Dans le cadre des rencontres littéraires initiées par l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) en partenariat avec les éditions Actes Sud, le poète, écrivain, dramaturge, peintre et aquarelliste français d’origine sud-africaine Breyten Breytenbach sera à Alger le 23 avril courant à partir de 14h30 à la salle Frantz-Fanon de Riadh El-Feth.
Après l’écrivain égyptien Khaled al-Khamissi qui a été l’écrivain phare le 9 avril passé, l’AARC renoue avec les événements culturels originaux avec cet autre invité.
Les amoureux des belles lettres pourront découvrir une nouvelle vision de la littérature avec cet écrivain pluriel qui écrit tant dans sa langue maternelle (l’afrikaans) qu’en anglais.
Breyten Breytenbach est né le 16 septembre 1939 à Bonnieval, province du Cap. Dès le début des années 1960, encore étudiant, il se bat contre l’apartheid avant de partir pour un séjour en France, où il rencontre Yolande, une Vietnamienne, qu’il épouse. Ce mariage, qui tombe sous le coup du «Mixed Marriages Act» et de «l’Immorality Act» prohibant, de 1949 à 1985, les mariages mixtes, l’interdit de séjour dans son pays natal. Il s’installe alors à Paris et lance un mouvement clandestin de résistance à l’apartheid, Okhela, qui devait organiser des réseaux de Blancs au service du Congrès national africain (ANC) de Nelson Mandela. Breytenbach était aussi lié au réseau Curiel. Au même moment, Jan Breytenbach, son frère, fondateur du South African Special Forces Brigade, conduit, en Namibie, les opérations secrètes de l’armée sud-africaine.
Lors d’un séjour clandestin en Afrique du Sud, en 1975, durant lequel il essaie de recruter des membres pour Okhela, il est arrêté puis jugé. Il échappe de peu à la peine de mort et voit sa peine commuée en neuf années de prison. Breytenbach est finalement libéré en 1982, grâce au soutien du président François Mitterrand et retourne en France, adoptant la nationalité française. Il put retourner en Afrique du Sud avec la chute dd l’apartheid, en 1994. Depuis, il partage son temps entre les Etats-Unis, la France, le Sénégal, où il dirige le Goree Institute, installée sur l’ancienne île aux esclaves, et son pays natal, où il enseigne, publie et donne à voir des pièces de théâtre controversées sur la nation arc-en-ciel.
D’abord poète appartenant, avec André Brink, au groupe des Sestigers, Breyten Breytenbach se signale rapidement par des fictions fantasmagoriques, comme «Om Te Vlieg», dans lequel le personnage fantastique Panus joue un rôle primordial. Son séjour en prison donne naissance à des écrits de type autobiographique, comme «The True Confessions of an Albino Terrorist» (1983). Il commence aussi, à partir du début des années 1980, à écrire directement en anglais, ce qui ne l’empêche pas pour autant de poursuivre son activité poétique en afrikaans.
Breytenbach est surtout connu, dans son pays comme en Europe, pour ses activités de peintre. Il a présenté, depuis 1996, plusieurs expositions personnelles. Plusieurs de ses livres sont illustrés par ses soins, comme «All One Horse» (1987), qui fait alterner récits brefs et aquarelles.
Depuis novembre 2010, l’AARC, le Diwan Dar Abdellatif, en partenariat avec les éditions Actes Sud, propose un cycle de rencontres avec des écrivains issus des cinq continents. Le Diwan Dar Abdellatif a déjà reçu Nimrod, Luigi Guarnieri, Andreï Guelassimov et Emmelene Landon. Jusqu’à juin 2011, il accueillera Jabbour Douaihy, Bahiyyih Nakhjanvani, Waciny Laredj, José Carlos Somoza, Mathias Enard et Farouk Mardam Bey. Ainsi, avec cet événement organisé depuis 2009, l’AARC, par le biais de Diwan Dar Abdellatif, fait de son espace un lieu pour des échanges culturels ouverts aux artistes de toutes disciplines, écrivains, chercheurs et acteurs divers de la vie culturelle. Le Diwan Dar Abdelatif vise, en effet, à donner de la visibilité à leurs créations et idées et à leur offrir des occasions de rencontre avec les publics dans un cadre magnifique qui incarne l’histoire culturelle du pays. C’est un programme qui se déroule principalement à Dar Abdellatif mais rayonne aussi dans divers lieux culturels.
Des thèmes nouveaux et originaux sur les divers territoires de l’art ont été proposés au Diwan Dar Abdellatif en privilégiant les aires géoculturelles du Monde arabe, de l’Afrique et de la Méditerranée. Dans cette démarche, deux rencontres ont porté sur la résistance culturelle palestinienne, du fait de son actualité et de son intérêt.
Traductions françaises
Le premier traducteur de Breyten Breytenbach fut Georges Lory, qui travailla avec l’écrivain sur le recueil de poèmes de prisons Métamorphase. L’écrivain Breyten Breytenbach fut ensuite traduit par Jean Guiloineau pendant de nombreuses années (qui fut également le traducteur de Gordimer et de Brink). Cependant, son seul roman Mémoire de poussière et de neige fut écrit directement en français.
Bibliographie
* Feu froid (Het Huis van de dove, 1976), poèmes traduits de l’afrikaans par Georges-Marie Lory, préface de Bernard Noël, Bourgois, 1976 ; réimpression 1983, 128 p.
* Confession véridique d’un terroriste albinos (The True Confessions of an Albino Terrorist, 1983), récit autobiographique traduit de l’anglais par Jean Guiloineau, Stock, «Nouveau cabinet cosmopolite», 1984, 360 p.
* Mouroir : notes-miroir pour un roman (Bes Pieëlende notas van’n roman, 1983 / Mouroir : Mirror-notes of a Novel, 1984), traduit de l’anglais par Jean Guiloineau, Stock, «Nouveau cabinet cosmopolite», 1983, 332 p.
* Métamortphase : poèmes de prison, 1975-82. Autoportrait-veille de mort, traduit de l’afrikaans par Georges-Marie Lory et l’auteur, Grasset, 1987, 128 p.
* Une saison au paradis (‘n Seisoen in die Paradis, 1977-1980 [sous le pseudonyme de B. B. Lazarus] / A Season in Paradise, 1981), journal traduit de l’anglais par Jean Guiloineau, Le Seuil, 1986, 282 p.
* Feuilles de route : essais, lettres, interviews, articles de foi, notes de travail (Ends Papers : Essays, Letters, Articles of Faith, Worbook Notes, 1985), traduit de l’anglais par Jean Guiloineau, Le Seuil, 1986, 322 p.
* Mémoire de poussière et de neige (Memory of Snow and Dust, 1989), roman traduit de l’anglais par Jean Guiloineau, Grasset, 1989, 372 p. ; nouvelle édition L. G. F., Le Livre de poche n°7337, 1991, 470 p.
* Tout un cheval : fictions et images (Alles één paard / All One Horse, 1989), 27 poèmes en prose traduits par Jean Guiloineau et 27 aquarelles, Grasset, 1990, 128 p.
* Retour au paradis : journal africain (Return to Paradise, 1993), traduit de l’anglais par Jean Guiloineau, Grasset, 1993, 340 p. ; nouvelle édition : L. G. F., «Le Livre de poche» n°13671, 1995.
* Lady One, (Lady One : Of Love and other Poems, 2002), traduit de l’anglais par Jean Guiloineau, Melville, 2004, 112 p.
* Le cœur-chien, traduit de l’anglais par Jean Guiloineau, Actes Sud, 2005, 323p.
* L’étranger intime, traduit de l’anglais par Jean Guiloineau, Actes Sud, 2007, 257p.
* L’empreinte des pas sur la terre : Mémoires nomades d’un personnage de fiction, traduit de l’anglais par Jean Guiloineau, Actes Sud, 2008, 427p.
* Le Monde du milieu, essais littéraires, traduit de l’anglais par Jean Guiloineau, Actes Sud, 2009, 224p.
* Outre-voix : Conversation nomade avec Mahmoud Darwich, poèmes, traduit de l’afrikaans par Georges Lory, Actes Sud, Arles, France, 2009, 80p. (ISBN 978-2-7427-8819-4 )