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Fayçal Houma, directeur des éditions el Maarifa et SG du Snel
‘’Nous devons créer le jeune lectorat’’
19 Août 2008

Créées en 1993, les éditions el Maarifa dont le siège est situé au 10, Boulevard du commandant Abderrahmane Mira, compte parmi les maisons d’édition les plus performantes en Algérie, à l’instar des mastodontes comme Casbah éditions, Editions Chihab, Dar El Gharb. Investissant les volets politique, sociologie, informatique, parascolaire et livres divers universitaire, les éditions el Maarifa ont mis depuis, plus de 600 titres sur le marché, dont les 4/5e sont consacrés à la frange enfantine. A l’occasion de la tenue du 1er Festival culturel international de la littérature et du livre de jeunesse d’Alger qui ouvrira ses portes ce jeudi regroupant quelque 80 éditeurs dans l’esplanade de Riadh el Feth, l’éditeur et secrétaire général du Snel (Syndicat national des éditeurs du livre), M. Fayçal Houma dresse en diagonale l’état des lieux de son entreprise et nous fait part de sa réflexion quant à une politique globale du livre qu’il souhaite structurée, notamment au niveau des établissements scolaires.

Le Midi Libre : Votre maison d’édition capitalise une expérience de quinze années dans le marché du livre. Quel bilan faites-vous ?
Quinze ans, c’est à peu près l’âge de l’édition privée en Algérie. Un métier qui, malgré les difficultés rencontrées, commence à se professionnaliser. 
Quant à nous, nous comptabilisons, depuis la naissance de la Maison 628 titres (49 pour l’année 2007, ndlr) entre ouvrages parascolaires et livres de différentes disciplines en rapport avec l’Histoire, la sociologie, la littérature, l’actualité générale et divers.

Fayçal Houma : On remarque que dans les librairies El Maarifa, le parascolaire est fort présent dans les rayons. Constitue-t-il un créneau porteur pour l’éditeur ?
Nous éditions un peu de tout. Il est vrai que nous consacrons très peu d’ouvrages destinés à l’étudiant dans la mesure où la marge de bénéfice est insignifiante, l’étudiant préfère se rabattre sur le produit polycopié qui lui revient moins cher. En revanche, le parascolaire et les livres divers sont en quelque sort le fer de lance de certains éditeurs. Ces deux volets représentent, à eux seuls, une proportion assez importante, soit 70 % de notre production livresque. Cela nous permet d’équilibrer un tant soi peu nos finances. Aussi, dois-je vous rappeler, qu’en Algérie, l’éditeur n’est pas encore spécialisé dans une discipline bien définie. Vous n’êtes pas sans savoir, par ailleurs, que parmi la centaine d’éditeurs, nombreux ne font que dans l’importation et la diffusion, reléguant au dernier plan la fabrication du livre.

Peut-on connaître la flotte de véhicules qui assure la diffusion des ouvrages que vous éditez ?
Nous disposons d’un parc de sept véhicules qui alimentent 320 librairies à travers le territoire. Cela dit, le problème que nous rencontrons reste le retard liée au recouvrement

S’agissant de l’imposition douanière du livre importé et des inputs, serait-elle aussi élevée que lors des années précédents ?
Le livre importé est soumis à une taxe douanière de 13% dont 5% de TVA . Quant aux inputs importés dont le papier a connu une augmentation dans le cours mondial, le taux cumulé (taxes douanières et TVA, ndlr) est de l’ordre de 35 %, ce qui se répercute sur le coût de fabrication. Sans pour autant confronter les deux activités (édition nationale et importation, ndlr) qui sont en réalité complémentaires, nous souhaitons une réduction des taxes.

Contrairement à certains éditeurs, Dar el Maarifa n’organise pas des rencontres-débat, des forums à même de faire la promotion des titres qu’elle édite et, par conséquent faire connaître l’auteur. Pensez-vous créer un espace dans ce sens ?
En effet, bientôt, il sera bientôt aménagé à notre niveau un espace qui servira de lieu de rencontre où les auteurs pourront présenter leur production. Aussi, dans le souci de donner une dynamique à Dar el Maarifa, nous inviterons des conférenciers qui pourront débattre de différentes thématiques avec le public. Je tiens à souligner, à l’occasion, que nous avons institué un prix annuel El Maarifa qui a été décerné l’année 2007 à l’historien Rabah Lounici, représentant une valeur de 100.000 DA.

Vous assurez le poste de secrétaire général du Snel. Quel est le cheval de bataille de votre syndicat ?
Nous plaidons pour une politique du livre bien structurée. Cela dit, nous oeuvrons à court terme à la création de bibliothèques scolaires. Il faut que le livre ait sa place dans les établissements scolaires, aussi bien dans les classes du palier primaire que dans celles dans les cycles moyen et secondaire. D’ailleurs, le ministère de la Culture s’est fixé comme objectif d’éditer chaque année 1000 ouvrages et ce, pendant les cinq années à venir.

Comment envisagez-vous donner naissance à cette initiative somme toute louable ?
Justement, nous travaillons dans la perspective d’une convention entre le ministère de l’Education nationale et le ministère de la Culture visant à créer des espaces susceptibles de stimuler la lecture chez l’enfant. Les deux institutions sont favorables à cette initiative. L’accord cadre que nous appelons de notre vœu s’articule autour de la mise en place d’armoires de livres de lecture au niveau de toutes les classes des écoles, CEM et lycées. Aussi, nous souhaitons intégrer la lecture comme matière dans le programme desdits établissements. Cela nous permettra, en tant qu’éditeurs, de relancer notre activité et, du coup, mieux outiller l’enfant, car le livre demeure un instrument d’épanouissement irremplaçable.

Quel est le but escompté de la tenue du premier festival culturel international de littérature et du livre de jeunesse d’Alger qui sera organisé du 21 au 29 du mois en cours sur l’esplanade du Palais des arts de Riadh El Feth?
Je dois vous rappeler que le festival en question, qui est placé sous le patronage de Monsieur le président de la République, n’est institué que depuis 6 mois, par arrêté du ministre de la Culture n° 59 du 11 février 2008. Il a pour objectif d’offrir au lecteur algérien l’occasion de s’informer des productions éditoriales nationales et universelles récentes dans les domaines de la littérature en général et du livre destiné à la jeunesse en particulier. Aussi, il est question lors de ce festival de favoriser les échanges entre le lecteur algérien et les auteurs nationaux et internationaux et développer une réflexion sur l’état de la création littéraire en Algérie.

S’agit-il dans ce contexte de susciter un regain d’intérêt pour la lecture chez le jeune ?
Absolument. Nous travaillons dans le sens d’impliquer les parents que nous sensibiliserons à la nécessité de créer et d’entretenir chez leurs enfants le besoin de lire et la passion de la lecture. Dans la foulée, nous oeuvrons à travers cette manifestation de mettre en place des espaces d’animation intellectuelle, artistique autour des deux thèmes dominants du festival. Il s’agit de la littérature et le livre de jeunesse en mettant à contribution l’ensemble des médias nationaux. Au programme de cette manifestation, il y aura des conférences, des forums, des concours de poésie, etc. Cela rentre, dois-je souligner, dans le cadre de la politique de proximité initiée par le président de la République.

Peut-on connaître le programme du festival ?
En marge de l’exposition qui regroupera quelque 80 éditeurs dont ceux provenant de 8 pays arabes d’Afrique et d’Europe, il y aura des activités culturelles et ludiques et bien, évidemment, des conférences qui seront animées par des hommes de lettres autour de thèmes variés, tels que "Une approche de  la littérature maghrébine d’expression française", "La nouvelle littérature:  roman, nouvelle, poésie", "De la littérature universelle à la littérature de  jeunesse".   Il est envisagé, par ailleurs, au cours de cette manifestation, de primer la meilleure  nouvelle inédite produite par un jeune auteur Algérien de moins de 25 ans, comme  il est prévu, enfin, de récompenser des lauréats en langues arabe, amazigh et française.    

Vous souhaitez conclure.
Chacun des maillons intervenant dans la chaîne du livre doit coopérer à créer le lecteur, puis ancrer la tradition de la lecture chez lui. Certes, ce n’est pas une sinécure. Pour ce faire, il y a lieu d’œuvrer à la création de plusieurs espaces de lecture, aussi bien au niveau des communes pour le grand public que dans les établissements scolaires et autres maisons de culture.

Par : Farouk Baba-Hadji

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