L’œuvre de ce romancier est très poétique et philosophique. La plupart de ses textes, écrits en vers ou en prose, retracent les multiples quêtes existentielles de l’humaniste et du poète qui rêve d’un monde meilleur.
Le deuxième roman de El-Mahdi Acherchour, publié aux éditions Aden, en France, est un voyage dans la terre natale. C’est un texte bien écrit qui confirme la plume de l’auteur.
Acherchour est né en 1973 à Sidi-Aïch, dans la vallée de la Soummam , à Béjaïa. Diplômé en journalisme à l’université d’Alger, il a toujours été captivé par l’écriture. Après la publication de deux recueils de poésie : «L’Oeil de l’égaré» (éditions Marsa) et «Chemin des choses nocturnes» (éditions Barzakh), il édite son premier roman à Alger, sous le titre, «Lui le livre». El-Mahdi vit actuellement aux Pays-Bas, où il est parti, dans un premier temps, pour une résidence d’écriture. L’œuvre de ce romancier est très poétique et philosophique. La plupart de ces textes, écrits en vers ou en prose, retracent les multiples quêtes existentielles de l’humaniste et du pète qui rêve d’un monde meilleur, un monde si singulier. Dans « Pays d’aucun mal », l’homme de lettre nous livre une courte fiction bien élaborée. « Moh-Ammar Amnar, le narrateur, est seul. La nuit est sombre et le moindre souvenir lui est tourment. Il dit qu’il revient de loin, chargé de toutes les fatigues du monde et de toute une errance éperdue. Qu’a-t-il donc à dire, qu’a-t-il à se dire après tant d’années d’absence ? Le voilà enfin chez lui, à Tasta-Guilef, son village natal. Beaucoup de ceux qu’il avait laissés autrefois habitent maintenant leur dernière demeure, ou sont partis. Beaucoup de choses ont changé. Quelques vies, souvent anciennes et silencieuses, se débattent encore dans les entrailles de cette terre perdue qui n’est pas sans rappeler l’Algérie profonde et qui semble toujours gouvernée par une présence lointaine, une apparition anonyme et obscure comme un mauvais songe, comme un gros nuage venu du grand passé. Avec très peu, devant un comble de pauvreté et de dénuement, là où la parole s’épanouit dans le frêle bruit du silence, là où tout s’achève avant même le commencement », écrit le talentueux écrivain. L’auteur fait ressurgir mille et une histoires, les racontant sur un ton extrêmement émouvant, sans décorum ni fioriture, et c’est une œuvre de prodige que d’avoir pu tirer du néant un texte si beau. Le narrateur revient voir son grand-père, qu’on croit sourd, tantôt mort, tantôt ressuscité et dont la première femme s’appelait Zegloum. Le narrateur revient, ainsi, revoir ce village, comme déterré de nulle part, ou bien du rêve de l’auteur lui-même. En réalité l’appellation du village en question n’existe pas, mais le romancier a eu recours à la fiction pour plonger dans son propre village, perché sur les hauteurs de l’Akfadou, en Kabylie. Écrit dans un style simple et accessible, ce roman est peut–être la meilleurs œuvre de l’auteur. Après quelques années passé en Europe, Acherchour, se rappelle son pays et s’invente des subterfuges pour dire sa nostalgie. Les plus beaux moments de l’enfance sont, souvent, une source inépuisable pour la création artistique. Y. R.
El-Mahdi Acherchour, Pays d’aucun mal
éditions Aden, France, 2008, 94 pages.