Avec « Maradona » de Kusturica, « Musée haut Musée bas » de Ribes ou «Un crime dans la tête » de Demme, les cinéphiles peuvent savourer un cocktail de rires et d’actions non dénué de tout intérêt philosophique ou esthétique.
Le talent d’acteurs prestigieux vaut à lui seul le détour. Si Musée haut Musée bas propose une distribution où les meilleurs acteurs français se bousculent dans des situations d’une cocasserie irrésistible, l’excellent remake 2004 du thriller américain sorti en 1962 Un crime dans la tête est littéralement fascinant. Denzel Washington y campe un capitaine Marco de l’armée américaine tout aussi écrasant que celui interprété par Frank Sinatra dans la première version. Quant au documentaire sur la fabuleuse histoire du dieu déchu du football, filmé par son plus grand fan, il est à couper le souffle. Sorti le 28 mai 2008, le film promène le spectateur une heure trente durant de Buenos Aires à Naples sans oublier l’île de la Liberté, sur les traces de cette idole des amoureux du foot. A travers cet exemple, la vie y est explorée dans toutes ses dimensions. De l’extrême allégresse à la détresse, dans ses hauts et également ses bas. C’est également cette extrême instabilité des choses de la vie dont il est question dans la trame farfelue du film de Jean-Michel Ribes, sorti le 19 novembre 2008. Cette comédie dont les séquences ont le foisonnement généreux de la nature a comme sujet le combat incessant de l’être humain contre cette même nature. Un directeur de musée et toute son équipe mènent une course perdue d’avance contre la planète qui envoie ses grouillements végétaux et animaux à l’assaut d’un musée imaginaire situé nulle part. Pendant que les administrateurs se livrent à la chasse de tout ce qui est vert et vivant, les visiteurs n’en finissent pas d’envahir le musée en rangs serrés. Le réalisateur critique le snobisme, les attitudes affectées de l’artistiquement correct et les errements de ceux qui, ne comprenant rien à l’expression artistique, n’en prennent pas moins la pose. Une pléiade d’artistes français, dont Michel Blanc, Victoria Abril, Pierre Arditi pour ne citer que ceux-là, se livre joyeusement dans une cascade de situations improbables jusqu’à la défaite finale de l’humanité qui fait naufrage avec le musée. Les clins d’œil nombreux au monde de l’art et de la philosophie ainsi que le merveilleux décor du Petit-Palais assurent un moment de détente aussi laborieuse qu’une partie d’échecs ! Quant à Un crime dans la tête, les amateurs de série noire en auront pour leur argent. Adapté d’un roman de Richard Condon, The Manchurian candidate paru en 1960, le film narre avec une grande sobriété l’un des cauchemars humains les plus récurrents. Celui de la manipulation à distance des cerveaux humains à des fins d’hégémonie et de pouvoir. Manchurian Global, nouvelle version du péril chinois des années 60 est une multinationale qui, pour s’assurer la prise de pouvoir aux USA, opère une transformation des cerveaux d’une section de militaires américains durant la guerre du Golfe. L’intervention faite par un chirurgien sud-africain est tellement efficace que le capitaine Marco et son sergent n’hésitent pas à tuer froidement leurs camarades sur simple demande. C’est justement le sergent Shaw, qui, une fois rentré de guerre avec la plus haute distinction militaire, est poussé par sa mère pour être candidat à la magistrature suprême. Bien sûr, cette mère, sénatrice dévorée d’ambition, est au service de Manchurian Global. Le jeune sergent amorce une ascension politique remarquable pendant que ses camarades du front sont assaillis de cauchemars qui ne l’épargnent pas. C’est en réalité la mémoire humaine qui se rebelle contre l’effacement dont elle a été victime et qui restitue aux soldats la réalité de faits atroces. Prenant conscience de cela, le capitaine Marco mène un de ces combats pour la vérité dont les films américains sont si prodigues. Avec des images d’une beauté époustouflante et un happy end garanti, le spectateur paresseux est assuré de passer un moment de bonheur sans nuage.