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Documentaire d’Éric SARNER au CCF
«SÉNAC, JEAN. ALGÉRIEN, POÈTE »… l’écorché vif
7 Mai 2011

Une première en Algérie. Le documentaire « Sénac, jean, algérien, poète » d’Eric Sarner sera projeté au centre culturel français d’Alger le mercredi 25 mai à partir de 18h30. Ainsi après une année de grand labeur, le réalisateur, écrivain, poète et journaliste français Eric Sarner revient pour nous présenter son travail et son regard personnel sur Jean « le soleil assassiné ».

Durant son travail de recherche et de tournage en Algérie, Eric Sarner s’est présenté à la rédaction du Midi Libre et nous avait accordé un entretien. Il nous avait alors présenté un scénario complet de son documentaire et nous avait montré sa détermination a réaliser ce documentaire. Partant sur le traces de Jean Sénac, il avait ainsi rsurmonté diverses embûches pour finaliser son documentaire, vu que Sénac reste une personne ou la personne qui incarne une Algérie plurielle et un passé chevauchant le futur. Eric Sarner multiplie enquêtes et réalisations de films documentaires ou reportages. Il réalise Les îles des princes (2006) et Route 66, entre Chicago et Los Angeles, qui décrocha le prix de la SEAM en 2007.

Sur les traces du soleil assassiné
Eric Sarner nous avait confié alors que «Sénac était à la fois français et algérien». La vie de Jean Sénac a énormément ému le réalisateur notamment son « rapport à l’Espagne et évidemment le rapport à l’Algérie, d’autant plus que je suis moi-même né à Alger, sans oublier le rapport à la langue au sens littéraire du terme, c’est-à-dire le travail sur la langue, le rapport à la sensibilité et le lyrisme » confie Eric Sarner. A travers ce documentaire de 52 minutes, le réalisateur ne nous montre pas seulement l’itinéraire classique de la vie de Jean Sénac. Il nous convie à un voyage : celui de la poésie et du lyrisme, celui des convictions et du militantisme, celui de la répression et de la liberté… A partir des lieux et des gens qu’a connus le poète, le réalisateur remet son documentaire dans le contexte de l’époque « C’est une sorte de suite de voyage, ce petit voyage dans la vie de quelqu’un. Et ce que je vais essayer de faire, c’est de rapporter cet itinéraire là. »

Une vie de bohème
Jean Sénac est né à Béni-Saf près d’Oran le 27 novembre 1926, mort assassiné durant la nuit du 30 août 1973 dans des circonstances encore mal élucidées à Alger, Jean Sénac, surnommé également Yahia El-Ouahrani, demeure jusqu’à aujourd’hui l’un des poètes majeurs de l’Algérie et l’un des plus brillants dans tout le patrimoine littéraire algérien. Après de brèves études, il exerça divers métiers. Après une année d’enseignement à Oran en 1943, il s’engage dans l’Armée de l’air près d’Alger, ce qui lui permet de fréquenter les milieux littéraires. En 1946, il rencontre Simone de Beauvoir et Emmanuel Roblès qui devient son ami. Entré par la suite à l’Association des écrivains algériens, il fonde le Cercle artistique et littéraire Lélian. Les deux années suivantes (1947-1948) Jean Sénac, atteint d’une pleurésie, séjourne au sanatorium de Rivet près d’Alger. Dans cette même période, il commence à correspondre avec Albert Camus.En 1949, il anime une émission de radio, édite une revue polycopiée et publie des poèmes dans Afrique. Après la création de Soleil, dont paraîtront plusieurs numéros jusqu’en 1952, et grâce à une bourse, Jean Sénac séjourne en France, rencontra à Paris Camus et René Char. Il se fait le défenseur de la Révolution algérienne : la revue Consciences algériennes publie le fameux Matinale de mon peuple (repris en 1961). De retour à Alger en 1953, Jean Sénac crée la revue Terrasses : un seul numéro verra le jour mais de grande qualité (Camus, Dib, Ponge, Yacine, Feraoun, Cossery, etc.). Puis le poète démissionne de Radio-Alger en 1954, tandis qu’paraissent ses Poèmes chez Gallimard avec une préface de René Char. Toutefois, durant la Guerre d’Algérie, Sénac demeure en France. De retour en Algérie en 1962, il publie Le Torrent de Bain, Aux héros purs sous le pseudonyme de Yahia El-Ouahrani et Jubilation, alors qu’il est nommé conseiller du ministre de l’Education du gouvernement Ben Bella. En 1963, il lance une nouvelle émission radiophonique hebdomadaire, Poésie sur tous les fronts, en même temps que paraît La Rose et l’Ortie. En 1965 commence la période de disgrâce pour le poète : il démissionne de l’Union des écrivains algériens et s’installe en 1967 à Alger ; paraissent alors Citoyens de beauté (1967), Lettrier du soleil (1968) et Avant-corps précédé de Poèmes iliaques suivis de Diwân du Noûn (1968). En 1972, la censure de son émission l’affecte beaucoup. Paraît alors le dernier ouvrage publié de son vivant, Les Désordres (1972), puisque le poète qui signait d’un rai de soleil et pour qui le mot était une arme de justice et d’espérance meurt assassiné l’année suivante. Quant à Eric Sarner il est connu dans le milieu culturel pour sa polyvalence. Réalisateur, écrivain, poète et journaliste, il est l’une des figures publiques œuvrant dans des domaines multiples littéraire et audiovisuel. Il est l’auteur d’une douzaine d’ouvrages ainsi que de nombreux poèmes, textes ou articles édités dans des revues. Il a récemment traduit Complainte pour Ignacio Sanchez Mejias de F. G. Lorca et les poèmes La Ultima Antologia d’Idea Vilariño. En tant que documentariste, il a signé une vingtaine de documentaires dans les domaines de la culture et du voyage. Se trouvant depuis quelques jours en Algérie, Eric Sarner sillonne plusieurs villes, cherchant les traces d’un poète et écrivain ayant marqué le XXème siècle : Jean Sénac. Une recherche qui sera couronnée par la réalisation d’un film-documentaire Sénac, Jean, algérien, poète.

Par : Kahina Hammoudi

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