Le Midi Libre - Culture - «Nous aimons la vie autant que possible »
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Merveilleux écrivains palestiniens
«Nous aimons la vie autant que possible »
4 Janvier 2009

Meurtris par les exactions sionistes et les trahisons de tout acabit, survivant à de multiples exils, dressés contre la pire des oppressions, les poètes et écrivains palestiniens forment une brillante cohorte de créateurs dont le verbe éblouit la planète et constitue une arme redoutable.

«Et nous, nous aimons la vie autant que possible/Nous dansons entre deux martyrs./ Entre eux, nous érigeons pour les violettes un minaret ou des palmiers/Nous aimons la vie autant que possible/Nous volons un fil au ver à soie pour tisser notre ciel clôturer cet exode/Nous ouvrons la porte du jardin pour que le jasmin inonde les routes comme une belle journée/Nous aimons la vie autant que possible/Là où nous résidons, nous semons des plantes luxuriantes et nous récoltons des tués/Nous soufflons dans la flûte la couleur du lointain, lointain, et nous dessinons un hennissement sur la poussière du passage/Nous écrivons nos noms pierre par pierre.
Ô éclair, éclaire pour la nuit, éclaire un peu/Nous aimons la vie autant que possible.» Ce poème est de Mahmoud Darwich, le diseur fantastique qui s’est éteint en août 2008 laissant le monde orphelin de son verbe quintessenciel. Mort à l’étranger où il était exilé depuis 20 ans, après une vie tumultueuse sur sa terre natale. «Nous aimons la vie autant que possible, nous dansons entre deux martyrs… » écrivait donc le poète qui savait, comme tous ses frères de Palestine, exactement de quoi il parlait, lui qui vivait entre Ramallah et Amman et qui n’a pu remettre les pieds en Israël qu’en mai 1996 afin d’assister aux obsèques d’un autre génie de la plume : l’écrivain Emile Habibi.
À mesure que paraissaient ses romans, l’anathème dont a souffert ce dernier en tant que  «Palestinien de l’intérieur » s’est estompé. Seule survit sa figure de créateur audacieux. Il laisse à sa mort une véritable moisson.
Quant à Mahmoud Darwich, ses œuvres poétiques sont traduites dans presque toutes les langues de la planète. Tout aussi mouvementée est la vie de Liana Badr, cette auteure devenue responsable du secteur audiovisuel au ministère de la Culture palestinien. Egalement contrainte à l’exil, elle et sa famille sont obligés de quitter Jericho pour Amman dans les années 70.
Diplômée de philosophie et de psychologie de l’université de Beyrouth, elle doit interrompre ses études lorsque éclate la guerre civile libanaise. Journaliste à Beyrouth jusqu’à l’invasion israélienne de 1982, elle rejoint Damas d’où elle est expulsée en 1986 et part pour la Tunisie. Portant une attention particulière à la condition des femmes arabes, elle dirige un travail collectif dans le cadre de l’Union des femmes palestiniennes en Jordanie et travaille dans les camps libanais de Sabra et Chatila. Elle use d’ un langage nouveau et écrit l’histoire de son peuple dans la langue de tous les jours. Elle dénonce autant l’oppression de son peuple que celle des femmes dans des sociétés où règne « l’apartheid sexuel et la prison symbolique » pour citer le regretté anthropologue algérien Mahfoud Bennoune.  Plusieurs de ses romans ont été traduits en français et en anglais, notamment «Une boussole pour un soleil» (1979), «A Balcony overlooking Fakahani» (1983), «The Eye of the mirror» (1991), et «Etoiles sur Jéricho «(2001).
Ghassan Kanafani  (1936-1972) a également consacré son talent et sa plume au combat de son peuple. Né à Acre, élevé à Jaffa et exilé après 1948, il a été instituteur à Damas en 1953 puis il s’installe au Kowiet et ensuite à Beyrouth. Il collabore à différents journaux puis dirige Al-Hadaf , organe central du FPLP. Son assassinat à l’âge de 36 ans par les services secrets israéliens mettent un terme à une carrière d’écrivain très dense : nouvelles, pièces de théâtre, romans … Son testament artistique est riche et original. Ses œuvres traduites sont : Des Hommes dans le soleil, suivi de L’Horloge et le désert et Oum-Saad la matrice,1977, Contes de Palestine, 1979 et Retour à Haïfa et autres nouvelles, 1997 . La liste des plumes palestiniennes, s’allonge ainsi indéfiniment confirmant que le bouillonnement littéraire et artistique est le corollaire obligatoire des luttes populaires pour la dignité et la liberté. Jabra Ibrahim Jabra  (1920-1994), Ezzidine Al-Manacirah né en 1946, Layla Nabulsi née en 1961, Samih Al-Qasim né en 1939, Anton Shammas né en 1950, Sami Al-Sharif né en1962,Ibrahim Souss né en 1943, Tamim Al-Barghouti né en 1977, Fadwa Touqan né en 1917, Sahar Khalifa née en 1941, autant de talents brillants qui ont eu et ont encore la Palestine au cœur.
K. T.

Par : Karimène Toubbiya

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