L’engouement du public pour ces documents bourrés de bonnes adresses mais également de culture et d’histoire, est attesté par les éditeurs, libraires et autres professionnels du secteur.
Du guide du routard, aux guides culturels en passant par les monographies et autres résumés historiques, tout y passe. «Rien ne suffit, il n’y en a jamais assez» nous confie un libraire interrogé à la librairie Maison de la presse d’El Biar. «Les guides touristiques font un tabac. Ils sont très demandés. Ici, au centre ville, il y a surtout une clientèle étrangère» ajoute Malika, de la librairie des Beaux-Arts, rue Didouche Mourad. De l’avis de tous, le grand public est friand d’ouvrages qui mettent à sa disposition immédiate des informations autant sur l’origine des noms et la petite histoire des sites historiques que sur les endroits pour aller dîner ou répondre à l’urgence d’un robinet qui fuit et d’une dent enragée !
Cette demande semble moins correspondre au désarroi créé par les mutations perpétuelles des espaces urbains qu’à une quête nostalgique alimentée par le vide qui sévit dans ce domaine. Souvent, les plus demandeurs sont de vieux (ou de jeunes) citadins qui, connaissant leur ville par cœur, n’en sont pas moins heureux d’en voir les lieux identifiés dans des ouvrages de référence comme s’ils avaient peur que ne se perde définitivement la mémoire des noms et des lieux…
Depuis quelques années, les guides se succèdent
Alger semble être la ville qui inspire le plus les éditeurs de guides. Ainsi, le guide «Alger, la capitale», édité chez Al-Bayazin cette année, propose une approche des lieux avant tout historique. D’Ikozim à El-Djazaïr, les périodes vécues par la capitale sont détaillées et surtout très joliment illustrées. Une histoire des lieux est également proposée: Palais de Aziza, Mosquée Ketchaoua, Casbah et autres sites, sont présentés au visiteur. Les costumes algérois, les tableaux de peinture et la côte algéroise y sont explorés. L’année 2007 a enregistré la publication de trois ouvrages sur la capitale : «Le Guide Nomad» de Mohamed Rezala, «Alger en 5 jours» de Safir Benali et «10 balades à Alger» de Philomène Bon et Karine Thomas. Les formats et les approches varient pour occuper un espace éditorial vierge jusque-là. Ces guides ont comme point commun de dépasser leur vocation première d’annuaires pour touristes égarés. Ceci explique-t-il leur prix qui, de 1200 à 1700 dinars, est souvent jugé inaccessible ?
Conçu dans l’enthousiasme et l’humour, Le guide Nomad en particulier semble aussi soucieux de répondre aux besoins des Algérois qu’à ceux des visiteurs. En effet, il va jusqu’à proposer des adresses de plombiers, dentistes et autres mécaniciens ! Edité également en CD ROM, il a demandé à son concepteur une année de recherches sur le terrain. Côté pratique, plus de 2.200 restaurants, hôtels, cafés, salons de thé, magasins, services notés, tous accompagnés de brefs commentaires, sont listés. Souvent testés par l’auteur ou ses collaborateurs. Pour chaque rubrique, sont proposés un index alphabétique et un autre géographique, par quartiers et par spécialités. Une carte d’Alger y est incluse. Les sites historiques de la capitale sont proposés ainsi que les plages qui l’entourent : Sidi Fredj, Palm Beach, Zéralda…
Mohamed Rezala y invite à des «Flâneries de souvenance et de bons endroits quand on séjourne dans la capitale.» La tonalité générale de l’ouvrage est celle d’un amour non dissimulé pour «El Bahdja el Mahroussa ».