Le premier rappeur algérien, dont les débuts en 1985 sont associés à « Seroual loubia », capitalise déjà, mine de rien, 25 ans de carrière musicale. Ses débuts remontent à cette époque où certaines chaînes de radio le boudaient parce que l’artiste incarnait l’écart par rapport à la norme.
Le chanteur Hamidou, de son vrai nom Ahmed Takdjout, donnera jeudi prochain rendez-vous à ses fans au Complexe culturel Laâdi Flici du Théâtre de verdure à Alger pour une soirée hawzie à partir de 21 h. Le premier rappeur algérien, dont les débuts en 1985 sont associés à « Seroual loubia », capitalise déjà, mine de rien, 25 ans de carrière musicale. Ses débuts remontent à cette époque où certaines chaînes de radio le boudaient parce que l’artiste incarnait l’écart par rapport à la norme. Les jeunes, cependant, avaient été séduits par « Seroual loubia » qui a été classée quatrième dans le hit-parade algérien. La chanson a pu ainsi révéler le chanteur au public. En 1985, le cinéaste Moussa Haddad réalise "Jawla Fileil" le premier clip rap algérien en filmant la prestation de Hamidou âgé alors de 17 ans.
A l’époque, l’enfant d’El Mouradia (il est né en 1966) fréquentait le Conservatoire d’Alger où il s’initiait aux noubas classiques de l’arabo-andalou. Cette fidélité au terroir ne l’a pas empêché cependant d’être un « branché ».
A quelque chose malheur est bon
Les années noires l’ont incité à quitter momentanément le cocon artistique algérois. Le voici embarqué en 1997 avec le groupe Nomads dans une expérience internationale avec la télévision française TF1. Nomads s’occupant de réaliser de grandes émissions de variétés pour cette chaîne de télé. Le groupe fait le tour du monde, la tournée qui s’est étalée jusqu’à 2001 a permis à Hamidou de se frotter aux stars du show business à l’image de Carde Frédérique, Céline Dion, Patrick Fiori et Yannick Noah. Nomads signe l’album "Better World ainsi que le single Yakalelo diffusé 300 fois sur TF1. L’album est consacré Disque d’Or et le single Disque de Diamant avec plus d’un million d’exemplaires vendus. Même le cinéma le tente, il campe le rôle principal dans le film "Le Passager" un film sorti en 1987 et qui raconte une histoire d’amour à l’algérienne.
Hamidou, chanteur novateur s’il en est, n’hésite pourtant pas à recourir aux reprises des anciennes chansons du répertoire algérien parce qu’il ne conçoit pas de travail artistique sans promotion et revalorisation de la musique traditionnelle. A coup sûr, dans un cadre familial, le public sera gratifié de chansons très populaires telles que « Zine ali Kahoua Oua Latai (le café et le thé) « Rayha ouin » et andalouses telles « Ma naâ’refch wana s’ghier». De toute façon, l’artiste a dans son répertoire aussi bien des chansons de Cheikh Amokrane que de Matoub Lounes. S’il a touché à tout, tout en cultivant l’image d’un artiste de musique moderne, Hamidou va attacher une attention particulière au genre hawzi en particulier et à l’andalou en général. Ce qui atteste d’un enracinement profond et quasi culturel dans l’univers musical de l’enfance et des parents. Sa première soirée, il l’aurait faite en 1975, à l’âge de huit ans à l’occasion de la naissance de son unique sœur avec le regretté chanteur chaâbi Brahim Kechabtia. Il s’illustrera déjà à 15 ans avec El-Fakhardjia lors des concerts qu’avait donnés cette association en interprétant avec brio des istikhbarat (préludes) si caractéristiques de la nouba andalouse. L’influence de sa formation musicale pendant son adolescence au sein de l’ensemble musical andalou El Fakhardjia rebondit et imprègnera désormais de plus en plus ses chansons. Hamidou puisera dans la tradition des Algérois originaires de Kabylie qui comme Mohamed El Anka, le maître de la musique chaâbie avaient fécondé et développé le genre andalou. En 1994 il signera "Thamaghra Kheloudja" (la fête de Kheloudja) un opus entièrement chanté en kabyle. La soirée promet donc une balade à travers l’Alger d’antan à même de ressusciter El Bahdja.