Une répétition finale de la pièce a été donnée au Théâtre national algérien Mahieddine Bachtarzi (TNA). Les représentations ont eu lieu durant trois jours, le mercredi, le jeudi et le vendredi. Une pièce de théâtre qui donne un avant-gout du Festival national du théâtre professionnel qui se déroulera du 24 mai au 4 juin au TNA.
Mercredi dernier, aux alentours de 19h00, le Théâtre national algérien semblait être en journée de relâche. Le petit public qui s’accumulait devant les grandes portes closes essayait de déceler à travers les vitres le moindre signe d’animation. Tout portait à croire que nous nous sommes trompés de jour, mais en faisant le tour du théâtre par hasard, nous apprenons que l’entrée principale est temporairement hors service, sans doute pour des travaux en préparation du Festival national du théâtre professionnel qui commencera dans quelques jours. Comme aucun écriteau n’indiquait la chose, une partie du public a dû manquer la représentation.
Le metteur en scène Haïder Ben Hocine a présenté un ‘’filage’’ de sa dernière production, "Le professeur Klenow", mise en scène par Hamza Djaballah. Il s’agit d’une adaptation faite à partir de l’œuvre de l’auteur danoise Karen Bramson qui a été jouée la première fois en 1923. La pièce relate le quotidien d’Elise, jeune fille de 22 ans, que son père, rustre et avare, exploite pour attirer la clientèle dans son débit de boissons. Lassée de cette situation, Elise est sur le point de se suicider lorsqu’un homme ‘’moche’’, le professeur Klenow, vient s’interposer entre elle et le vide. Il lui offre de l’héberger et s’éprend d’elle sans le lui avouer. Cependant, Elise s’entiche du bel homme Fidel, un proche ami du professeur. Ces derniers entrent alors en conflit et le professeur propose à Elise de l’épouser et de l’emmener en voyage. Cependant, l’histoire n’est pas prise ainsi dans sa linéarité, elle s’entame par une narration rétrospective faite par Marie, la domestique, qui installe le spectateur dans le présent des événements et lui permet d’en suivre la progression. Le personnage de Marie, quoiqu’il semble secondaire, est en fait le fil conducteur de la pièce et le seul point de vue qui garde une certaine objectivité face aux ardeurs qui se déchaînent, ce qui lui permet de constituer un repère et d’imposer une distance au spectateur. Elle tient d’ailleurs une lanterne en main avec laquelle elle éclaire successivement les visages des personnages au début de la pièce, comme pour symboliser sa tâche à venir. L’histoire des trois amants évoque quant à elle la thématique de Quasimodo et le choix impossible entre Klenow et ses déformations physiques (sur lesquelles la mise en scène insiste) et le charmant et vaillant Fidel. Avec son décor très basique, la représentation axe surtout son intérêt sur la langue fluide et simple (arabe classique) que les comédiens ont su mettre à profit dans la succession de duels verbaux auxquels ils s’étaient livrés. La pièce se termine par une reprise d’une séquence du début, avec une inversion des rôles pour les comédiens, ce qu’on serait tenté de prendre pour un clin d’œil à La cantatrice chauve d’Eugène Ionesco.