Aït Menguellet est avant tout poète, pour lui le texte prime sur la musique. C’est d’ailleurs à chaque fois, pour les amateurs des chansons à texte, un bonheur sans partages de retrouver ses rimes finement ciselées.
Le chanteur Aït Menguellet a annoncé la prochaine sortie d’un nouvel album composé de six chansons, dont deux reprises, lors de l’ouverture des journées culturelles, tenues à l’occasion de la Journée de l’artiste à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou. Le nouvel album devrait être sur le marché au courant du mois de juillet prochain. L’artiste d’Ighil Bwamas n’a pas produit de nouveautés depuis 2004 où il avait rebondi avec un produit intitulé Amghar , rappelle-t-on. Cette fois Aït Menguellet propose à ses fans un nouveau titre : Amennugh ou le combat. Aït Menguellet, qui intervenait dans une émission sur la chaîne de télévision berbère, explique qu’il a composé une chanson sur l’angoisse de l’artiste devant le spectre de la feuille blanche. Aït Menguellet a également repris deux chansons. La première est un titre d’Akli Yahiatène : El Menfi, traduite et interprétée en kabyle par lui alors que la deuxième est une chanson de Bob Dylan, dont le titre n’a pas été révélé. Après donc six ans d’absence, les fans d’Aït Menguellet auront le plaisir et la joie de redécouvrir cet artiste qui, malgré son âge (soixante ans), continue à se produire aux quatre coins de l’Algérie grâce au soutien du ministère de la Culture qui prend en charge l’organisation et le financement de ces spectacles. Aït Menguellet comptabilise plus de cinquante ans de carrière. Il a bercé son public au départ avec des chansons d’amour dont El Ouiza, El Kaisa, Djamila... avant de passer à des chansons abordant des thématiques liées à la vie sociale et politique comme Ammi, Ettès mazal el hal et Achimi. Aït Menguellet s’est toujours défendu d’être un artiste, au cours de ses diverses sorties, il rappelle souvent qu’il est poète et que ce qui importe d’abord pour lui, ce sont les textes. La musique n’est qu’un support pour ses vers, considère-t-il. C’est à la fin des années 60 qu’Aït Menguellet avait fait ses premiers pas dans la chanson. Kamel Hammadi lui a écrit et composé ses premières cassettes. Puis, petit à petit, il a appris à voler de ses propres ailes suite à son passage dans une émission «Ichenayen uzeka» (les artistes de demain) de la radio kabyle. A l’époque, cette dernière était présentée par l’artiste et musicien Chérif Kheddam et ce dernier a encouragé le jeune et timide montagnard à aller de l’avant. Dès ses premiers disques, Aït Menguellet ne passe pas inaperçu. Il gagne un grand public qui le suivra des années durant. Malgré son style modeste avec une orchestration limitée à une guitare et à des percussions, Aït Menguellet a pu persévérer aux côtés de Idir qui excellait dans le style moderne et de Ferhat qui s’est consacré à la chanson engagée. Aït Menguellet a été arrêté en 1985 avant d’être libéré. A sa sortie de prison, il compose des chansons où il parle de la douleur et de la solitude du prisonnier. Le parcours d’Aït Menguellet a connu des hauts et des bas. Sa brouille avec le Rebelle Matoub Lounès en 1994 suite au kidnapping de ce dernier par des terroristes de l’ex-groupe islamique armé a été à l’origine d’une certaine baisse de popularité d’Aït Menguellet, notamment auprès de la frange des jeunes qui vouent un culte à Matoub. À maintes reprises Aït Menguellet a tenté d’expliquer que le problème qu’il avait avec Matoub a souvent été amplifié, manipulé et utilisé à des desseins malsains par ses détracteurs et les détracteurs de Matoub. Malgré tout, Aït Menguellet reste un nom qui compte sur la scène de la chanson kabyle et à soixante ans il séduit encore.