Très populaire en Kabylie, la popularité de Cheikh Mohand-ou-Lhoussine n’a d’égale que celle de Si-Mhand-ou-Mhand, poète immense qui lui est contemporain. Il était affilié à l’ordre confrérique de la Rahmaniyya et a été témoin de l’insurrection prônée par El Mokrani et Cheikh el-Haddad.
A la faveur d’une "Caravane scientifique pour la mise en exergue des valeurs spirituelles dans la culture amazighe", organisée sous l’égide du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, des conférences itinérantes animées par des chercheurs et des professeurs d’université sont données, rapporte l’APS, aux quatre coins du pays.
Mardi Boumerdès a été la première station qu’a eu à joindre cette caravane avec au menu une conférence du chercheur-écrivain Mohand Arezki Ferrad sous l’intitulé «Cheikh Mohand-ou-Lhoussine: un sage façonné par l’Islam". Selon ce chercheur le Cheikh a été «l’une des personnalités parmi les Saints» (awliaa Allah essalihine) à avoir réussi à interpréter et transmettre avec humilité le sens des versets coraniques vers la langue berbère». Cheikh Mohand-ou-Lhoussine, a indiqué le conférencier, n’avait pourtant jamais été à l’école, n’ayant acquis une culture religieuse que grâce à sa fréquentation des gens de sciences de l’époque. Très populaire en Kabylie, la popularité de Cheikh Mohand-ou-Lhoussine n’a d’égale que celle de Si-Mhand-ou-Mhand, poète immense qui lui est contemporain. Cheikh Mohand-ou-Lhoussine est né en 1836 au village de Taka, près d’Aïn-el-Hammam dans la wilaya de Tizi-Ouzou au sein d’une famille de marabouts et il est mort en 1901.
Il était affilié à l’ordre confrérique de la Rahmaniyya et a été témoin de l’insurrection prônée par El Mokrani et Cheikh el-Haddad. Il a laissé des dits et des maximes sous forme versifiée que les gens continuent de nos jours encore de citer lorsqu’ils doivent illustrer ou faire accréditer un propos. Nombre d’artistes, dont Aït Menguellet, ont chanté ses vers ou s’en sont inspirés. Mouloud Mammeri quant à lui a consacré au saint de Taka tout un livre en tamazight sous le tire Inna-yas Cicx Muhed (Cheikh Mohand a dit). L’auteur du Sommeil du juste a réuni dans son ouvrage les dits du Cheikh tout en restituant le contexte socio-historique de l’époque et en insistant sur la spécificité de l’Islam kabyle.
Pleines d’anecdotes circulent au sujet du cheikh. Par exemple en venant se plaindre au saint de Taka, les gens de la tribu des Ath Yenni, catastrophés par le projet de la France de construire des écoles sur leurs terres, ce qui à leurs yeux constituait une menace sur leur culture, se sont vus répondre « Prenez-lui les graines et laissez lui l’ivraie ».
Pour Mohand Arezki Ferrad la modestie de l’homme lui a valu d’obtenir la confiance de larges pans de la société de l’époque, dont un grand nombre venait le voir pour être conseillé sur diverses affaires conflictuelles plutôt que de s’en remettre à l’administration coloniale".