Comédien et cinéaste pas des moindres. Il est le contemporain des figures artistiques algériennes les plus remarquables, à l’instar de Rachid Ksentini, Sid Ali Fernandel, Mohamed Touri, Mustapha Kateb, Hassen El- Hassani, Mahieddine Bachtarzi et Abderrahmane Aziz. Son nom est le symbole de l’Histoire du théâtre algérien par excellence, d’autant qu’il l’a mis au service des causes de son peuple. Chose qu’il a transmis en recourant à la comédie et à l’ironie. Lui, c’est le grand et talentueux comédien, le défunt Rouiched.
Il est plus connu sous ce sobriquet, par rapport au grand comédien Rachid Ksentini (le grand Rachid), mais son vrai nom est Ahmed Ayad. Il est né en 1921 à la Casbah d’Alger, au sein d’une famille moyenne. Il fait ses premiers cours à l’école primaire El-Feth, à Soustara, dans la Haute Casbah. Vite, à l’âge de treize ans, il quitte les bancs de l’école à l’instar de ses camarades pour se consacrer à de petits métiers. Il a été teinturier puis vendeur de fruits et légumes pour subvenir aux besoins de sa famille.
Ahmed Ayad n’a pas été dans une école de théâtre pour apprendre les ficelles de cet art, mais il est autodidacte. Le talent de comédien chez Rouiched a été découvert par le célèbre homme de théâtre Mahmoud Stambouli et ce, vu les prédispositions qu’il avait pour le quatrième art. Sa première aventure dans le monde incertain du théâtre, il l’a faite dans la pièce Estrajaâ ya aâssi ou (reviens à toi Ô inconscient), de Abdelhamid Ababssa, et dans laquelle il joue un petit rôle. Cependant, aussi petit qu’il soit, ce rôle comique lui a valu les ovations du public, notamment la scène dans laquelle il cogne la tête au juge. Le public était émerveillé, d’autant que, à l’époque, le peuple algérien vivait les pires périodes du colonialisme.
Après cela, il rejoint plusieurs troupes théâtrales, dont celle de Mahiedine Bachtarzi, Mohamed Ghazi avec qui il joua L’idiot et les aventures de Bouzid l’immigré. La fermeture par les autorités coloniales de l’Opéra d’Alger n’a pas découragé notre artiste puisqu’il est vite orienté vers les sketchs à la radio en compagnie de Mohamed Touri et Sid-Ali Fernandel. C’est ainsi qu’il joua des rôles comme Hassan Terro, Hassan Nia, Hassan taxi. Ce sobriquet est d’ailleurs très répandu parmi les masses populaires.
Après l’indépendance, Rouiched rejoint la troupe du Théâtre national algérien où il a joué dans plusieurs œuvres. Son talent, dépassant toute imagination, l’oriente vers le cinéma. Là, il laisse libre cours à sa «folie» artistique en jouant dans plusieurs films : Hassan Terro, réalisé par Lakhdar Hamina en 1967, L’opium et le bâton en 1971, L’évasion de Hassan Terro en 1974, Hassan nia en 1989, L’ombre blanche en 1991.
Au théâtre, où il s’est donné à fond, il joua dans des pièces comme Les concierges. Une œuvre magistrale composée de 11 tableaux comiques, dans lesquels on revient sur les différents phénomènes sociaux. Les grands comédiens qui ont joué aux côtés de Rouiched ont été d’ailleurs d’un apport indéniable pour la réussite de cette œuvre. Nous citons certains noms comme Kalthoum, Nouria, Sissani, Yahia Ben Mabrouk, Sid Ali Kouiret…
Rouiched est décédé le 28 janvier 1999 à Alger, laissant derrière lui un répertoire très riche, que ce soit au cinéma ou au théâtre. Aujourd’hui encore, les masses populaires se rappellent des moindres de ses répliques. Et on éprouve toujours un bonheur sans pareil égal de revoir ses films.
Sources : Association
les amis de Rouched