Après son passage au Musée des beaux-arts d’Alger, la préhistorienne Nagète Aïn Seba sera présente aujourd’hui, à partir de 18 h, au Centre d’études diocésain Les Glycines à Alger-Centre pour y animer une conférence-débat autour du thème générique : «Pour une approche stylistique de l’art préhistorique saharien».
Madame Aïn Seba donne d’ores et déjà le cheminement méthodologique de son intervention dans la présentation. Ainsi, elle annonce que sa conférence abordera les manifestations préhistoriques des régions sahariennes sous un angle stylistique, en tenant compte «de l’évolution des modes de vie, de l’environnement et, par conséquent, de l’iconographie privilégiée. Art gravé, peint, sculpté, art naturaliste, symbolique, stylisé, schématique, les expressions en sont multiples et variées, ce que tentera de restituer la sélection des images présentées».
Afin d’illustrer l’évolution des modes de vie et de l’environnement saharien, Mme Aïn Seba appuiera sur la classification d’Henry Lhote (préhistorien français qui a découvert les vestiges du Tassili).
Cette classification commence par l’art bubalin. Se manifestant majoritairement sous forme de gravures, le Bubalin tourne autour de la représentation du bubale (buffle préhistorique) et d’animaux tropicaux (hippopotames et rhinocéros) qui vivaient dans la région.
Moins célèbres que les figurations du Tassili, les gravures du Sud-oranais font cependant l’objet d’études dès 1863. Les travaux les plus importants sont, notamment, dus à A. Pomel (de 1893 à 1898), Stéphane Gsell (de 1901 à 1927), G. B. M. Flamand (de 1892 à 1921), L. Frobenius et Hugo Obermaier (en 1925), l’Abbé Henri Breuil (de 1931 à 1957), L. Joleaud (de 1918 à 1938), R. Vaufrey (de 1935 à 1955).
En 1955 et 1964, Henri Lhote effectue des séjours de plusieurs mois dans la région qui lui permettent de compléter les recherches précédentes, d’ajouter des centaines de descriptions nouvelles et de publier en 1970 les gravures rupestres du Sud-oranais dans la série des «Mémoires du Centre de recherches anthropologiques préhistoriques et ethnographiques» (CRAPE) dirigé à Alger par Mouloud Mammeri (Arts et Métiers graphiques, Paris, 210 pages et reproductions photographiques), une part notable de l’ouvrage se trouvant plus particulièrement consacrée aux gravures de la région d’El-Bayadh. Pour Henri Lhote, la région du Sud-oranais constitue l’un des «trois grands centres d’art d’époque bubaline» avec le Tassili («Oued Djerat») et le Fezzan.
Dans cet ouvrage, Lhote rapporte qu’un foyer se trouvant à la Station du Méandre, près de Brézina, a été daté de 3900 av. J. C., sans que ce chiffre puisse «être rapporté à une catégorie déterminée des gravures qui ornent les parois de la station». Les plus anciennes de ces gravures, par ailleurs, présentent de nombreuses affinités avec celles du Tassili pour lesquelles il propose le chiffre minimum de vers – 5000. Il y donc a lieu, selon lui, de l’«adopter aussi pour le Sud-oranais jusqu’à meilleure information».
Henri Lhote distingue sept ensembles dans l’art pariétal du Sud-oranais : Les grandes gravures de style naturaliste monumental ou étage bubalin de grandes dimensions ; Les petites gravures de style naturaliste ou étage bubalin de petites dimensions ; Les gravures de style sub-naturaliste ou étage bubalin décadent ; Les gravures de style sub-naturaliste des pasteurs ou étage bovidien ; Les gravures des chars schématiques ; les gravures libyco-berbères ; les gravures modernes arabo-berbères.
Enfin pour cette conférence, les participants découvriront les nouveau travaux de Nagète Aïn-Seba qui est actuellement maître de conférence en préhistoire à l’Institut d’Archéologie de l’Université d’Alger 2. Docteur en préhistoire, elle a soutenu sa thèse en 2001 sous le titre «Les gravures du djebel Serkout : contribution à la préhistoire de l’Ahaggar». Elle est membre du comité scientifique de la revue Ikosim, revue algérienne spécialisée dans le patrimoine.