La jeune poétesse Lebogang Mashile, le professeur Keorapetse William Kgositsile et M. Mandla Langa, personnalités politiques et artistiques de premier plan en Afrique du Sud, se sont exprimés sur les complexes réalités post-apartheid et sur le rôle des écrivains et poètes dans ce nouveau contexte.
Après l’hommage à Mahmoud darwiche et trois conférences portant sur la lecture, les contes et les lectures émancipatrices en islam, M. Mandla Langa, poète et écrivain, ancien conseiller culturel du président Nelson Mandela et actuel président du congrès des écrivains sud-africains a pris place à la tribune du café littéraire entouré d’artistes, parmi les plus illustres de son pays. C’est malheureusement devant une salle pratiquement vide et desservie par des traducteurs dépassés que la voix du militant sud africain s’est élevée pour définir de manière approfondie, les ardues problématiques d’écriture que le poète affronte au quotidien. Citant, notamment, l’artiste écossais Billy Conolly, l’ex-responsable culturel de l’ANC a déclaré : «Ce qui est écrit doit être lu sérieusement car cela amène à l’éveil de la conscience du lecteur.» Il a défini la fin de l’apartheid comme un contexte d’apparition d’autres problèmes mais également comme un temps plein de nouveaux défis pour les écrivains. Mandla Langa est célèbre pour sa vie semée d’épreuves et ses œuvres dont Tenderness of blood(1987), Rainbow on a paper sky (1989) , The naked son and other stories (1997). The memory of stones écrit en 2000, est son dernier roman sous forme d’opéra.
Après cette intervention magistrale, Lebogang Mashile a lu son célèbre poème «Quel genre de femme ?» extrait de son anthologie intitulée «Flying ABove the Sky» publiée en juin 2008. Avec une gestuelle quasi-chorégraphique, l’artiste considérée comme l’une des plus populaires des nouvelles générations a déclamé ce poème qui n’est qu’un cri exprimant l’identité féminine. «Quelle femme rie tranquillement /Contemple la mer et sait qu’elle vit dans ses profondeurs/ Elle coule infiniment à travers elle», a conclu la poétesse avec un art consommé du verbe scénique. Très chaleureux, le professeur Keorapetse William Kgositsile a choisi de parler de sa rencontre avec Mahmoud Darwiche lors d’un sommet culturel international. Il cherchait un vieil homme sage et a découvert un éternel jeune homme. Militant actif et poète prolifique, exilé aux USA de 1962 à 1975, il a été la figure centrale de la poésie afro-américaine durant les années 1970. Il a à son actif neuf recueils de poésies et deux essais sur la poésie : La poésie d’Afrique moderne (1973) et Approches de l’écriture poétique (1994). Il faut souligner que malgré une piètre programmation, les couacs d’une traduction désastreuse, les artistes sud-africains n’ont rien laissé paraître lors de leurs interventions de très haute qualité philosophique et esthétique.
K. T.