Le genre comique semble amorcer une timide résurrection dans la patrie de Rachid Ksentini Rouiched et tous les autres. Satires, chansonnettes, caricatures et comédies vont se succéder sur les planches à Médéa à partir de lundi prochain. L’humour qui fait déjà des ravages dans l’espace public devient un art à part entière, porté par des comédiens décidés à ne lâcher ni l’or ni la grappe ….
Huit troupes vont concourir pour la Grappe d’or du festival. Ce prix sera décerné à ceux qui auront fait le plus rire le public de Médéa durant les 5 jours de ce joyeux festival qui débute le 26 octobre. Selon l’Aps, cette quatrième édition, dédiée cette année à la Palestine, verra se succéder des troupes venues de Tlemcen, Blida, Sidi-Bel-Abbès, Chlef, Mila, Boumerdes, Sétif et bien sûr celle de Médéa. Les œuvres en lice sont "Karim Wa El-Maraya"de la coopérative "Génération 2000" de Tlemcen, "El-Moughafaloune" de l’association "El-Halka" de Blida, "Sayed Bonatila", ide la coopérative "Ed-Dik" de Sidi-Bel-Abbès, et "Douyouf Es-Sénateur", du théâtre de Chlef. Sont également sélectionnées les comédies satiriques "El-Malik Houa El-Malik", produite par la coopérative culturelle et de théâtre de la ville de Mila, "Baroud Bacha" de la coopérative théâtrale de la wilaya de Setif, "El-Inkilab" de la troupe "Boudour El-Fen" de la ville de Boumerdes et, enfin, la dernière pièce mise en scène par la troupe "El-Afrah" de Médéa, est intitulée "Mesmar Djeha". La séance d’ouverture du Festival sera marquée par la présentation, hors compétition, de la très controversée pièce théâtrale "Law Kounetou Falestini" (Si j’étais Palestinien), une production du TNA, écrite par le dramaturge Mahmoud Adouane, et mise en scène par Mohamed Islam Abass. "Les vigiles" du théâtre régional de Bejaia, adaptée du roman du regretté Tahar Djaout, détentrice du premier prix au festival national du théâtre professionnel de juin dernier va clôturer le festival d’une note très sombre. Ainsi, le genre théâtral comique semble entamer une timide résurrection dans la patrie de Rachid Ksentini, Rouiched, Boubagra, Fellag, Sonia et autres Salah Agrout. Le maître incontesté de ce style ardu a été le regretté Rachid Ksentini qui a ridiculisé le colonialisme à sa manière. De son vrai nom Rachid Belakhdar cet enfant de la Casbah est né le 11 novembre. Apprenti ébéniste auprès de son père à Bab El Oued jusqu’en 1914, il s’engage comme matelot dans la marine marchande et part en France, à la veille de la Première Guerre mondiale. Son métier le fait voyager en Europe, Amérique du Nord, Chine et Inde. En 1925, de retour au pays et il rencontre Sellali Ali dit Allalou qui lui propose d’intégrer sa troupe théâtrale Ezzahia. Le 26 octobre Rachid Ksentini apparaît pour la première fois sur les planches. Il subjugue alors le public jusqu’à nos jours. Ses chansonnettes satiriques à fond social sont encore dans bien des têtes. «Rajel machi, rajel machi oui ayat baba kerchi/felfel torchi, fefel torchi oual khbiza mattizichi ! L’homme marchait en criant ô mon pauvre ventre, le poivron et le pain n’ont pas suffi !» Il a exprimé à sa manière corrosive la misère des humbles et la faim des pauvres gens. Ksentini a fait école et les générations suivantes en ont pris de la graine.