Le Musée de l’histoire de la photographie Fratelli-Alinari de Florence en Italie garde dans ses boîtes d’archives des dizaines de photographies sur notre pays. L’Institut culturel italien d’Alger expose en sa salle polyvalente et ce, depuis le mercredi 4 août, une soixantaine de ces photographies prises en Algérie entre 1865 et 1910.
Comment était l’Algérie au début de la colonisation, voire avant même cette date, quel aspect avait un café algérien de l’époque, comment les Algériens s’habillaient-ils, comment étaient nos villes et nos villages ? Ce sont là quelques-unes des questions qu’on est en droit de se poser devant l’absence d’images référant à la période considérée et même d’écrits faits par des Algériens. Des questions évidemment dont l’élucidation peut grandement nous renseigner sur la culture du passé sous ses différentes expressions (vêtements, architectures, mœurs, etc.) Pour autant le Musée de l’histoire de la photographie Fratelli-Alinari de Florence en Italie garde dans ses boîtes d’archives des dizaines de photographies sur notre pays. L’Institut culturel italien d’Alger expose en sa salle polyvalente et ce, depuis le mercredi 4 août, une soixantaine de ces photographies prises en Algérie entre 1865 et 1910. L’exposition intitulée « L’Algérie XIXe –XXe siècles à travers les archives photographiques alinari de Florence » se poursuit jusqu’au 29 août 2010. Elle montre des photos inédites qui osent fureter au-delà de ce qui pourrait intéresser les images pour cartes postales. Ce sont des œuvres en noir et blanc, produites aux « premiers moments de la photographie » précise Uberto Malizia, attaché culturel à l’Institut culturel italien. Selon lui « le Musée de l’histoire de la photographie comprend plus de trois millions de photos datant d’avant la Première Guerre mondiale couvrant l’ensemble des pays d’Europe et de l’Afrique du Nord ». L’exposition sera organisée dans d’autres grandes villes algériennes a indiqué le même responsable. Les premières photos ont été prises avec un daguerréotype, le premier procédé photographique jamais inventé auparavant et qui permet d’obtenir des photos permanentes qui ne s’effacent pas, l’impression se faisant sur cuivre même si elle ne permettait aucune reproduction de l’image. Les photos exposées immortalisent des scènes dans le Sud : Biskra, El Oued, à Alger on découvre La Casbah, (1890), le cimetière de Sidi M’Hamed (1910), Bab El-Oued (1890), la fontaine du Jardin d’essai (1900), le port (1867). Il y a aussi des photos prises à Blida, Tlemcen, Batna et en Kabylie, ainsi que dans des sites de vestiges romains : Timgad (1900). Ce qui se remarque d’emblée au niveau de l’habillement, c’est l’usage massif du turban et du burnous de couleur blanche. Que ce soit à Biskra, à Bab El-Oued ou partout ailleurs les gens ne peuvent pas ne pas apparaître sous ce costume dont la disparition aujourd’hui ne suscite aucun questionnement comme si cela allait de soi, alors que s’agissant du voile traditionnel féminin, beaucoup d’encre a coulé sous les ponts. La Mosquée Ketchaoua (1890), à Alger fait office à l’époque de cathédrale qui avait donc abrité le culte chrétien. En outre, les photos renseignent sur la présence juive. On peut lire sur une enseigne d’une échoppe israélite cette ligne en français « Au grand bazar du Sahara, Abraham Moraly, grand assortiment d’armes et de broderies arabes » Biskra nous apparaît du reste sous l’aspect d’une petite agglomération réunissant des maisons en terre battue à terrasse sans étages. Des scènes pittoresques fixant des gens accomplissant la prière ou l’imam appelant à tue-tête du haut de son minaret à la prière. Selon Hakim Abassi, artiste-peintre, un des organisateurs de l’exposition « l’acquisition de ces photographies ne pourrait être envisagée que si l’Algérie les achète, puisque les droits d’auteur appartiennent au Musée de l’histoire de la photographie Fratelli-Alinari de Florence ». Si elles ont été réalisées pour la plupart par des anonymes, quelques unes de ces photos portent néanmoins la signature de grands noms comme les Français A. Bougault et Frechon, Rudolf Lehnet et Franz Landrock. La famille Fratelli Alinari, explique Uberto Malizia, a constitué la première firme photographique dans le monde. Selon lui « à l’époque, sûrement il y a eu parmi les gens qui ont pris pour le compte de la firme ces photos, des Algériens et des Français, mais comme il n’existait pas encore de droits d’auteurs, leur noms n’y figurent pas ».
Le Musée de l’histoire de la photographie Fratelli-Alinari a été inauguré en 1985. Son stock d’œuvres remonte à 1852, année où Leopoldo Alinari et ses deux frères Giuseppe et Romualdo, fondèrent un atelier photographique devant réaliser des photos d’œuvres d’art, de monuments historiques et des portraits. L. G.