L’ancien Chef de gouvernement Sid Ahmed Ghozali à procédé à une vente dédicace de son ouvrage Question d’Etat dans lequel il revient sur son parcours et sur les annales de l’Etat algérien.
C’est dans une ambiance de nostalgie et de retrouvailles que s’est déroulée, jeudi dernier, la séance de dédicace de Sid Ahmed Ghozali autour de sa dernière publication, Question d’Etat (Casbah Editions). En effet, ce sont surtout d’anciens collègues de l’auteur et des amis perdus de vue qui se sont retrouvés à la librairie Socrate.
Question d’Etat est la reproduction d’un entretien-fleuve (plus de 160 questions) réalisé par Mohammed Chafiq Mesbah pour le compte de deux quotidiens algériens. Engagé initialement sur l’histoire de la nationalisation du pétrole et sur la genèse et le développement de la SONATRACH, l’entretien aboutit sur un large éventail de sujets traités et un tour d’horizon qui éclaire un grand nombre de zones d’ombre de l’histoire contemporaine de l’Algérie. Comme l’explique l’auteur dans son imposant avant-propos, l’entretien « a traversé, chemin faisant, la politique intérieure dans certains de ses développements cruciaux depuis l’indépendance à nos jours, les problématiques nationales passées, présentes et à venir, la diplomatie et les stratégies nationales et internationales, les géopolitiques régionales ».
Ayant occupé des postes-clés depuis l’Indépendance jusqu’au début des années 1990 (Responsable de SONATRACH, ministre de l’Industrie et de l’Energie, ministre des Finances, puis ministre des Affaires étrangères et enfin Chef de gouvernement), Sid Ahmed Ghozali utilise ses 30 années de carrière comme référentiel historique pour aborder les différents thèmes évoqués tout au long de l’entretien. Ainsi, Sid Ahmed Ghozali évoque en premier lieu sa naissance à Tighenif, son cursus scolaire à Tlemcen, Oran, Alger et à Bordeaux, puis le début de sa carrière pétrolière : « Pour les diplômés de ma génération, ce sont des circonstances qui nous ont conduits très jeunes à la tête d’administrations laissées vacantes aux instants de l’indépendance recouvrée. On ne saurait donc parler de choix de carrière ou de vocation. Nous sortions frais émoulus de l’université à un moment exceptionnel de l’histoire de notre pays ». Le discours s’éloignera progressivement des propos biographiques pour revenir sur la période postindépendance, sur les accords d’Evian, les concessions éventuelles accordées aux Français en matière d’activité pétrolière, jusqu’à la nationalisation des hydrocarbures et la création de SONATRACH. L’entretien s’attardera essentiellement sur ce dernier chapitre, en abordant la politique pétrolière de l’Algérie au lendemain de l’indépendance, le type de rapport qu’elle entretenait avec la France, l’Italie, l’Allemagne et les USA en matière d’exportation (du gaz notamment) jusqu’au déclenchement de l’affaire El Paso en 1979, puis la loi de 1991 initiée par Ghozali pour l’élargissement du champ de partenariat de SONATRACH. L’entretien s’étend ensuite sur les événements d’octobre 1988 ( l’aboutissement d’une déboumédiénisation frénétique) puis sur l’interruption du processus électoral en 1991, l’instauration du HCE et le retour de Boudiaf. L’entretien s’étale, enfin, en guise de conclusion, sur la situation que vit l’Algérie actuellement : la révision de la Constitution, la réélection du Président, le poids des partis de l’opposition et les perspectives à envisager pour sortir du statu quo.
Ainsi, à travers l’évocation de trois décennies de service, Sid Ahmed Ghozali procède à une analyse profonde et lucide des différents mécanismes du système algérien et de son histoire et impose Question d’Etat comme un document incontournable pour la connaissance de l’histoire moderne de l’Algérie.