L’association El Mawsili, établie à Paris, peut se vanter d’avoir révélé le talent de nombreux jeunes musiciens algériens installés en France, dans le chant et la musique arabo-andalous, ses animateurs s’étant fixés comme mission d’œuvrer à la découverte, l’enseignement, la transmission et la diffusion de ce patrimoine immatériel universel.
Conscients de la complexité de la tâche, les fondateurs de cette association ont, rapporte l’APS, surmonté de multiples obstacles pour arriver à ce résultat. En dépit des difficultés rencontrées et la faiblesse des moyens dont ils disposent, ils ont réussi à créer une équipe soudée et motivée pour apprendre aux jeunes cette musique universelle.
«Cette année 2012, nous fêtons le 21e anniversaire de notre association. En effet El Mawsili a vu le jour en 1991 à Saint-Denis (région parisienne), à l’initiative de Aziz Djemai qui en assure la présidence, d’Ahmed Adel le trésorier et de Farid Bensarsa, formateur et maître reconnu, de l’association El-Djazaira-El-Mossilia d’Alger créée en 1930 et qui en assure la direction artistique, a précisé à l’APS vendredi Ismaïl Deha, le secrétaire général de l’association.» Le nom d’El mawsili vient d’Isshaq El Mawsili musicien abbasside du 8e/9e siècle, originaire de la ville de Mossoul en Irak. Ce nom permet également de montrer la filiation avec l’école San’a dont l’association El Mossilia d’Alger est l’association la plus représentative, a-t-il précisé. M. Deha a cependant indiqué que des difficultés apparaissent dans l’enseignement de la musique arabo-andalouse, citant notamment la non maîtrise de la langue arabe par les jeunes élèves nés en France.
«Cela constitue un obstacle pour l’apprentissage des chants de la musique arabo-andalouse. Nous affrontons cette difficulté, par la mise en place de cours pour l’enseignement de cette langue destinés aux jeunes élèves. Ces cours souvent ludiques, sont intégrés aux cours de musique et permettent la compréhension des textes chantés et les valeurs qu’ils véhiculent», a-t-il dit. Il a également évoqué le manque de locaux qui entrave l’extension des acticités de l’association.
«Aujourd’hui, nous disposons de deux écoles publiques à Saint-Denis pour l’enseignement de la musique arabo-andalouse, et nous sommes très heureux de cela. Nous aimerions cependant donner des cours de musique tout au long de la semaine, le fait de ne pouvoir disposer des écoles que le samedi après-midi constitue une véritable contrainte à l’élargissement de nos activités», a regretté Ismaïl Deha.
Présent lors de l’entretien, Farid Bensarsa, Maitre en musique traditionnelle, et directeur de l’orchestre El Mawsili, a de son côté confirmé que la non maîtrise de la langue arabe constitue, entre autres, l’une des difficultés rencontrées par les animateurs de l’association.
«La perpétuation et la sauvegarde du patrimoine musical classique arabo-andalou par sa transmission aux jeunes et aux adultes est l’une des ambitions de l’association mais comme dans toute action de formation certaines difficultés apparaissent telles que la langue et la surcharge scolaire», a-t-il expliqué.
Soulignant les vertus de la musique dans la formation des générations? il a également relevé que «la musique et la méthode qui sont proposés aux jeunes les aident, entre autres, dans leur structuration et leur construction». «Les jeunes développent leurs capacités d’écoute et de mémorisation, affutent leurs sens de l’esthétique, consolident la confiance en soi et apprennent l’importance et les bienfaits des relations sociales par le travail en groupe (en orchestre)», a-t-il souligné.
«Ils viennent, en général, à l’initiative des parents puis s’accrochent, s’habituent, lient des amitiés et surtout se découvrent. Ils découvrent leurs propres aptitudes et leur capacité à +fabriquer de la musique+. Autant d’éléments valorisants et bénéfiques», a indiqué le directeur de l’orchestre de l’association El Mawsili, Maître Bensarsa. Aujourd’hui, les animateurs de l’orchestre El Mawsili ont pour ambition de créer une structure qui abriterait les activités de l’association et porterait le rayonnement de la musique arabo-andalouse en France. Centre de formation, de ressources et de recherches, ce projet comprendrait des salles de cours, une bibliothèque, un espace multimédia ainsi qu’une exposition permanente. Outre la formation, la vocation de ce centre serait tournée vers la diffusion de la musicologie arabo-andalouse.
Les animateurs de l’association El Mawsili ont ainsi prévu que Dar El Andalous serait ainsi une "institution avec des pôles multiples, dont l’échange, pour établir le dialogue avec d’autres formes de musique et lancer des programmes de partenariat avec des institutions nationales et internationales, à travers la recherche et la sauvegarde des témoignages sur l’histoire de la musique classique arabo- andalouse".
«Le projet Dar El Andalous, s’il est réalisé, nous permettra de créer une structure pérenne et de pouvoir travailler à la diffusion du patrimoine musical arabo-andalou sur une tout autre échelle», a fait valoir Maitre Bensarsa. «Notre ambition est faire de Dar El Andalous à la fois un centre de ressources, une véritable école de formation et un centre de recherche sur ce riche patrimoine universel», a-t-il souhaité. Farid Bensarsa, natif de la ville de Constantine est formé au Malouf. Il intègre la San’a d’Alger qu’il étudie auprès du Maitre Sid-Ahmed Serri d’El Djazaïria El Mossilia d’Alger dont il deviendra l’assistant. L’orchestre El Mawsili a à son actif de nombreuses prestations dont des concerts à l’Institut du monde arabe (IMA) et au siège de l’Unesco (Paris), ainsi qu’au siège de l’Onu à Genève (Suisse).
Il donne régulièrement, par ailleurs, des représentations lors de manifestations événementielles dans toute la France.