Le Midi Libre - Culture - Quel avenir pour la musique en Algérie ?
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Quel avenir pour la musique en Algérie ?
10 Mars 2012

L’Algérie est un pays doté d’une culture musicale très vaste et très riche. Notre pays a vu naître, durant plusieurs générations, des styles musicaux différents, mais qu’une seule chose unit : « l’algérianité ».

La tradition à l’honneur
Parmi les styles algériens, on peut trouver la musique classique arabo-andalouse qui se divise en trois majeures parties : Le gharnati, issu de la grande école de Tlemcen, la ça’ nâa -qui est une forme algéroise de la musique andalouse, et enfin le maâlouf qui représente le répertoire andalou de l’Est algérien en général et Constantine en particulier. Vous noterez que chaque région (Est, Centre et Ouest) possède son propre style d’arabo-andalou. L’on peut également citer, la musique judéo-arabo andalouse, qu’un certain Lili Boniche
-qui n’est plus à présenter- a exporté de l’autre côté de la Méditerranée.
Outre la musique classique algérienne citée, on trouve la musique populaire citadine, qui englobe des styles bien connus des Algériens, à savoir le chaâbi, le haouzi, et le mahdjouz.
La musique raï, quant à elle, a vu le jour dans l’Oranie au début du XXème siècle. Le terme « raï » signifie
« avis » ou opinion : c’est à la base les paroles du cheikh, poète de la tradition wahrani dites sous forme de poèmes en dialecte local. Avec le temps, cette tradition a disparu laissant place à un contexte de complainte populaire dans laquelle le chanteur se plaint de ses malheurs et pour n’accuser personne, il s’accuse lui-même en accusant sa raison. Les chants commencent majoritairement par « Ya Raï » (ô mon discernement) et sont, pour la plupart du temps, une succession de phrases dépourvues de sens qui tournent en boucle.
Pour ce qui est des autres styles algériens, les musiques berbères sont toutes aussi populaires, et par musique berbère, on parle évidemment de musique kabyle, chaouie, touareg et autres qui sont chantées dans la langue berbère (amazigh). La musique kabyle qui fût connue d’antan par des divas et des maîtres, à l’image de Taous Amrouche, Chrifa, Slimane Azem… qui s’est vue modernisée par Lounis Ait Menguellet, Cherif Kheddam, Matoub Lounès… et qui est devenue universelle grâce à Idir qui a pour sa part inspiré, toute une nouvelle génération de musiciens : Haffyd H., Akli D., Iness Mezel…
La musique chaouie connait un large panel d’artistes qui ont gardé leur trace et qui ont fait que ce chant devienne l’image de marque de la région ; grâce aux Katchou, Houria Aichi... Quant à la musique touaregue, elle fût longtemps délaissée par les autorités mais heureusement, ces dernières années, elle commence à revivre de par l’intérêt que lui porte sur elle toute une jeunesse avide de découverte.
Dans le sud-ouest et le nord-ouest du pays, la musique diwane ; qui est la forme algérienne de la musique gnawie, connait un certain succès. La région de Debdaba ; dans la wilaya de Béchar, la région de l’Oranie (Sidi Bel-Abbès, Oran, Mascara) connaissent la plus grande concentration des gens du diwan (les initiés). Par ailleurs, et faut-il bien le noter, le diwan n’est pas forcement une musique ; ou plutôt un rituel, que l’on trouve seulement dans les régions de l’Ouest et du Sud. A une certaine époque, on pouvait trouver les sept maisons des sept confréries, à La Casbah d’Alger - quelques-unes s’y trouvent toujours - on trouve aussi un diwan à Blida, à Kolea et même à Constantine, une confrérie de Stambali (descendants de gnawa eux aussi) – Dar El Bahri Ousfan, qui reste la seule famille stambali connue en Algérie.
Dans le grand Sahara, l’on peut écouter le targui, l’imzad et le Tindi, à l’extrême sud et l’Ahellil dans la région du Gourara (Timimoune). À noter que depuis 2008, l’Ahellil est sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, inscrit par l’Unesco.

Un son avant-gardiste
Les styles cités précédemment restent la forme authentique de la musique traditionnelle algérienne, néanmoins, ce ne sont pas les seuls genres musicaux en Algérie. Effectivement, depuis les années 70, plusieurs nouveaux styles ont fait leur apparition ; on peut notamment citer le rock, avec des groupes formés à cette époque, tels que Turkish Blend, Abranis ou encore T34, ces derniers se sont forgés une réputation de légendes du rock en Algérie. La scène rock algérienne a ensuite commencé à se développer et les artistes commencèrent à explorer de nouveaux horizons. Jimmy Oihid par exemple, franco-algérien, a apporté sa touche d’originalité en ajoutant des sonorités reggae et blues à sa musique rock.
Vers les années 90, un nouveau style de rock, plus dur a fait son apparition, il s’agit du métal. Par la suite, la fibre artistique algérienne a commencé à explorer de nouveaux horizons, à l’image de Youcef Boukella avec son album Salam sorti en 1994, qui reste l’un des rares albums dignes de se nom en Algérie. La fusion s’est donc installée progressivement,
l’Orchestre national de Barbès, Cheikh Sidi Bémol-dont la musique s’inscrit dans un registre rock atypique, où la musique chaâbi, le blues et berbère ont leur place et se brassent, Djamel Laroussi, Karim Ziad ; qui reste l’un des musiciens à avoir eu un grand nombre de projets qui s’inscrivent dans cette identité « fusion » tout en gardant une certaine authenticité de la musique jouée…
Bien sûr, le rock n’est pas la seule musique « moderne » implantée en Algérie ! Effectivement, depuis plusieurs années, on a constaté l’apparition d’autres styles tels que la variété occidentale, le jazz algérien dont le groupe Sinouj fût un précurseur, s’en est suivi Madar, Iness Mezel, Haffyd.H… Le blues, le reggae mais aussi le rap. Le rap qui a d’ailleurs fait une ascension fulgurante dans le monde culturel en général et musical en particulier en Algérie dans le début de la décennie 2000. En effet, ce genre touche généralement les jeunes, qui, en Algérie, représentent la majorité de la population, d’où le franc succès du rap algérien.
Aujourd’hui, la nouvelle scène musicale algérienne est très peu prometteuse hélas… mais citons tout de même Indjez, Odaliq, Nadir Leghrib, Mehdi Elias Baba Ameur ou encore Cymbaline project, qui représentent pour nombre de mélomanes et de professionnels du domaine, l’avenir de la musique en Algérie.


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