Dans le cadre du dixième Festival culturel européen à Alger, La salle Ibn Zeydoun offrait sa scène à un concert lors d’une première soirée représentative de la France. Ouverture culturelle et diversité oblige, le choix s’est porté sur Habib Koité.
Ce symbole musical malien est le descendant d’une longue lignée de musiciens. Habib Koité devient guitariste et développe son jeu en accompagnant sa mère qui chantait lors de cérémonies traditionnels.
Etudiant puis professeur à l’Institut national des arts de Bamako, ce virtuose a formé et encadré les jeunes talents de son pays dix-sept années durant. Habib a connu la vraie scène pour la première fois avec son groupe, lui aussi issu de l’institut et baptisé Bamada, surnom donné aux résidants de Bamako.
En 1991 le groupe remporte le premier prix du festival Voxpole, ce qui lui ouvre les portes des studios et des radios, notamment celles de Radio France Internationale. Par la suite la dernière ligne droite vers le succès de Habib Koité et sa bande a été la rencontre avec l’agence artistique «Contre-jour» qui a extirpé la troupe des scènes de Bamako pour leur offrir leur première tournée hors du continent africain.
Jeudi soir, pour le plus grand plaisir des mélomanes, le fruit de trente années de travail était offert au public algérois. Habib Koité et Bamada étaient sur scène. La salle était archicomble près d’une heure avant le début du concert. Habib fait son entrée devant un grand nombre de ses compatriotes venus l’applaudir. Sur scène ils étaient six à mettre le feu à Ibn Zeydoun et à faire découvrir leur musique.
La voix typiquement africaine de Habib, à la fois puissante et ébréché a captivé la salle. Son jeu de guitare fascine et convainc les plus difficiles.
Après les premiers morceaux de world music tel que Namania, Kone Mahamadou, le percussionniste de la bande fait bouger les corps sur un rythme que seuls les enfants de Bamako savent reproduire. On découvre aussi une influence cubaine dans les rythmes ce qui rend cette musique plus entraînante. Dans la salle, les jeunes Maliens présents sont les premiers à donner des cours de danse à qui veut apprendre.
Aussi sur scène on découvre des musiciens multidisciplinaire, Habib maitrise aussi bien la flûte que la guitare, sans parler du "percu" qui change d’instrument à chaque chanson.
Comme lors de la chanson Fimani fusion afro-blues qui initie le public au monde des chasseurs maliens.
Mais en fin de compte les plus surpris seront les artistes eux-mêmes qui ne s’attendaient pas à autant d’adhésion ni à autant de fusion avec le public algérois. Le groupe a regretté que beaucoup d’amateurs aient raté ce trip très énergique et tout aussi envoûtant. Ce fut le cas puisque la salle ne pouvait contenir tous les amoureux de la world music ni tous les mélomanes d’Alger, hélas !
N’empêche que pour ceux qui y étaient, Habib Koité et Bamada sur scène sont un bel exemple d’un progressisme musical légèrement réactionnaire. Ce groupe est surtout représentatif de toute une génération malienne et lui a fait honneur.