La rencontre entre Belkacem Hadjadj et la télévision algérienne a abouti finalement à une réalisation cinématographique appréciable. On se demandait du reste comment ce film, conclu entre un professionnel iconoclaste et un organisme public réputé conservateur allait accoucher d’une comédie musicale qui, plus est, est la première du genre.
ll s’agit d’«Essaha» (La Place) qui est sorti hier. Il a été projeté durant la matinée devant les journalistes à la salle El Mougar à Alger. Une seconde projection en avant-première devait aussi avoir lieu au cours de la même journée à 18 h.
La projection publique est prévue aujourd’hui à 16 h au niveau de la même salle. Placé sous le patronage de la ministre de la Culture et du ministre de la Communication et produit par "Machahou production" ce film est une coproduction MACHAHOU / Télévision Algérienne, qui a reçu le soutien du Ministère de la Culture (FDATIC). Le film a été réalisé par Dahmane Ouzid d’après un scénario de Salim Aïssa.
Le projet d’«Essaha» existe depuis 1989, mais tôt il bute sur des problèmes de financement. Remisé au placard, la télévision le sauve. Selon Hadjadj, « la seule source financière pour le cinéma est le FDATIC (Fonds de développement de l’art, de la technique et de l’industrie cinématographique, NDLR) ». Et de préciser : « Le seul opérateur présent dans le secteur c’est la télévision ». Pour lui , « il est évident qu’il n’y a pas d’autres moyens » pour prendre en charge ce genre de production. «Essaha» a été réalisée en 2 versions. Une destinée au petit écran comprend un feuilleton télé de 16 épisodes et l’autre est un long-métrage cinéma de 2 heures.
« La production exécutive qui concerne la série TV a coûté un peu plus de 80 millions DA, et nous avons obtenu de la part de la FDATIC une aide de 25 millions DA à ce jour pour le long métrage » a indiqué Hadjadj. Le film de facture carnavalesque a osé s’attaquer à beaucoup de tabous. Ayant comme thème central la jeunesse algérienne et par ricochet la société dans laquelle elle évolue, «Essaha» s’attaque à tous les maux qui rongent l’Algérie.
La dénonciation si elle prend le détour de la chanson et de la danse colorée et fantasque, n’en concerne pas moins tour à tour la corruption, la politique, la condition féminine, la crise de logement, la liberté sexuelle (quoique timidement abordée). La musique du film a été réalisée par Salim Aïssa, Amine Hamerouch (Aminos), Youcef Boukella et Cheikh Sidi Bémol. L’interprétation est le fait de nouveaux talents polyvalents qui exécutent tour à tour la comédie, la chanson et la danse. Ce film est certainement l’un des plus authentiques qu’il est nous a été donné de voir depuis ces dernières années. A coup sûr, les jeunes apprécieront.