Une exposition d’œuvre d’art fait le bonheur des Béjaouis , depuis quelques jours et ce, jusqu’à la fin de l’été, à la rue piétonnière, près de la mythique place Gueydon.
Les artistes Fatma-Zohra Boudekhana et Nordine Bendjebara présentent des créations hors pair. Le visiteur de cette galerie improvisée dans un garage, savoureront les tableaux de peinture et autres création et peuvent même acheter certaines œuvres. Fatma-Zohra est spécialiste de la peinture sur verre et la céramique. Par le truchement de ses travaux artistiques d’une beauté exquise, elle ressuscite la culture algérienne ancienne dans un style original. Le dessin sur verre, ou la peinture vitrail séduit par ses couleurs vives et ses effets de transparence avec lesquels on peut jouer. Pour peindre les verres de son service de table, une peinture "spécial contact alimentaire" est nécessaire. De plus, ces peintures sont désormais lavables au lave-vaisselle... mais cela doit être testé plusieurs fois pour être certain que les couleurs ne vont pas s’affadir ni la peinture se détériore. C’est tout un savoir-faire qui met au monde des couleurs éclatantes. De son côté, Nordine, est un talentueux peintre qui manipule le métal et surtout le cuivre pour lui conférer des formes très agréables à voir. C’est d’ailleurs l’un des rares artistes ayant fait l’abstrait dans ce domaine si particulier de l’art. La feuille de métal est travaillée sur l’envers du décor pour repousser les reliefs puis sur l’endroit afin de faire ressortir les formes définitives. Pour cette opération, il est nécessaire d’utiliser des outils tels que la bouterolle. Celle-ci comporte une tête arrondie ou une forme appropriée à l’effet recherché. Elle est de section plus ou moins grosse. Le repoussé peut être réalisé en bas-relief ou en ronde-bosse. Il présente sur l’envers le négatif en creux du motif de l’avers ainsi que la marque des outils utilisés. Le travail de ciselure se fait toujours sur l’endroit. Quant au "repoussé à la pointe émoussée" s’effectue également sur l’envers d’une mince feuille de métal, mais avec cette technique, la seule pression de la main crée le relief. Une petite tige de bois ou d’os, plus ou moins grosse, à l’extrémité arrondie et polie, permet d’obtenir le résultat souhaité. L’effet crée de gros traits en faible relief brillants et lisses. C’est la pointe de l’outil, en écrasant le métal, qui joue le rôle du brunissoir. Ce genre de travail ne peut être effectué qu’avec des métaux malléables tels que l’or, l’argent... et sur une feuille qui doit rester plate une fois décorée. C’est un domaine mystérieux et captivant. Dans cette exposition, on remarque la présence des couleurs vives et des signes berbères qui nous invitent à un voyage dans la Kabylie ancestrale. Les deux artistes ont aussi leur philosophie particulière de l’existence et leur vision lucide du monde contemporain. C’est le cas émouvant d’un beau tableau de peinture de Nordine Bendjebara qui a comme thème « la Harraga » (l’immigration clandestine). En somme, cette belle exposition comporte beaucoup d’œuvres à apprécier, à décrypter.
Fatma-Zohra Boudekhana, une artiste très sensible
Née en 1974, Fatma-Zohra Boudekhana est une artiste qui a l’art comme raison de vivre. Malgré ses études supérieures en biologie, elle décide de se consacrer au monde fabuleux de la création. Cette jeune femme nous rappelle l’immense écrivain et peintre argentin Ernesto Sabato qui a divorcé avec le monde de la physique et des chiffres pour se reconvertir à ce qui est « plus sublime », l’art. Dès son jeune âge Fatma-Zohra découvre sa passion pour le dessin. Une vocation qu’elle développera davantage, après sa sortie de l’université, dans le CFPA d’Aokas (situé à l’est de la ville de Béjaïa) où elle arrive à maîtriser la peinture sur la céramique et le verre. L’une de ses belles créations est une représentation de la fameuse porte sarrasine, sise près du port de la capitale des Hamadites. L’artiste très sensible tente de fouiller dans le passé lointain de l’Algérie, à la recherche des formes et des signes utilisés par les aïeux, tout en leur donnant une saveur contemporaine. Elle se cherche dans ce monde aux multiples métamorphoses. Elle expose sa dure condition féminine, dans un pays d’hommes. Elle nous fait rêver d’un lendemain meilleur, à l’heure où les jeunes peinent à « survivre » sur la terre généreuse qui les a vu naître et grandir. Boudekhana a nombre de projets dans sa tête et ne se fait guère de limites à ses ambitions. Cependant, elle espère que les autorités l’aident dans ses démarches. En outre, elle interpelle les opérateurs économiques pour aider les jeunes artistes.