Glossaire raisonné des mots français d’origine arabe est l’intitulé de l’ouvrage édité sous les presses des Editions El-Othmania dans la collection Arabissimo. Amine Mahrez, l’auteur du livre nous présente un glossaire raisonné qui braque un rai de lumière sur le patrimoine linguistique transmis de la langue arabe à la langue française, directement, ou le plus souvent, par l’intermédiaire d’autres sources nabatéenne, grecque, persane, byzantine, etc.
Ce patrimoine linguistique est trop souvent occulté par les dictionnaires étymologistes français de type conventionnel, nous dira l’auteur, précisant que «l’ouvrage n’est pas celui d’un académicien, mais repose sur un travail académique», dont l’objectif visé est «d’aider la grande masse des lecteurs à avoir une perception objective et correct de ce que fut l’apport matériel et intellectuel de la civilisation arabo-musulmane dans les grandes actions fondatrices de la civilisation occidentale et le long processus de sa maturation». Ainsi, en est-il de la langue arabe qui s’est enrichie, elle aussi, des langues nabatéenne, grecque, persane, byzantine, etc. La langue arabe a emprunté de ce gisement, mais n’est jamais restée figée, souligne l’auteur, rappelant qu’elle a laissé des traces, notamment dans la période du Moyen Age où les avancées dans le savoir-faire et les techniques arabes étaient l’objet d’une traduction vers le latin scolastique. L’influence d’une langue sur les peuples s’explique en partie par le truchement du transfert des techniques et connaissances, explique-t-il. Et c’est essentiellement dans ce transfert de connaissances latines que le français puisa, notamment entre le IXe et XVe siècle, la plupart des termes scientifiques qu’il doit aux Arabes, soutient l’auteur qui présente son ouvrage de 187 pages en sus d’un index de 2000 termes, leur occurrence et dérivés. Furetant et compulsant nombre d’ouvrages au niveau du fonds de l’ex-Bibliothèque nationale, Amine Mahrez a jugé opportun de mettre au service du grand public sa modeste contribution, à travers une source qui survole le temps et l’espace. Mettant en valeur l’étymon arabe, l’auteur rappelle «les raisons logiques du passage du mot arabe au français». Aussi, il souligne de manière péremptoire la théorie du linguiste danois Viggo Brondal qui cite que «chaque courant de civilisation, qui touche plus que superficiellement une population, laissera des traces dans la langue de celle-ci ; une langue est, comme on l’a souvent remarqué, un musée historique et culturel». Dans son ouvrage le Fonds commun des langues et des écritures, Marcel Locquin écrit que «[…] l’arabe a été le véhicule du latin, à travers l’expansion arabe dans le sud-ouest de la France, via l’Espagne», précisant plus loin qu’«un cinquième des mots du français sont d’origine arabe, un autre cinquième vient du latin, à travers l’arabe, un quart seulement vient du gréco-latin» , souligne l’auteur dont l’idée générale est de présenter un travail qui permet de saisir l’origine des mots, leur emprunt pour «mieux comprendre la nature et les raisons des contacts qui s’étaient établis entre la France et le monde arabe. Car l’emprunt, l’adaptation ou le «vol» linguistique de quelque ordre qu’il soit s’inscrit, explique l’auteur, dans la nature des sociétés humaines.
F. B. H.
* Glossaire raisonné des mots français d’origine arabe
de Amine Mahrez- Editions El-Othmania
200 pages. Prix public : 300DA