Durant le second festival panafricain qui a eu lieu en juillet, deux artistes peintres ont travaillé d’arrache-pied dans leur résidence artistique de Zéralda. Leurs œuvres exposées face à face, par l’UNAC, à la galerie d’art du boulevard Pasteur sont à couper le souffle. Encadré par Hamza Bounoua, les jeunes plasticiens congolais et algérien, Joe Okitawonya Wemanonge et Drici Hacen prouvent que l’après Panaf réserve encore de belles surprises.
Les deux élèves de l’Ecole nationale des Beaux-Arts d’Alger réunis en résidence de création à l’initiative de leur encadreur Hamza Bounoua, offrent aux visiteurs deux expressions picturales très différentes et étonnamment complémentaires. Explosion de couleurs et de formes pour le jeune natif de Kinshasa, qui donne à l’acrylique sur toile une vibration de feu d’artifice. Etrange planète glaciale et épurée pour le fils de Bouira qui travaille huile et pierre noire sur toile. Entre ces deux univers singuliers, quelques unes des toiles verticales et longilignes de Bounoua, si caractéristiques du travail de cet artiste né en 1979 et dont les prix et distinctions ne se comptent plus. Pris entre lettres et couleurs, ses personnages d’une rigidité de sculpture semblent examiner la complexité de l’univers. Les tableaux de Joe Okitawonya, né en 1978 à Kinshasa et qui vient d’obtenir son diplôme de fin d’étude de l’Ecole des Beaux Arts d’Alger sont une grande fête visuelle. Avec des couleurs pures et complémentaires, le peintre nous parle d’Afrique, de femmes, de fruits et de …la panne de tout un continent. Les bleus, violets et noirs superposés aux jaunes, orangés, rouges et verts habitent un trait ludique d’une simplicité quasi géométrique. Des visages en masques lunaires ou fins et allongés, des corps à l’accent rupestre, des collages et des matières en relief offrent comme une alternance de jours et de nuits, un rythme puissant. Monde où la couleur est à la fois explosive, somptueuse et inquiétante. Où la couleur devient forme à part entière. Lorsqu’on s’arrache enfin à cet univers kaléidoscopique, c’est pour errer entre les monuments glacés et dans le monde infiniment mystérieux de Drici Hacen. Ruelle, fenêtre, acropole, villages brûlés, cathédrales ou mosquées, les formes extraordinairement épurées de Drici semblent être prises dans le gel. Le visiteur est happé par un monde poignant, presque monochrome où des formes à peine esquissées créent une architecture d’une grande élégance. Le trait suggère sans jamais détailler et pourtant on glisse sur la glace à travers des palais, des arches, des colonnes, de hautes fenêtres à vitraux où s’allument des lumières. Miracle d’un monde créé au bout du pinceau et qui nous transporte dans une sorte de futur déjà passé, virtuel mais terriblement signifiant, comme dans les rêves. «A travers leurs œuvres, j’ai relevé une grande sensibilité artistique qui est un message visuel dont les traits s’apparentent à la culture algéro-africaine dans toute sa dimension. Ces idées dénotent de l’âme artistique contemporaine avec des techniques expressionnistes qui prennent le dessus. Celui qui les contemple voit en elles un poème visuel ouvert sur toute la beauté du continent noir abreuvé de toutes les couleurs africaines.» écrit Bounoua en introduction au catalogue de l’expo. «Afrique Worshop» est à découvrir à la galerie Racim jusqu’au 30 septembre. A ne rater sous aucun prétexte.