Par les temps qui courent, un gala à Alger est toujours un moment de curiosité et la remarque vaut surtout lorsque le gala en question est organisé en soirée.
Akim El Sikameya, cet enfant d’Oran, romantique des temps modernes, qui a presque trahi El Bahia en s’écartant du genre raï tout en démontrant en même temps qu’on peut réussir sans suivre la voie (voix ?) des maîtres, donne rendez-vous à ses fans algérois le jeudi 08 avril à 19h 30 à la salle El Mouggar pour un concert de qualité organisé en collaboration avec l’Office national de la culture et de l’information (ONCI).
Avec sa mélodique voix de haute-contre et ses recherches acoustiques, l’auteur d’ «Un Chouia d’amour» a fécondé cette musique andalouse qu’on pensait irrémédiablement figée dans ses strates originelles que ce soit dans son fond ou dans sa forme.
Le flamenco se mêle au jazz, aux musiques latinos ou tziganes. Bien sûr, ses détracteurs n’y verront qu’une invention d’un genre ou d’un écart par rapport à la norme là où lui parle de noubas. Mais cet ancien élève de l’école de musique "Nassim El Andalous", persécuté à l’époque du terrorisme, a eu l’intuition de prôner pour sa musique une assise méditerranéenne rappelant ainsi à tout ceux qui veulent l’entendre que la musique andalouse est plus qu’un héritage de l’île ibérique.
La fusion musicale que cet artiste défend plonge ses racines dans les temps les plus reculés. Sa thèse, il l’a traduite en acte sur scène en invitant sept musiciens de jouer chacun des morceaux de leur répertoire dont il s’agit en dépit des différences de rapprocher les chants, les mélodies et les rythmes.
«Avant d’être Portugais, Espagnols, Algériens, Italiens, ou Grecs… nous sommes méditerranéens » aime-t-il à dire. C’est à Marseille, où il arrive en 1994, complètement aigri parce ce qui se passe dans son pays, qu’il s’installe. L’exil étant presque le passage obligé pour tout artiste qui ambitionne de se perfectionner, il prend ainsi son mal en patience jusqu’à ce que les professionnels de la variété le dénichent. Et le succès ne saura pas tarder. On lui trouve les qualités d’une bête de scène qui se répand en spontanéité et en maîtrise du jeu scénique. C’est alors la révélation.
Un événement culturel le propulse au devant de la scène mondiale. Grâce au festival international WOMAD, il fait la tournée des villes; tour à tour, il met le cap sur Las Palmas, Madrid, Londres, Singapour, l’Inde, l’Espagne, la Sicile …confirmant ainsi sa dimension d’artiste international.
L. G.