Avant d’être assassiné, par le Mossad, en 1972 à Beyrouth, à l’âge de 36 ans, Ghassan Kanafani, journaliste et romancier a écrit un nombre important d’œuvres littéraires. En publiant en 2005, le rapport d’Eitan Haber (journaliste et proche collaborateur deYitzhak Rabin), le journal israélien Yedioth Ahronoth révèle le vaste plan de liquidation qui vise alors les intellectuels palestiniens et arabes.
En bourrant d’explosifs la voiture du jeune Palestinien, les services secrets israéliens ont interrompu sa vie, une des plus politiquement actives et artistiquement fécondes. Celle de la petite Lamis, sa nièce qui l’accompagnait ce jour-là n’est pas épargnée non plus. Ghassan Kanafani avait déjà publié dix-huit livres et écrit des centaines d’articles sur la culture, la politique et la lutte de son peuple. Israël a ainsi haineusement supprimé une enfant et un des esprits les plus humanistes de son temps. «Pour faire la révolution, il ne suffit pas de haïr et de croire au passé. La haine et la foi dans le passé ne sont de bons stimulants que dans la phase de révolte. Si nous souhaitons mener à bien la révolution, nous devons aimer et nous tourner vers l’avenir». Ses écrits, enracinés dans la culture populaire, ses actes profondément engagés, ont inspiré des générations entières. Ghassan Kanafani est né à Acre au nord de la Palestine le 9 juillet 1936. Puis, il a vécu à Jaffa jusqu’en mai 1948. Puis il s’est réfugié avec sa famille au Liban puis en Syrie. Il a également vécu au Koweit puis de 1960 à son assassinat à Beyrouth. Auparavant, il est expulsé en 1955 de l’université de Damas pour appartenance au MNA (mouvement nationaliste arabe) dans les rangs desquels il a été recruté par Georges Habache. Installé au Koweit, il est professeur de littérature. Il édite le journal al-Ra’i fondé par Habache. Puis el-Hurriya, à Beyrouth en 1960. Mariée à une militante danoise, Anni Hover, il en a deux enfants. Il collabore à plusieurs journaux. Il en fonde un certain nombre dont El-Hadaf. A la création du FPLP en 1967, il en est le porte-parole. Le mouvement issu de l’aile gauche du MNA se dote d’un programme révolutionnaire essentiellement rédigé par Ghassan Kanafani. Son écriture littéraire novatrice et de portée universelle lui a valu un grand nombre de prix de son vivant et à titre posthume. Ses ouvrages traduits dans pas moins de 17 langues et publiés dans plus de 20 pays, ont tous été réédités. Deux de ses œuvres ont été adaptées au cinéma. Il s’agit de la nouvelle «Des hommes dans le soleil» qui relate la lutte désespérée des Palestiniens pour survivre et «Ma tabaqqa lakoum» qui traite du calvaire des Palestiniens, considérée comme «une réalisation des plus réussies de la fiction arabe moderne.» K. T.
Bibliographie
"Mawt al-sarîr raqam 12" (La mort du lit numéro douze) – 1961, "Rijâlun fi al-Shams" (Des hommes dans le soleil) – 1963, "Ard al-burtuqâl al-hazîn" (La terre des oranges tristes) – 1963, "Al-Bâb" (La porte) – 1964, "Âlam laysa lanâ" (Un monde qui n’est pas le nôtre) – 1965, "Ma Tabaqqa lakum" (Tout ce qui vous est resté) – 1966, "Al rijâl wa al-Banadiq" (A propos des hommes et des fusils) – 1968, "Umm Sa’ad" (La mère de Saad) – 1969, "A’id ilâ Hayfâ" (Retour à Haïfa) – 1969, "Al Ashiq" (L’amant) – 1972 – inachevé, "Al a’ma wa al-‘trash" (L’aveugle et le sourd) – 1972 – inachevé. En français : "Retour à Haïfa et autres nouvelles",1997.