Il y a de ces artistes qui portent haut leurs pays respectifs, qui ont cette dure responsabilité d’être le porte-parole de tout un peuple à travers la musique. Joan Baez, Miryam Makeba, Tinariwen… faisant partie de l’ancienne génération, sont des exemples concrets de ces combats. Ces derniers ont inspiré une nouvelle génération de musiciens ; le trio Joubran, Emel Mathlouthi… ou encore Hosam Eliwat. Ce dernier, luthiste (oûd) palestinien, a partagé avec nous son jeune mais prometteur parcours.
Vinyculture : Hosam Eliwat, jeune compositeur et joueur d’oud palestinien avec un avenir plus que prometteur, mais comment pourrait-il se présenter au public algérien ?
Hosam Eliwat :Comme tu l’as dit, je suis un musicien et compositeur de 21 ans originaire de Jérusalem. Autodidacte j’ai commencé la musique à l’âge de 11 ans et depuis, elle occupe une grande partie dans ma vie. Je travaille et j’essaie de m’améliorer en permanence…
Perfectionniste ?
Ce n’est pas vraiment le terme, la perfection ne peut être atteinte, mais j’essaie de travailler au maximum pour combler mes défauts et tirer le meilleur de moi-même car on apprend toute sa vie, et se dire qu’on est arrivé au top, c’est cesser de progresser. Et c’est quelque chose que je refuse car je veux aller de l’avant et m’améliorer en côtoyant d’autres artistes et apprendre de leurs expérience.
Comme ce fut le cas en jouant avec le trio Joubran, Simon Shahin, ou encore Marcel Khalifé…
Je n’ai pas fait de scènes avec eux, mais on a joué ensemble en privé et j’ai vraiment appris un tas de choses, et surtout j’ai eu le soutien de ces grands artistes. Ils ont cru en moi et en mon talent et m’ont soutenu et poussé à aller jusqu’au bout de mon rêve et poursuivre mon aventure musicale.
Revenons à ta musique, on peut la classer dans la musique arabe contemporaine ou un peu dans la fusion des musiques arabes avec une touche de modernité, mais comment Hosam définit-il sa musique ?
En réalité, je compose au feeling, je joue ce que je ressens au fond de moi, mais étant un mordu de flamenco depuis mon plus jeune âge, ma musique, c’est un peu un mélange entre la musique arabe, palestinienne et le flamenco. Mais après ma collaboration avec le percussionniste David Bruley, une nouvelle saveur est venue s’ajouter à mon univers musical qui est la musique Iranienne, ainsi nous travaillons à créer une fusion de tout cela.
Mais pourquoi l’oûd ? Ce n’est pas un instrument qui intéresse tellement la nouvelle génération, alors pourquoi l’avoir choisi ?
Tout est venu naturellement ! J’avais cette envie de devenir musicien, quelque chose en moi me poussait à le faire, et c’était de même pour l’oud, et sans pouvoir l’expliquer j’ai aimé cet instrument du coup c’est devenu mon instrument.
Installé depuis peu à Paris, cet exil a été un véritable coup de pousse dans ta carrière, vu que tu enchaînes les scènes en France, mais pourquoi avoir choisi Paris ?
En vérité c’était un second choix, car au début je voulais suivre des études de musique à Boston aux Etats Unis mais c’est tombé à l’eau, alors je me suis installé à Paris et ça s’annonce plutôt pas mal, j’ai rencontré beaucoup de musiciens venus d’horizons différents, j’y ai aussi rencontré les musiciens avec qui je travaille. J’ai eu aussi pas mal de scènes de France, et ça pourrait aussi booster ma carrière, comme c’était le cas pour beaucoup d’artistes avant moi.
En parlant de rencontres, tu as eu la chance de te produire dans plusieurs pays et rencontré de grands artistes, mais s’il y a un moment vécu qui t’a vraiment marqué, un moment que tu n’oublieras jamais, ça serait lequel ?
Je vis et revis un moment extraordinaire, à chaque fois que je suis sur scène. Ce qui me touche le plus c’est de voir le bonheur et la satisfaction du public qui en redemande. Je ne crois pas qu’il y ait plus grande satisfaction pour un artiste.
Des moments mémorables, aux artistes mémorables, il doit sûrement y avoir un artiste ou un musicien que tu admires le plus…
Pour moi, les artistes qui m’ont le plus marqué, c’est les frères Joubran, en plus d’être de grands musiciens, ce sont des personnes extraordinaires qui m’ont vraiment soutenu et encouragé et j’ai surtout appris beaucoup de choses grâce à eux. En plus d’être une source d’inspiration pour moi en tant que musicien, c’est aussi mes amis, mes meilleurs amis.
Un Album en vue ?
C’est en projet, j’y travaille déjà. On est à la recherche d’un studio et si tout va comme prévu l’album verra le jour l’année prochaine Inshallah.
Etant un enfant de la Palestine, que penses-tu pouvoir apporter à la cause palestinienne à travers ta musique ?
C’est une lourde responsabilité de représenter la Palestine, je fais de mon mieux pour bien le faire, et transmettre une belle image de mon pays, à travers une belle musique, le faire connaitre à travers le monde. Mais je préfère être vu tout d’abord comme Hosam Eliwat, le musicien plutôt que le palestinien.
Que connais-tu de l’Algérie, et surtout de la musique algérienne ?
Je ne connais pas vraiment le pays, même si j’ai de nombreux amis algériens et je sais qu’il y a une grande communauté palestinienne en Algérie, mais c’est un pays que j’aimerai visiter et pourquoi ne pas me produire là-bas, même si je sais que je n’ai pas beaucoup de fans (rires).
Pour conclure, comment Hosam voit-il son avenir musical ?
Je ne suis pas du genre à parler de l’avenir encore moins y penser, je vis l’instant présent et je fais tout pour un avenir meilleur, et on verra par la suite ce qu’il m’apportera.
Ce fut un plaisir de te parler Hosam, merci infiniment de nous avoir accordé du temps pour cette interview.
Plaisir partagé, Merci à toi.