Timimoun dans la wilaya d’Adrar, renoue depuis lundi avec ce qu’on peut désormais appeler sa fête traditionnelle à savoir le Festival culturel du chant Ahellil dont c’est la 4e édition.
Plus d’une vingtaine de troupes de la région prennent part à cette manifestation devant se poursuivre jusqu’au 31 décembre 2010. Y participent entre autres les groupes Karkabou, El Baroud et El Hadra. La cérémonie d’ouverture a eu lieu sur l’esplanade du 1er Novembre en présence d’un public nombreux avec à la clé un défilé des formations musicales participantes. En marge des activités ayant trait aux chants, un séminaire sur l’ « Ahellil », des expositions de peinture ainsi que des soirées artistiques sont également au menu. Parmi les formations devant animer les soirées figurent ’’Itren Negroud’’ de la commune de Charouine, ’’Noudjoum du folklore de Gourara" (Timimoun), ’’Aoulane’’ de la commune de Ouled Aissa, et ’’Intemgueriout’’ pour la préservation du patrimoine local d’Augrout. En plus de Timimoun, d’autres localités de la wilaya à l’instar du chef lieu Adrar, Charouine et Tinerkouk abriteront des soirées culturelles dans le cadre de ce festival. Les touristes nationaux et étrangers, profitant des vacances d’hiver ont commencé à arriver dans la capitale du Gourara qui entend ainsi réaffirmer sa vocation de cité touristique. Classé comme patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco, l’ « Ahellil », est une expression qui mêle musique, chorégraphie et littérature. Le genre passe pour être une œuvre profane en même temps que religieuse. Les anthropologues soulignent la similitude, voire la complémentarité qui existe entre l’Ahellil et cet autre genre du patrimoine saharien et gourarien qu’est la
« tagerrabt », de sorte que l’analyse du premier ne peut être complète sans prendre en considération l’analyse de l’autre. Plus solennel l’« Ahellil », est joué debout, dans un espace public, souvent lors de fêtes religieuses. En revanche la « tagerrabt », plus intimiste est jouée en position assise dans les foyers à l’occasion de fêtes familiales. Il existe entre 60 et 100 « ahelill ». Même si un certain nombre de ksour s’attribuent des productions particulières de ces corpus, il est admis que la région se partage un répertoire commun. Les « ahellil » locaux s’ils existent sont cependant très infimes, leur originalité réside dans le travail introduit au niveau du texte uniquement. La « tagerrabt » et l’ « ahellil » sont joués de préférence la nuit. Des variantes d’ « ahellil » existent, chacun d’eux en possède plusieurs. Selon sa sensibilité ou sa convenance, un ksar ou une région peut ajouter des strophes au texte initial. Selon des données fournies par des informateurs l’« Ahellil » comporte 46 titres et « tagerrabt » 23 dont 18 sont semblables aux morceaux de l’ « Ahellil ». Un grand nombre de titres sont formulés en arabe, dans un langage stéréotypé, alors que les titres exprimés en berbère zénète sont moins nombreux. Parmi les « ahellil » classiques on peut citer « Mamma Laazari » et « Salamo » dont les versions maximales ont respectivement 54 et 32 vers. En général les poèmes sont dits en tazenatit, variante de tamazight, quoique les textes restent marqués par la présence de l’arabe qui s’exprime surtout à travers les formules coraniques propres au discours religieux. On y exprime les sentiments plus personnels en langue zénète quand bien même cette dichotomie n’a rien de systématique.