Brahim Tayeb a offert, à la salle intérieure du Théâtre de Verdure à Alger, un concert sublime, sublime par la présence de l’artiste et de sa troupe qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes à cette vingtaine de personnes qui se sont déplacées pour s’offrir le bonheur d’écouter la voix exceptionnelle de «Dda Yebrahim» et d’apprécier ces paroles et sa poésie signifiante.
Dans la soirée ramadanèsque du dimanche dernier, Brahim Tayeb a, encore une fois, rendu, à sa manière, hommage à l’amour, à la beauté et à la joie. Des messages que sait parfaitement transmettre cet artiste plein d’émotion. Avec une présence pourtant très timide du public algérois, un public qui semble, hélas, très mal informé, puisque aucune publicité n’a été faite pour annoncer ces soirées ramadanèsques qu’organise l’Établissement Arts et culture, qui est pourtant au service de la culture et, donc, de l’artiste, Brahim Tayeb a offert, à la salle intérieure du théâtre des Verdures à Alger, un concert sublime, sublime par la présence de l’artiste et de sa troupe qui ont donné de leur mieux à cette vingtaine de personnes qui se sont déplacéss pour s’offrir le bonheur d’écouter la voix exceptionnelle de «Dda yebrahim» et d’apprécier ces paroles et sa poésie signifiante.Une heure et demie durant, l’artiste a chanté la beauté de l’âme au plus profond de l’être et la noblesse des sentiments. A travers ses chansons, notamment la magnifique chanson Ussan ni que le public répétait avec lui son refrain avec excellence Ussan ni djenkem djeniyi, khedaakem khedaaniyi ussan ni (Les jours passés nous ont laissé, toi et moi, ils nous ont trahi), Brahim Tayeb a transporté son public sur un nuage de rêves et de beauté vers un autre monde plein d’amour et de sensibilité, avant de rendre hommage au grand Idir, en interprétant sa chanson El Vaz pour voyager avec son public dans la nostalgie de la belle époque. D’une voix grave et dans un style très poétique, Brahim a fasciné son public, l’a ébloui par l’énergie débordante de sa voix, mais aussi et surtout par la beauté de son âme et son sens de l’humour, lui qui entre chaque chanson et une autre, ne cessait de communiquer avec son public, lui racontait ses anecdotes. Malgré toutes les failles de l’organisation et les défauts de la sonorisation, gérée on dirait par des amateurs, Brahim Tayeb, qui est l’un des rares artistes à exercer l’acoustique avec talent, a su, et avec excellence, faire admirer la soirée à son public et leur a fait oublier la mal organisation qui régnait à l’Établissement Arts Culture à partir de la porte d’entrée. Ce poète à la voix tendre, auteur-compositeur, a fait au début des années 90, une véritable révolution dans la chanson d’amour avec ses rimes qui expriment la noblesse des sentiments dans une société en désarroi à cette époque. Tayeb Brahim a su arracher et a aussi mérité une place parmi les grands poètes et interprètes et qui ont fait les beaux jours de la chanson kabyle et algérienne. Cette vedette, qui on dirait apporte sa force, la force de ses paroles, de sa voix et de sa personnalité de son handicap, lui qui fait adorer à son public la mélancolie et la tristesse très senties dans ces chansons, a suivi sa scolarité à l’Ecole des non-voyants d’El-Achour. Puis, il a poursuivi ses études d’interprétariat à l’Université d’Alger. Mais l’artiste vivait pour sa passion : la musique, et a suivi son rêve de partager son amour à la parole et la bonne musique avec un public. Il enregistra, donc, en 1990, son premier album : Ussan nni («Ces jours-là»). Il n’avait alors que 24 ans. Un album qui a fait découvrir au public algérien, un artiste complet. Le fils de Larbâa Nath Irathen (à Tizi-Ouzou), «une de ses premières sources d’inspiration», n’a pas arrêté de plaire et d’éblouir un public désireux à tout ce qui est beau que ça soit en Algérie ou même à l’étranger où il a eu plusieurs rendez-vous avec la communauté algérienne un peu partout en Europe. Avec un répertoire musical où se croise, l’amour, l’espoir, la résistance et la tristesse, Brahim Tayeb attire de jour en jour un large auditoire, notamment féminin. Hamlaghkem (Je t’aime en 1994), Inthass (Dites-le lui, 2001) ou Thikhrass (Laisse-le donc, 2007). Ce sont tous des titres qui ont tellement attiré les nostalgiques et brûlé le cœur des amoureux. Lui qui en chantant l’amour fait réveiller les blessures enfouies dans les cœurs des êtres humains. Aussi, et suivant son esprit d’innovation, Brahim Tayeb a traduit quelques-unes de ces chansons, notamment la fameuse Inthass Ma tbegha (dites-lui si elle veut), un véritable conte de fée, que l’artiste récite d’une voix douce et mélancolique. Cette chanson, à elle seule, occupe toute une face de son tube, tant cette histoire est racontée avec beaucoup de sensibilité, le temps de la tragédie qu’a vécue l’Algérie. Brahim Tayeb «traite de la situation algérienne en opposant le caractère tragique de la situation du pays à l’espoir qui abrite chaque individu. Cet espoir se manifeste, dans le texte, sous la forme de l’amour projeté sur l’être aimé, un amour indissociable, que chacun de nous porte au pays.» Il faut dire aussi que l’artiste a, depuis ses débuts dans la chanson, puisé dans le répertoire de la musique arabe, notamment celle d’Abdelhouahab Eddoukali, ainsi que dans la musique occidentale, comme dans sa chanson Thaïri n’temzi (L’amour de la jeunesse), inspirée d’une musique d’Elvis Presley. Un artiste qui aura sûrement encore beaucoup à donner pour promouvoir l’art et la belle chanson algérienne.