Le Midi Libre - Culture - De Palerme à Kaboul, la détresse humaine
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Premières journées cinématographiques d’Alger
De Palerme à Kaboul, la détresse humaine
7 Octobre 2009

A la troisième journée de la manifestation cinématographique organisée par l’association des réalisateurs indépendants «A nous les écrans», les spectateurs ont voyagé de la Sicile à l’Afghanistan en passant par Delhi en Inde. A travers deux documentaires et une fiction, ils ont découvert diverses situations de détresse, vécus sous d’autres cieux.

«Via Via circulez», documentaire de 52 minutes réalisé par Dorine Brun a été le premier film à être projeté à la salle Cosmos de l’Oref, mardi. Tout juste débarquée de Paris, la jeune réalisatrice française n’a pas eu à défendre son film qui a remporté un vif succès auprès du public restreint qui a assisté à la projection. Se promenant au cœur de la ville, sa caméra va de piazza en piazza à la rencontre de ceux qui gagnent leur vie en gérant illégalement les parkings. Rosario, Pasquale et Mimmo, Enzo, Umerto et Mohammed, Gaetano, sont des parcheggiatori c’est-à-dire des parkingueurs, comme on en connaît chez nous. Personnages haut en couleur et à la verve acide, ils se débrouillent dans une région où, disent-ils «pour survivre, il faut être malin, car il n’y a pas de travail». Et d’incriminer la maffia qui fait fuir les entrepreneurs en exigeant le Pizzo, forme italienne de notre tchipa nationale. Pourtant, ces révoltés qui dénoncent le racket et la corruption qui bloquent le développement économique de leur région gagnent leur vie illégalement, depuis parfois de nombreuses décennies en percevant quelques euros en échange de la surveillance des voitures particulières. Extrêmement bien organisés, ils distribuent des cartes et notent les horaires pour mieux gérer les voitures en stationnement. Ce job curieusement toléré par la police, est souvent obtenu contre versement mensuel d’un petit pizzo à celui qui a cédé sa place. «Les gains s’élèvent jusqu’à 120 euros par jour» explique Enzo, maître de sa place depuis 40 ans. Il explique en riant qu’il ne paye ni l’électricité, ni l’eau en trafiquant les compteurs. Pour améliorer ses gains, il capture des dizaines de chardonnerets, espèce protégée dont la chasse est interdite, et les revend à bon prix. Dans ce petit monde régi par une hiérarchie invisible quasi féodale, la solidarité n’a pas disparu. Emu par la misère de son neveu, père de famille chômeur, Enzo explique qu’il le fait travailler avec lui, partageant ses gains. Durant 52 minutes, la réalisatrice croque des personnages fiers pleins d’humour et de hargne contre le gouvernement qu’il traite de maffieux en bloc. «Je n’ai pas eu à faire d’efforts, ils étaient à l’aise devant la caméra et adoraient se mettre en scène», a déclaré la cinéaste qui a souligné qu’après la sortie de son film, la police s’est mise à pourchasser les parcheggiatori. Après cette virée dans une Italie étonnamment familière, les spectateurs ont complètement changé de planète en suivant le destin de Ravi, un jeune Indien de Paris obligé de se marier à Delhi pour ne pas déshonorer sa famille. Ce documentaire d’Hélène Chauvin, également fraîchement débarquée de Paris, filme les états d’âme d’un jeune homme souvent dans tous ses états, déchiré entre le désir de plaire à sa famille et l’indifférence totale que lui inspire, Sushil la ravissante fiancée que lui a choisie sa sœur. Cérémonie du henné, mariage collectif sous l’égide d’un puissant gourou, bain du marié, cortège nuptial, repas traditionnel…, la caméra de la jeune française qui est une amie de Ravi, ne rate aucun plan. Pourtant «Invitation au mariage», en filmant les traditions indiennes sans les comprendre, véhicule un regard qui s’apparente à celui des ethnomusicologues qui ont accompagné Napoléon Bonaparte lors de sa campagne d’Egypte. «Les Arabes jouent naturellement», déclaraient-ils incapables de saisir le quart de ton. La présence de la cinéaste, chaleureusement accueillie par ailleurs, tout au long de ces noces, pourrait fort bien avoir eu une sorte d’impact sur Ravi, qui dévoile brutalement sa colère devant la caméra, sans aucun égard pour son épouse, visiblement blessée. Le film de la soirée a été «L’enfant de Kaboul», une fiction de Barmak Akram, qui a connu un succès international. Aujourd’hui sont programmés, «La Jeune femme et l’instit» court métrage du Marocain Mohamed Nadif, puis «Clan Destin» de l’Algérien Abdelhamid Krim. «Les Sénégalaises et les Sénégauloises», documentaire d’Alice Diop sera projeté avant le film de clôture «Looking for Eric» de Ken Loach. Il sera précédé par la cérémonie de remise des prix du concours national du meilleur scénario et de ceux des participants à ces premières JCA.
K. T.

Par : Karimène Toubbiya

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