Ils étaient des milliers à l’attendre, avant-hier, devant la salle Atlas à Alger. En dépit des longues 20 années d’absence, Aït Menguellet retrouve dans cette salle son public algérois, fidèle et vibrant à ses chansons, tout comme durant les années 90.
Des centaines de fans, dont certains le suivent depuis 1968, année de la sortie de son premier album, n’ont pas pu accéder à la salle qui s’affichait archicomble des dizaines de minutes bien avant le commencement du spectacle. Devant un public assidu et fidèle, le chantre de la chanson kabyle contemporaine et de l’identité berbère, Lounis Aït Menguellet, a donné un spectacle de qualité avec son véritable compagnon dont il ne se sépare jamais : sa guitare. En dépit de son âge Lounis revient sur cette scène tout égal à lui-même. «Je suis très étonné. La chose qui m’a marquée ce soir, c’est bien la présence de cette jeunesse. Je m’attendais plutôt à un public vieux, celui des année 90», dira-t-il. Pendant plus de deux heures, Aït Menguellet, avec les cinq musiciens qui l’accompagnaient, a réussi à surprendre son public et créer une ambiance empreinte de sérénité où seules sa musique douce, ses paroles poétiques et sa voix envoûtante dominaient les quatre coins de la salle. Tout comme dans un rêve, il a invité discrètement son public à une réflexion profonde à travers ses chansons et ses poèmes longs et étudiés minutieusement. Une après une, le chanteur a gratifié son public attentif de ses plus belles chansons. Commençant par les années d’or, l’artiste a chanté sa célèbre chanson Wa ara sedhelmagh (Qui vais-je remettre en cause ?) puis A tejera illili (ô, laurier rose avec beaucoup de sensation. Il a chanté également l’Algérie, la nostalgie dans sa célèbre chanson Ketichini rouh, nek adeqimagh» (Vas-y toi. Moi je reste). Lounis a rendu à l’occasion un vibrant hommage au grand artiste Kamel Hammadi, présent dans la salle en compagnie de plusieurs figures artistiques algériennes, en récitant l’une de ses chansons.
Aït Menguellet, originaire d’Ighil Bouammas, village niché dans les chaînes montagneuses du Djurdjura, dans la commune de Iboudraren, daïra d’Ath Yenni, wilaya de Tizi-Ouzou, est né le 17 juin 1950. Il est sans aucun doute l’un des artistes les plus populaires et célèbres de la Kabylie. Il est également considéré comme «un sage», voire même «un philosophe» par ses fans qui ne cessent de s’y référer. A l’âge de 17 ans déjà, il fera ses premiers pas dans la chanson avec un petit groupe nommé Imazighen. Et depuis, l’artiste, qui ne se contentait pas de chanter l’amour uniquement a élargi sa thématique à d’autres sujets, ce qui fera de lui l’une des figures artistiques algériennes les plus réputées et respectées sur la scène nationale. Durant toute sa carrière, il a utilisé la chanson comme moyen pour revendiquer la langue et l’identité kabyles. Toute la puissance de ses chansons et la force du verbe résidait dans la qualité de ses textes. De nombreux ouvrages en tamazight, arabe et français et études ont été consacrés à son œuvre.
Bien qu’Aït Menguellet a à son actif plus de 200 titres, infatigablement, il envisage encore de continuer son chemin de chanteur. Un album est en préparation. «Je viens d’achever la quatrième chanson, et je vais éditer mon nouveau album dès que j’aurai fini la sixième», annonce-t-il. Pour ce qui est de la date de sa sortie ou des sujets traités, l’artiste préfère, comme d’habitude, ne rien déclarer et laisse son public le découvrir au moment opportun. Répondant à une question, Lounis Aït Menguellet confirme : «Vous allez trouver dans cet album le même Lounis rebelle et fidèle à son identité berbère.»
Y. B.