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Concert de musique africaine ce jeudi
Bassékou Kouyaté, le magicien du n’goni à la salle Ibn Zeydoun
10 Novembre 2008

Le public algérois aura l’occasion de découvrir ce jeudi à 19h à la salle Ibn Zeydoun, le virtuose de la musique africaine, le chanteur malien, Bassékou Kouyaté qui donnera un concert organisé par le CCF. De Bamako au Tennessee, le musicien ensorcelle toute la planète au son du n’goni, instrument de musique traditionnel malien chargé d’histoire.

Ainsi, l’espace d’une soirée, les présents seront transportés dans une ambiance électrique que créera dans une potion magique, Bassékou Kouyaté qui se produira avec son ensemble pour la première fois en Algérie. Son dernier album "Ségu blues", vibrant et éclectique, est né d’une démarche musicale axée principalement sur l’instrument traditionnel, le n’goni. En se frottant aux autres cultures, le Malien offre au n’goni une véritable cure de jouvence. "Bassékou n’est pas seulement un maître en ngoni, mais il est un catalyseur pour la modernisation des instruments. Il a porté cet instrument traditionnel malien à un nouveau stade… Le groupe Ngoni ba n’est rien moins qu’extraordinaire. Ce qu’arrivent à créer ces musiciens est une bénédiction pour les sens. Leur musique est une potion magique nécessaire’’, disent certains critiques. En effet, en formant Ngoni ba (le grand ngoni), Bassékou Kouyaté a donné naissance au premier quartet de l’histoire de la musique malienne et considérablement étendu les possibilités de cet instrument traditionnel en l’ouvrant aux gammes du jazz et du blues. Virtuose du n’goni, Bassékou Kouyaté a acquis une solide notoriété en collaborant avec de nombreux musiciens du Mali et d’ailleurs. Il a notamment accompagné Toumani Diabaté (Kora) et Keletigui Diabaté (Balafon). Il a en outre participé au projet Kulanjan enregistré avec Taj Mahal. Bassékou Kouyaté est également l’un des principaux musiciens de l’album posthume d’Ali Farka Touré, Savane, qui le surnommait "Le diamant noir". Enfin, il occupe une place de choix dans le nouvel album de Dee Dee Bridgewater, Red Earth. Du Mali au Tennessee, Bassékou Kouyaté ensorcelle toute la planète au son du n’goni, instrument de musique traditionnel malien chargé d’histoire.
Adulé par les plus grands noms du blues et du jazz, Taj Mahal en tête, l’artiste mêle avec une grâce et une virtuosité extraordinaire les sons nés au bord du fleuve Niger et ceux créés sur les rives du Mississipi.
De Toumami Diabate à Carlos Santana en passant par Ali Farka Touré et Bonnie Raitt, Bassékou Kouyaté a multiplié les expériences et les collaborations artistiques qui ont enrichi d’autant sa musique. Et ce n’est qu’un juste retour des choses si Bassékou Kouyaté décroche le 10 avril dernier une double distinction aux BBC Music Awards (meilleur artiste africain de l’année et meilleur album world music pour Segu Blue). Une performance rare pour cette compétition, saluée par les critiques.
Bassékou Kouyate naît en 1966 à Garana, un petit village du nord-est du Mali, si minuscule qu’en l’absence d’état civil il n’y a aucun enregistrement officiel de sa naissance. Ses premières apparitions publiques remontent à 1978 et 1979 lorsqu’il accompagnait sa mère chanteuse lors d’une tournée en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso. Son instrument - le ngoni - est une sorte de luth rudimentaire, dont le son se situe entre le oud (luth arabe) et le banjo. On dirait un manche à ballet raccordé à un socle de bois. Kouyaté le pose sur ses genoux, le gratte et le pince pour accompagner notre entretien d’un bruit de fond. Et illustre occasionnellement certains de ses propos par de courtes mélodies. Le ngoni est l’instrument ancestral du Mali, alors que la kora, qui est davantage un croisement entre la harpe et le luth, a été importée de Guinée-Bissau. Raison pour laquelle il lui préfère le premier. Ses parents prétendaient que seules les personnes privilégiées pouvaient entendre un tel instrument.
Kouyaté s’est formé au sein du Ngoni Orchestra, un groupe composé de 17 joueurs parmi les plus expérimentés, de quatre chanteurs et de deux joueurs de calebasse. Mais après quelques succès, le groupe a connu des difficultés financières. Bassékou prête alors ses talents aux stars africaines. En 2003, il monte son groupe à lui, Samagéra, dans lequel participe sa femme Amy Sacko comme chanteuse, le balafoniste Lassana Diabaté, Adama Diarra (djembé) et Fousseyni Kouyaté (n’goni basse). Il a fait quelques concerts en Hollande et en Belgique en 2005, en solo. Avec son groupe actuel, rebaptisé Ngoni ba, il enregistre enfin un premier album à son nom, « Segu Blue », qui sort en mars 2007. Dans l’album, il y a des contributions des pointures de la musique malienne telles que Zoumana Tereta, Lori Traoré et Kassemady Diabaté.. Outre quatre ngoni, l’orchestre comprend également la chanteuse Amu Sacko, qui n’est autre que sa femme.
Bassékou Kouyate prend son statut de griot à cœur. En Afrique noire, ce personnage (griot) qui a pour fonction de raconter des mythes, de chanter et/ou de raconter des histoires du temps passé sont dans leur pays comme des dictionnaires. Ils connaissent tout ce qui s’y est déroulé depuis des siècles. Les gens font appel à eux lorsqu’une guerre éclate entre deux villages. Lorsqu’il y a des problèmes entre un mari et sa femme ou si des cheptels sont dérobés. Une fonction qui remonte à la période médiévale lorsque les griots étaient, un peu comme les bouffons, sous la protection de la cour royale. De fait, la musique permettait de faire passer certains messages sans risque d’être inquiétés. Elle éveille aussi les consciences. Le groupe travaille en symbiose avec la pensée des gens, leur moral. S’ils sont malades, la musique les apaise.
Synthèse F. B-H.


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