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Deuxième festival national du Haouzi à Tlemcen du 18 au 26 juin
A l’ombre du grand absent
23 Juin 2008

Depuis cinq jours, la ville de Yaghmoracen Ibn Zyan (1236/1283) fête le Haouzi. La recommandation générale du festival est de préserver ce genre né il y a des siècles contre toutes les innovations blâmables qui risquent de le faire dégringoler sur une pente commerciale facile.

Dès l’ouverture, mercredi soir, de cette seconde édition du festival, au Grand Bassin de Tlemcen, des troupes des différentes régions du pays se sont succédé devant des milliers de spectateurs. C’est au jardin public créé autour de l’historique Sahridj M’Bedda, qui est tout ce qui reste des lieux de résidence des princes de la dynastie berbère des Zianides, qu’a débuté la compétition musicale. En l’absence du grand maître du genre, Cheikh el-Ghaffour c’est à Kara Terki Zakia et Hadj Kacem qu’est revenu l’honneur d’inaugurer les soirées musicales. Les troupes Mazharia de Laghouat, El Kortobia de Tlemcen et El Fen El açil de Khemis Miliana se sont produites jeudi. Vendredi, El Maghdiria de Mascara et El Moutribia de Blida ont obtenu un grand succès. Samedi, c’était au tour des troupes lauréates de la première édition, à savoir Ahbab cheïkh Larbi Ben Sari de Tlemcen et Driss El Achouri de Nedroma, d’enchanter les spectateurs.
M. Hakim Miloud, commissaire du festival, définit cette merveilleuse musique comme un genre musical très ancien qui remonte au 14e siècle sur lequel s’est greffée une poésie populaire tout aussi ancienne et jalousement transmise de génération en génération dans la ville de Tlemcen, « avec un dévouement sans pareil, soit oralement ou par écrit ».
«Ce genre musical qui nous est parvenu sans altération aucune, a-t-il déclaré, a amplement émergé dans la capitale des Zianides, au moment où le genre andalou était à son apogée».
Pour Nasredine Baghdadi, musicologue, le Haouzi est un prolongement de la poésie populaire née en Andalousie, basé sur le dialecte local. «Le Haouzi est souvent interprété sur le rythme léger du bérouali» a-t-il ajouté
Les poètes de ce genre sont notamment Abou Othmane Benabdellah El Mendassi (1583-1671), Ibn Triki, Ibn Msaïeb et les Bensahla père et fils.
Par la plume et la voix de ces chantres, la poésie haouzi a fait connaître le raffinement du dialecte tlemcénien qui est une langue d’un niveau soutenu qui était également parlée en Andalousie dans la ville de Cordoue. La beauté de la nature a inspiré les rabiiates (chants de printemps). L’amour, la nostalgie du pays natal et les chants de louange au Prophète (Qsssl), constituent les autres thèmes d’un des corpus artistiques les plus riches d’Afrique.
Tous ces aspects ont été largement débattus suite à la projection à la maison de la culture de Tlemcen du documentaire «La mémoire du Haouzi» sur la vie et l’œuvre du regretté Cheikh Larbi Ben Sari. Des débats ont également suivi la conférence donnée par le Cheikh Mohamed Hamdi sur le thème : «Le Haouzi, un art dans sa plénitude». Le Haouzi, art musical citadin, est dérivé de l’andalou, comme le haoufi, le medh, le gherbi et le samaa. A ce jour, ses compositeurs sont considérés comme les continuateurs de la prosodie du zadjel andalou. Exilé de Tlemcen, El Mandassi (1583/1671) a vécu dans la cour de Moulay Ismaïl à Meknès. Il reviendra à sa ville natale pour y mourir. Il laissera des chants douloureux repris à ce jour, dont le célèbre «Laqaîtou habibi» ou «Ya imam ahl Allah». Ses héritiers les plus connus sont le poète marocain El-Maghraoui et le Tlemcénien Ibn-Triki, auteur de «Ya achek ezzine». Le plus populaire des auteurs du Haouzi est probablement Mohamed ben M’saieb qui a vécu au 17e siècle. «Mal h’bibi malou»,«El hourm ya rassoul Allah» «El Qalb bat sali oua-l-khater farah» sont des morceaux très célèbres qui portent sa griffe.
Autre grande signature, Boumédiène Bensahla a écrit : «Ya khalak laabad soltani» et «Kif amali oua hilti». A Abi Djemaa Talalissi on doit «El mi’radj». A Mohamed Bendebbah : «Daâ sabri» , à Bellahcène Benachenhou : «Ya-l-ouarchan», à Mohamed Benameur «Ma li sadr hanin», à Mostéfa Bendimerad: «Kahoua ou lataï, ya el-faham». Tous ces chants ont été repris dans toutes les régions du pays, notamment Blida, Constantine, Alger, Béjaïa, Jijel, Collo, Annaba et Skikda.
Les enfants les plus célèbres de la cité zianide sont également ,Abdelkrim Dali, El Hadj Cheikh Larbi Ben Sari, Cheikh Rédouane, Bouali, Nouri Koufi, Rym Hakiki et Brahim Hadj Kacem pour ne citer que ceux-là.

Par : Karimène Toubbiya

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