Entre l’instrument magique du Sud et sa disparition définitive s’est dressée Farida Sellal, présidente et fondatrice de l’association culturelle «Sauver l’imzad».
C’est alors qu’ elle sillonne le Grand-Sud, dès 1997, en tant qu’ingénieur des télécoms que Farida Sellal est chargée de cette mission par le dernier des Amenokal, Hadj Moussa Akhamokh, décédé en 2006 à Tamanrasset. L’association «Sauver l’imzad », créée en 2003 à la Bibliothèque nationale du Hamma, répond à une situation d’urgence absolue : le nombre des joueuses d’imzad s’est rétréci jusqu’à ne plus être compté que sur les doigts d’une seule main. Il fallait donc sauver «l’âme des Touaregs», selon la formule d’Akhamokh, contenue dans ce violon monocorde, fabriqué et joué uniquement par les femmes du Sahara. Même si la présidente de l’association considère que son action n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan, ses premières actions sont probantes. En effet, depuis 2004, une école d’apprentissage de l’imzad a été créée, avec le concours du ministère de la Formation et de l’Enseignement professionnels. Dès la première année, 40 élèves ont été formées au CFPA de Tamanrasset. Puis à Ideless, 30 élèves ont été prises en charge et 39 élèves à Tintarabine. Ces écoles pilotes ont suscité l’enthousiasme de la population dont la demande ne fait que croître. L’ouverture des écoles a été suivie d’un premier Colloque international d’imzad, organisé en avril 2005 avec le soutien de l’Unesco. L’association envisage également la création d’un village international des artistes qui portera le nom de Dar el-imzad et sera située au cœur de Tamanrasset. La pose de la première pierre de cette institution est prévue pour novembre 2008. Le projet prévoit la création d’un institut d’imzad afin que les instrumentistes et les créateurs puissent avoir les moyens techniques de produire et commercialiser cette musique qui a survécu du fond des âges. La durée du projet est évalué à cinq ans et son coût à 125.820.000 DA. Cette future institution a de grandes chances de devenir un pôle de rayonnement pour toutes les régions sahariennes où l’instrument est pratiqué. C’est ainsi qu’ au Niger, Abdallah ag Oumbadougou se bat contre la disparition de cette coutume ancestrale avec son association Takrist n’Tada qui a ouvert des écoles à Agadez pour permettre la promotion de l’imzad auprès des jeunes filles.
En attendant, la fête de l’Imzad bat son plein depuis samedi soir à la maison de la culture Moufdi-Zakaria de Kouba. Officiellement inaugurées par Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture, M. Boudjemâa Haïchour, ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, M.Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eaux, et Mme Souad Bendjaballah, ministre déléguée à la Recherche scientifique, ces journées consacrées à l’imzad réunissent une centaine d’artistes venus de l’Ahaggar à l’occasion du mois du patrimoine qui va du 18 avril au 18 mai. Les danses et les chants du Sud se font entendre tous les jours jusqu’à une heure avancée de la soirée. Dmeyla Edaber, Chtima Bouzid, Alamine Khoulen et Biyet Edaber, les doyennes de l’imzad, dont la dernière citée est âgée de 92 ans, sont entourées de toutes les jeunes femmes qui apprennent de leurs aînées grâce à l’initiative de l’association.
«L’imzad, une histoire au féminin» est un documentaire réalisé par l’association et projeté lors de ces journées. Des tableaux peints par l’artiste plasticien Lamine Driss Dokman à partir des photos du désert réalisées par Farida Sellal sont également exposés. L’imzad est menacé de disparition sur toute son aire géographique qui compte au moins douze pays d’Afrique.