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L’IMA fête le cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie
La culture en vert, rouge et blanc
27 Mai 2012

Le cinquantième anniversaire de l’Indépendance de l’Algérie est incontestablement l’événement qui marque les activités culturelles de cette année. Reste que cet événement tant attendu n’est pas seulement célébré par l’Algérie mais à travers divers pays dans le monde grâce à l’initiative de plusieurs institutions culturelles publiques ou privées. C’est dans le sillage de la célébration de cet événement que l’Institut du monde arabe (IMA) a tenu à marquer par un programme véritablement riche un nombre infini d’activités qui est consacré au 50e anniversaire du recouvrement de la souveraineté algérienne.

Pour ce faire, l’IMA annonce un programme divers composé de projections cinématographiques, de représentations théâtrales, de festivals divers, de concerts musicaux, d’expositions picturales et artistiques, de colloques avec des conférenciers de renoms (historiens, sociologues, politologues…)… en collaboration, pour quelques manifestations, avec d’autre organismes, à l’instar de l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), le Maghreb des Films, France Télévisions…
Cette célébration va commencer avec un cycle humour à l’algérienne, du 1er au 3 juin. Au cours de trois soirées, ce cycle dévoilera quelques facettes de l’humour algérien, voire franco-algérien, à travers les prestations de cinq humoristes : Farid Chamekh, Nawell Madani, Mohamed Nouar, Biyouna et Le Comte de Bouderbala.
Puis du 8 au 16 juin, il y aura la 13e édition du festival de musique de l’IMA qui sera également dédié au cinquantième anniversaire de l’Indépendance.
Marquées par les influences berbères, arabes, ottomanes, noires africaines et occidentales, les musiques de ce pays ont hérité d’un trésor poétique, mélodique et rythmique, issu de grandes traditions urbaines et rurales, sacrées et profanes. La variété des styles est ce qui caractérise le mieux le foisonnement des instruments, ainsi que la profusion des modes et des compositions musicales, anciennes ou modernes, dans cet immense territoire qu’est l’Algérie.
Aujourd’hui, bien des artistes algériens revisitent, avec dextérité, le legs savant ou populaire des ancêtres. Mélodique et modale, la musique andalouse se perpétue grâce à une tradition orale transmise par des maîtres au sein d’ensembles prolifiques et d’associations de passionnés de ce genre. Cette tradition est dispensée par trois grandes écoles : celle d’Alger avec la sanâa issue de Cordoue, celle de Tlemcen avec le gharnati de Grenade et enfin le malouf de Constantine venu de Séville. Cet art arabo-andalous féconde d’autres styles plus populaires, exprimés en arabe dialectal, et bien affectionnés par les Algériens d’aujourd’hui, tels le hawzi qui dérive du gharnati, l’âroubi et depuis les années 1940 le chaâbi, en partie issu de la sanâa, et le mahjouz venant du malouf. Mais dans ce foisonnement, on retrouve également d’autres expressions populaires liées au monde citadin comme le raï actuel, ou au terroir tels l’achwwiq kabyle, au Sahara, l’ahellil de Timimoun et le tindé de l’Ahaggar, la musique du diwan, le gnawi, ou encore le chant bédoui dans l’ouest algérien, etc.
Les ensembles musicaux invités par l’IMA, en partenariat avec l’AARC (Agence algérienne pour le rayonnement culturel) présenteront une partie de cette richesse artistique, oscillant entre la tradition la plus fidèle à l’héritage et une musique moderne audacieuse, ouverte sur le monde contemporain, toujours soucieuse de dialoguer avec les sonorités ancestrales.

Les designers algériens
à l’honneur
Les designers algériens seront au rendez-vous avec une exposition qui se déroulera du 12 au 16 septembre à L’IMA. Organisée conjointement par l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel et l’Institut du monde arabe, cette exposition présente les œuvres de vingt-quatre artistes – 12 femmes et 12 hommes – appartenant à la nouvelle génération des designers algériens. Chacun d’entre eux élabore un univers personnel dans lequel chaque objet présenté nous plonge à la fois dans le passé – réel ou fictif, de l’artiste – et nous projette dans la modernité par sa construction, son ergonomie, son esthétique, sa quête du confort…
Toujours à la recherche de formes nouvelles, ces jeunes artistes réinvestissent des formes oubliées ou inédites. Sans renier pour autant les origines de leurs créateurs, ces objets de tous les jours s’inspirent aussi bien des formes de Starck que de celles de Brancusi. Ils s’enrichissent aussi bien de matériaux primitifs que de matières ultra modernes, exaltent des lignes épurées et nous entretiennent de retour aux sources.
Avec beaucoup de subtilité, la jonction entre la tradition et l’avant-garde s’accomplit ainsi au sein d’une culture algérienne restée bien vivante comme en témoignent ces objets et ces meubles : le porte-mashaf de Chafika Aït Oudia, les tajines de Samia Merzouk, les consoles de Souad Delmi Bouras ou de Salima Aïssaoui-Djelal, le fauteuil «Kalam» de Réda Selmi, pour n’en citer que quelques-uns…

L’Algérie en image
«L’Algérie en images», tel est le titre donné pour des projections cinématographiques concoctées en cette occasion. Le Maghreb des Films, France Télévisions, l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel et l’Institut du monde arabe s’associent pour proposer au public une riche programmation de films, qui seront projetés à l’IMA à Paris. Cette programmation porte sur la période coloniale, la guerre d’Algérie et la production algérienne des années 60 aux années 80. Elle comprend aussi des documentaires récents qui sont autant de témoignages insolites et émouvants. Intitulé «L’Algérie en images» et organisé dans le cadre de Ciné IMA, le programme de l’Institut du monde arabe se déroule pendant quatre jours consécutifs, du 22 au 25 juin 2012. Il comprend 8 films qui seront projetés à l’auditorium de l’IMA : 3 fictions ainsi que 5 documentaires coproduits par des chaînes de France Télévisions. Le programme se poursuit avec d’autres films du 29 juin au 8 juillet 2012 au cinéma Les 3 Luxembourg sur le thème : «De la colonisation à l’Indépendance – naissance d’une nation».
Numéros spéciaux
pour l’Algérie
Enfin, les deux revues de l’IMA, Qantara 83 et A Al-Moukhtarat 74 sont consacrées essentiellement à la célébration du Cinquantième anniversaire de l’Algérie. Vous pourrez d’ores et déjà avoir un aperçu des contenus de ces numéro puisque la revue Qantara a choisi de faire de ce numéro un dossier spécial autour de «Les Algériens. 50 ans après» quant à la revue pédagogique pour l’apprentissage de la langue arabe, Al-Moukhtarat consacre ce numéro à la culture, l’histoire et la littérature de l’Algérie. «Les célébrations ne sont pas encore terminées que l’on se demande déjà ce qu’a pu signifier le nombre cinquante apposé sur les innombrables affiches et programmes de ce premier trimestre 2012. Plus précisément, de quel cinquantenaire parle-t-on au juste ?? Celui de la fin de la Guerre d’Algérie, ou celui de l’Algérie indépendante qui vient d’avoir cinquante ans ?? Celui des Algériens d’Algérie ou celui des Franco-Algériens, si nombreux et si divers en même temps ?? L’impression prévaut d’une prédominance du thème de la guerre dans la remémoration. Nulle surprise à cela d’ailleurs, car la résurgence du passé douloureux se produit toujours après un temps plus ou moins long, comme nous l’apprennent les historiens. Et les dispositions juridiques ne pourront rien contre le rappel brutal des faits qu’un anniversaire ou un fait politique provoqueront ? encore moins les discours lénifiants destinés à réconcilier tout le monde dans l’amnésie partagée», lit-on dans l’éditorial de la revue Qantara qui a repris l’écrit de Mohamed Dib.

Par : Kahina Hammoudi

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