles aussi éloignés que le chaâbi et le folk rock américain, mélangeant instruments électriques et acoustiques aux mélopées qu’elle chante de sa voix pure et bouleversante.
Dès les premières notes de Raoui, la chanson qui offre son titre à l’album, Souad Massi nous emporte dans son orientalisme si désorientant, comme le dit son amie tunisienne Amina. Mais on trouve aussi des effluves de reggae dans Khsara Aalik, des parfums des îles du Cap-Vert dans Hayati, des épices de raggamuffin dans Denya, comme la beauté d’une ballade chantée en français J’ai pas le temps que n’aurait pas renié Françoise Hardy.
Après ce premier album, Souad Massi écume les scènes de l’Hexagone, enchaînant les premières parties (Idir, Saez, Orchestre national de Barbès, Geoffrey Oryema), donnant plus de 200 concerts. D’ailleurs, après avoir fait salle comble à La Cigale de Paris, elle se retrouve six mois plus tard en vedette à l’Olympia.
Avec plus de 80.000 exemplaires vendus, ce premier opus réalisé en Europe est une véritable réussite et le talent de Souad est reconnu puisqu’elle reçoit en 2002 le Prix de la Chanson étrangère décerné par l’Académie Charles-Cros ainsi que le Prix du Haut Conseil de la francophonie pour son album Raoui.
Pour se faire connaître auprès d’un plus large public, sa maison de disques l’incite à enregistrer des duos avec des artistes de son catalogue. Le premier est enregistré en 2001 avec Marc Lavoine sur le titre Paris de son album éponyme, un des grands succès de l’année 2002. Souad enregistre ensuite avec Ismaël Lô une reprise fort réussie de Noir et Blanc de Bernard Lavilliers. Puis, elle reprend avec Florent Pagny Savoir aimer, sur son album-compilation 2 dans lequel il réinterprète ses grands succès avec les plus jolies voix du moment.
Deb, qui devait s’intituler initialement Moudja, sort en France le 25 mars 2003. Ce deuxième album est un mélange des univers musicaux qui ont baigné sa carrière. Musique arabo-andalouse, chaâbi, rock, folk sont toujours présents, mais Souad modernise cette fois-ci sa "world music" et cet album devrait lui permettre une véritable reconnaissance internationale, notamment dans les pays anglo-saxons où Raoui, son premier album a été très bien accueilli.
Souad Massi entame dès le début mars une grande tournée française qui passe le 30 avril à l’Olympia, avant qu’elle ne reprenne la route jusqu’à la fin de l’année pour une tournée qui, outre l’Hexagone, passe par le Cameroun, le Soudan, la Hongrie, la Pologne, l’Espagne, le Canada et les Etats-Unis.
Deb est en 2003 l’album de "world music" le plus vendu en France, et il est nominé aux Victoires de la Musique 2004 dans la catégorie Meilleur album world. Alors que dans l’Hexagone, sa renommée n’est plus à faire, Souad Massi repart en février 2004 écumer les pays du monde entier : les pays d’Europe occidentale (Italie, Allemagne, Belgique, Espagne, Portugal…), puis l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Dans les pays anglo-saxons, la critique qualifie sa musique à la croisée des chemins entre musique algérienne et chanson française. La présence sur son album de collaborations et de rythmes africains incite même certains commentateurs à voir en Souad Massi un symbole de ce que peut être le melting pot parisien.Lors d’une escale en Tunisie, Souad l’exilée retrouve un peu des sensations de sa jeunesse algérienne. De retour en France, la nostalgie qui ne l’a jamais quitté ressort au grand jour, l’artiste décide d’en faire le thème central de son troisième album. Celui-ci s’appelle alors Mesk Elil, l’odeur du chèvrefeuille, cette plante méditerranéenne qui, au printemps, révèle au promeneur son odeur subtile.
Elle y parle de la maison de son grand-père dans Dar dgedi, de son frère resté au pays pour s’occuper des charges de la famille (Ilham), de ce que peuvent ressentir deux anciens amants lorsqu’ils se revoient (Denya Wezmen). Cet album est aussi traversé par la douleur de l’exil et de l’éloignement comme sur le raï de Khalouni, ou encore avec la chanson Kilyoum. Mais cet album est aussi le fruit de cet exil, et des rencontres qu’il a rendu possible : ainsi Kilyoum est un chaâbi algérois métissé de morna capverdienne. On retrouve sur cet album les voix de Daby Touré, Manu Katché et Pascal Danae. Le grand percussionniste Mino Cinelu et le guitariste de Salif Keïta, Djely Moussa Kouyaté ont aussi participé à cet album.
Mesk Elil se démarque alors des précédents opus par un environnement musical beaucoup plus riche et ouvert sur le monde que Souad Massi n’a pas cessé de parcourir ces dernières années. Souad se produit le 21 novembre au Casino de Paris. Puis débute une tournée au début de l’année suivante.
En 2006, Souad Massi décroche la Victoire de la musique du meilleur album dans la catégorie Musiques du monde. En 2007, elle revisite son répertoire en version acoustique lors de plusieurs concerts qu’elle capte pour enregistrer un premier disque live et intimiste nommé Acoustic : The Best of Souad Massi.
Son quatrième album studio paraît en novembre 2010. Surprise, il a été réalisé sous la houlette de Francis Cabrel et de son fidèle guitariste et producteur Michel Françoise. Ô Houria marque une évolution dans les choix artistiques de la "folkeuse algérienne" : la plupart des chansons est chantée en français, pour remercier ses fans qui ne parlent pas arabe, explique alors Souad Massi. Elle et le chanteur de Je l’aime à mourir s’offrent un duo franco-arabe : Tout reste à faire, hymne à l’amitié entre les peuples coécrit et interprété par les deux artistes.
Souad Massi emporte cet album tout en guitares acoustiques et en pureté vocale sur scène dès le 9 novembre 2010 à la Cigale puis en tournée française et internationale en 2011 (avec, notamment, des dates en Jordanie, en Palestine et au Liban.

Par : Kahina Hammaoudi

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