Classée monument historique en 1887 par l’Administration coloniale, la Citadelle d’Alger – un lieu historique dans lequel il y a lieu le fameux coup d’éventail – fait l’objet d’une nouvelle étude de restauration depuis une année et demie. Mobiliser le savoir-faire des restaurateurs et les ressources financières restent le souci premier du ministère de la Culture qui a engagé le bureau d’études polonais PKZ, et cinq bureaux d’études algériens. Le site que nous avons visité offre à première vue un visage qui laisse supposer que ce monument ‘’souffre-douleur’’ est abandonné à son triste sort tant la décrépitude se lit encore sur les parois externes de ses remparts, dont les travaux, nous confie-t-on, sollicitent une enveloppe financière conséquente. Trop de mots corrompus ou galvaudés ont été utilisés pour désigner le type de travaux menés depuis près d’une trentaine d’années dans l’enceinte de la citadelle’’, apprend-on auprès de certains intervenants dans ce site qui a vu le jour lors de la régence ottomane en 1516 qui en a fait un fort militaire.
Ayant connu plusieurs conquêtes depuis les temps qui remontent aux premières incursions des navigateurs phéniciens en Méditerranée, principalement depuis la fondation d’Ikosim la punique et Icosium la romaine, El-Djazaïr Béni Mezghenna a du mal à conserver la mémoire collective de son patrimoine historique et la préserver pour la postérité au regard de la lenteur des travaux menés pour la sauvegarde de ses monuments et sites historiques. La Citadelle que nous avons visitée offre à première vue un visage qui laisse supposer que ce monument est abandonné à son triste sort tant la décrépitude se lit encore sur les parois externes de ses remparts, dont les travaux, nous confie-t-on, sollicitent une enveloppe financière conséquente. Trop de mots corrompus ou galvaudés ont été utilisés pour désigner le type de travaux menés depuis près d’une trentaine d’années dans l’enceinte de la citadelle’’, apprend-on auprès de certains intervenants dans ce site qui a vu le jour lors de la régence ottomane en 1516 qui en a fait un fort militaire. En effet, Au fait, s’agit-il de réfection, réhabilitation ou de véritable restauration ? Culminant à 120 m au-dessus du niveau de la mer, la Citadelle d’Alger, qui fut construite en 1517 par Baba Arroudj pour servir de fort militaire et agrandie par Mustapha Pacha, peine à renaître de ses cendres. Son blason est terni par tant d’années d’indifférence. Squattée à l’indépendance, la Citadelle n’a cessé de se dégrader à un rythme accéléré et les autorités de l’époque n’ont décidé l’évacuation des occupants de site de 1,1 hectare qu’en 1975. L’étude a été confiée en 1979 à un bureau d’études polonais PKZ. C’est seulement après six années de fouilles bibliographiques, de recherche de fonds documentaires, de sondage, de décapage et d’analyses que ce dernier donna, enfin, la lecture des espaces de ce lieu. Malheureusement, la seconde phase qui consiste à lancer des travaux de restauration achoppe en 1987 sur le problème d’argent. En effet, la tutelle ne pouvait assurer le coût de la restauration, estimée initialement à quelque 17 milliards de centimes dont 50 %, faut-il le noter, ont été dépensés entre 1990 et 1994. Les travaux furent donc arrêtés après avoir accompli à peine un peu plus de 10% de la réalisation globale. Depuis, et en raison de la dévaluation du dinar, le coût de l’opération s’est vu décuplé en sus du retard enregistré. Ce qui impliquait, dès lors, la nécessité de réactualiser l’étude, et partant, de réévaluer l’enveloppe budgétaire allouée pour les travaux de restauration qui restent à réaliser.
«Le patrimoine est un privilège qui se mérite»
Tributaire de la manne financière, la Citadelle continue, depuis, de «broyer du noir», dans la mesure où la restauration n’a avancé que très timidement depuis la relance du chantier, en 2006, selon une nouvelle approche qui se doit, selon les architectes restaurateurs, ‘’d’intégrer une normalisation de restauration’’. Aussi, il s’agit d’une réhabilitation authentique de ce lieu tout en ayant le souci de l’intégrer dans le tissu urbain. Si l’étude pour la restauration de la Casbah qui rentre dans le cadre du plan de sauvegarde permanent est confiée à 15 BET, chapeautés par le CNERU, l’élaboration de l’étude de la citadelle est assuré par le BET polonais PKZ et cinq bureaux d’études algériens qui sont à l’œuvre depuis 2007. Les parties qui font l’objet d’étude sont le pavillon du dey, la mosquée du dey, le quartier des janissaires, la sqifa, la mosquée des janissaires, la poudrière, le palais des beys, le pavillon d’hiver, le pavillon d’été et le pavillon des femmes. Divisés en secteurs ouest et est (treize parties à restaurer), le chantier avance à pas comptés sinon fait du surplace.
A vrai dire, la citadelle constitue un véritable chantier de restauration, selon le chef de projet, M. Yacine Ouegueni, précisant que ‘’la restauration à son propre temps et requiert des soins appropriés (…). Il y a lieu d’accorder de la considération à la substance matérielle historique’’. Une manière de signifier qu’il n’y a pas lieu de se précipiter, même si le site a vu défiler nombre d’intervenants depuis 1979, dira-t-il en filigrane M. Ouegueni, déterminé, lui et son équipe qui l’entoure à prendre le taureau par les cornes et faire sortir ce patrimoine commun, cette forteresse séculaire de sa léthargie.
Ainsi, depuis, les travaux sont menés à pas comtés dans cette citadelle traversée par la route menant de Bab Jdid vers Bordj Moulay Hassan.
Un site à capitaliser
Les remparts qui s’étirent sur environ 900 mètres nécessitent, selon les spécialistes, des travaux de confortement. En plus de la décennie noire qui a contribué à freiner les travaux, on parle du manque de moyens financiers conjugué à l’absence d’organisme national spécialisé en matière de restauration des éléments architectoniques qui exigent, faut-il le souligner, un savoir-faire. Le chef de projet se triture les méninges avec son équipe pour la restauration des modules confiés aux cinq bureaux d’études algériens et au BET polonais PKZ auquel est confiée les modules comprenant le palais du dey et la mosquée du dey. Aussi, M. Yacine Ouegueni compte sur les bonnes volontés pour sauver ce pan de la mémoire auquel les Algériens s’identifient et qui sera, sans nul doute, un capital pour l’avenir, poursuit-il. Car le patrimoine, soutient-il mordicus, n’est pas une contrainte sinon une plus-value dans la mesure où il peut servir de lieu de découverte et d’activités culturelles et par ricochet, générer des gains pour assurer sa propre maintenance. Il faut que le monument reste vivant. «Mon credo est restaurer, livrer et exploiter le patrimoine qui reste un privilège qui se mérite», martèle-t-il. A signaler qu’une galerie d’art (les anciennes écuries) est aménagée depuis 2001 et mise à la disposition des artistes plasticiens. Un lieu qui se prête parfaitement à ce genre de manifestation. Une manière d’attirer les Algériens et leur faire découvrir la Citadelle. Il est souhaité par ailleurs, la formation des architectes et des restaurateurs spécialisés dans les éléments architectoniques, et ce, dans les corps des métiers (verre, bois, cuivre…).
Cela étant, il urge de définir les missions de chacun et de travailler en synergie. Il va sans dire aussi qu’un travail interministériel est indispensable, et ce, pour mettre l’accent et prévoir de manière impérieuse le type d’intervention de chacune des parties concernant le patrimoine dans les différents volets (financement, droit de regard et assistance technique et artistique, mise au jour de vestiges, nécessité de collaboration…). Il est opportun de sauver ce pan de la mémoire collective, le faire découvrir, voire le capitaliser.