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Alger inaugure son concours international de récitation coranique
La forme la plus élevée de l’art islamique
22 Septembre 2008

Ce soir, des voix juvéniles reprendront une tradition qui date du vivant du Prophète Qsssl que lui-même a reçue de l’ange Gabriel.

Ce soir s’ouvre la cinquième édition du Concours international de récitation, de psalmodie et d’exégèse coranique, la 6e édition du Prix d’encouragement des jeunes récitants et la 1ère édition du Prix international de renaissance du patrimoine islamique. La cérémonie d’ouverture se fera en présence de 350 hôtes dont des personnalités du monde de la culture, des sciences et des médias.
Le concours est programmé jusqu’à vendredi par le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs à Alger. Les récitants de 43 pays participeront à cette manifestation intitulée «Et psalmodie le Coran distinctement ». D’autres pays musulmans doivent confirmer leur participation. La phase finale du concours de récitation mettra en lice 15 très jeunes concurrents. Ainsi ce soir, des voix juvéniles reprendront une tradition qui date du vivant même du Prophète QSSSL. Transmise initialement par l’ange Gabriel à l’envoyé de Dieu, c’est aux vieilles cantates du désert, celles des Arabes du Nejd, qu’il est coutume de la comparer. La psalmodie ou tartil est un art basé sur les possibilités infinies de modulation de la récitation coranique. «Oua ratil el Kor’an tartilan» prescrit le Saint Livre.(s. LXXXIII, 4). Le respect de cette recommandation à travers les siècles a fait fleurir une des branches des plus prolifiques de l’art dit sacré. Cet art qui n’a rien à voir avec la musique ou le chant profanes se réfère aussi bien à la révélation islamique qu’à la sunna du Prophète (QSSSL). L’histoire de l’islam nous apprend que Omar, deuxième calife musulman, s’est converti en entendant sa sœur psalmodier le texte sacré. « Si le tajwîd est la réalisation de la parfaite diction du texte sacré, la psalmodie en est la parure» disent les spécialistes. Ainsi, la psalmodie du saint Coran reste la voie royale pour sa transmission. Elle véhicule et crée une émotion des plus fondamentales dans la culture islamique. En Effet, elle doit créer un état de repliement sur soi et d’élan vers Dieu. Dans son traité intitulé «Clef des Sciences», As-Sakkâki (mort en 626/1229) a établi un schéma des points d’articulation de l’émission vocale caractéristique du genre. Il y définit un classement des points de sortie du son : makharidj.
«La psalmodie est essentiellement monodique et diatonique : elle exclut toute succession chromatique. Si l’on devait se permettre de traduire cette réalité par des termes musicaux, on pourrait ajouter que la place des tons et des demi-tons, par rapport à la tonique, se trouve chaque fois modifiée selon le point de départ adopté, d’où sa richesse modale extraordinaire où toute notion de rythme mesurable est à exclure.» Peut-on lire d’autre part sur un exposé publié par le site officiel de la Mosquée de Paris. Le rythme de la psalmodie apparaît « comme une ligne mélodique ondulante, légère, pouvant s’adapter aisément à toutes les floraisons vocales, en une fluidité de la phrase délivrée de toute entrave matérielle» y est-il également souligné.
En plus de cette fluidité rythmique et modale, la psalmodie se caractérise par l’accent que le récitant marque sur une syllabe donnée, un mot ou une phrase entière. Une autre de ses caractéristiques est la pause ou le silence nommé waqf. On distingue entre le waqf kafi et le waqf hassan, selon que l’on marque un silence avec un changement d’idée ou pour mettre en valeur le sens d’un mot ou une expression. Cela à l’intérieur d’un même verset.
Concernant les voix, les auteurs musulmans en ont distingué une trentaine de variétés, dont certaines sont incompatibles avec la psalmodie. Parmi les voix qui ont les qualités requises, les auteurs ont fait l’énumération suivante : As-shahhy : voix pure, douce, étendue, mukhalkhal : voix élevée, aiguë avec douceur, sonore avec ampleur ; ajass : voix haute, avec un léger voile agréable et une sonorité puissante ; nâ’im : voix de sonorité douce et pure; karawâny : voix qui rappelle celle de la perdrix d’Arabie, nette, pure, homogène; aghann : voix mélodieuse, douce, légèrement nasillarde; ratb : voix fluide, se déployant sans effort; amlas : voix équilibrée, mais peu sonore ; mubalbal : voix légère, souple, rappelant le chant du rossignol ; zawâ’idi : voix très ample (voix de tête) ;
daqîq : voix menue, contenue, à peine sensibleUn certain nombre de règles sont à respecter pour que la psalmodie soit harmonieuse. El-istirsâl prolonge le son, sans laisser tomber la voix. Et- tarkhîm adoucit le son sans perdre l’intonation. Et- tafkhîm amplifie le son pour l’embellir. Et-taqdîr-l-l’ anfâs : il s’agit de respirer aux pauses naturelles. El- tajrîd consiste à savoir passer des sons forts aux sons faibles et inversement.
La tradition musulmane interdit toute fixation graphique de cet art sacré. Il est transmis oralement d’un cheikh à l’autre et a été conservé à travers les âges comme la courroie de transmission du message sacré par excellence.

Par : Karimène Toubbiya

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