Avant-hier lundi, ils étaient des dizaines de milliers de fans de Matoub Lounès à faire le déplacement vers le village natal du Rebelle, Taourirt Moussa, afin de prendre part à la commémoration du quatorzième anniversaire de l’assassinat de l’enfant adulé de Kabylie.
Des bus, des fourgons de transport et des voitures immatriculées à Béjaïa, Tizi-Ouzou et Bouira n’ont pas cessé de converger vers Taourirt Moussa qui s’est avéré, encore une fois, trop exigu pour accueillir autant de monde en une journée. Il a fallu la mobilisation de plusieurs dizaines de jeunes du village, afin que la foule nombreuse soit canalisée. Le quatorzième anniversaire de l’assassinat de Matoub Lounès a, encore une fois, été marqué par beaucoup d’émotion. Des centaines de gerbes de fleurs ont été déposées sur la tombe de Lounès. Des jeunes se bousculaient pour prendre des photos à côté de la tombe du Rebelle mais aussi près de ses portraits géants qui ornaient les quatre coins du village et l’école primaire de Taourirt Moussa.
Parallèlement à ces activités, Nordine Medrouk, secrétaire général de la fondation Matoub- Lounès, a animé une conférence de presse en présence d’un nombre important de journalistes, venus du chef-lieu de wilaya, pour la couverture de l’événement. Comme il fallait s’y attendre, le point de presse a eu trait à l’assassinat du chanteur. « Quatorze ans après l’assassinat de Lounès, nous avons tous compris que la justice a été absente dans cette affaire », a souligné d’emblée Nordine Medrouk qui milite au sein de cette fondation depuis plus de dix ans. L’orateur a déploré l’absence d’une étude balistique et d’une reconstitution des faits dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de Matoub. L’intervenant a également rappelé qu’aucune audition des témoins et acteurs de cette tragédie n’a été effectuée par les services concernés au niveau de la justice.
« Deux inculpés alibis ont été condamnés pour participation au meurtre lors d’une parodie de justice à Tizi-Ouzou le 18 juillet 2011, jour de la fermeture de l’année judiciaire », a encore rappelé Nordine Medrouk. Ce dernier a enchaîné : « La presse de l’époque a si bien dénoncé cette mascarade inconnue dans les annales judiciaires. Aujourd’hui, les deux inculpés alibis sont en liberté et on espère des révélations de leur part sur les tenants et aboutissants de leur incarcération y compris de la part de leur comité de soutien et Amnesty international qui ont fait de la tenue du procès leur cheval de bataille des mois durant ». L’orateur a précisé que l’attentat a été commis par des personnes parfaitement renseignées, entraînées et maîtrisant l’usage d’une arme d’assaut automatique, ce qui leur a permis de focaliser la concentration du tir sur leur cible ne blessant aucun des autres passagers. Enfin, l’intervenant a interpellé au nom de la fondation Matoub-Lounès les autorités judiciaires pour rouvrir le dossier Matoub dans les plus bref délais « sinon, nous n’hésiterons pas à saisir les instances internationales avec un dossier clair et précis ». Il y a lieu de souligner qu’en novembre 2011, la sœur de Matoub, Malika, a fait appel à deux experts français qui ont effectué le déplacement vers Ath Douala où ils ont réalisé une étude balistique et une reconstitution des faits. Les conclusions de cette expertise sont détenues par la fondation, pour l’instant.