Après le très remarqué "Roma Wala N’touma" sorti en 2007, "Gabbla" (Inland) , le second long métrage du réalisateur algérien Tariq Téguia, sorti en mars 2009 et sélectionné à la 65ème Mostra de Venise, attend toujours son visa d’exploitation.
«I nland le prouve, un grand cinéaste est né, il nous vient d’Algérie» signalait récemment un confrère du journal Le Monde alors que Libération n’hésitait pas à taxer Tariq Téguia de «John Ford berbère ». Gabbla qui a remporté le prix Fipresci de la critique internationale au dernier festival de Venise n’en finit pas de susciter les louanges de la critique internationale et d’exciter la curiosité des spectateurs algériens impatients de le voir enfin. Et quoi de plus légitime pour un film tourné en Algérie par un Algérien que d’être vu, dans le pire des cas, en même temps qu’à l’étranger ? Malheureusement que nenni, malgré le dépôt du dossier il y a un peu plus d’un mois, le visa d’exploitation n’a pas encore été accordé au film qui pourra être distribué dans les salles du pays. «Rien que de très normal » nous a assuré Yassine Téguia , producteur du film et frère du réalisateur. Ce film, comme Roma Wala N’touma, semble avoir comme héros l’espace et le temps qui approfondissent à mesure qu’ils s’étirent le tragique des situations vécues par des hommes et des femmes de pays en mal de tout. Si Kamel et Zina cherchaient, à travers des pérégrinations dans la banlieue d’Alger, le faux-passeport qui leur ouvrira les portes d’un avenir différent, Malek (Kader Affak) et la jeune femme (Ines Rose Djakou) venue des contrées sub-sahariennes s’enfoncent au contraire toujours plus avant dans le Grand Sud. Né en 1966, Tariq Téguia est probablement l’un des plus prometteurs parmi la nouvelle génération des cinéastes algériens. Docteur en esthétique, Tariq Téguia a fait ses débuts picturaux comme photographe de presse. Il a également été enseignant à l’Ecole des Beaux-Arts d’Alger. Avant Roma Wala N’touma qui a obtenu de nombreuses distinctions internationales, il a réalisé quatre courts métrages : Kech’mouvement (1996) ; Le Chien (1996) ; Ferrailles d’attente (1998) et La Clôture (2002). Ces œuvres annonçaient déjà le regard singulièrement distant et les espaces désertiques que sa caméra affectionne. Gabbla est réalisé avec le soutien financier du Fonds de développement des arts, des techniques et de l’industrie cinématographique (FDATIC) dépendant du ministère de la Culture, de Hubert Bals Funds (Pays-Bas) et du Fonds Sud du ministère français des Affaires étrangères.