Deux années après la semaine culturelle algérienne en Espagne, c’est au tour de la culture espagnole de se faire connaître dans différentes régions du pays et ce, durant sept jours.
Le coup d’envoi de la semaine culture espagnole a lieu aujourd’hui en fin d’après-midi à la salle Ibn-Zeydoun de Riadh El-Feth. Selon M. Domingo Garcia Canedo de l’Institut Cervantès d’Alger, une exposition de photographies consacrée aux grands noms du flamenco, et un concert de musique inaugureront la manifestation.
Jusqu’au 8 avril des concerts, conférences littéraires, chorégraphies et expositions d’arts plastiques seront organisés à Alger, Oran, Constantine et Tizi-ouzou. Les manifestations se dérouleront au TNA et à la salle Ibn Zeydoun d’Alger, au palais de la Culture de Constantine, au Théâtre régional d’Oran et à la maison de la Culture de Tizi-Ouzou.
Des cours de danses, percussion et guitare dans le genre artistique le plus célèbre d’Espagne à savoir le Flamenco seront dispensés aux étudiants de l’Institut national supérieur de Musique et de ses instituts régionaux.
Le public pourra donc découvrir au moins partiellement la culture d’une terre proche où bon nombre de tribus et familles maghrébines comptent des liens de sang tissés bien avant la chute de Grenade en 1492.Une terre où durant huit siècles la civilisation islamique s’est développée et a fécondé, grâce à son apport dans les tous les domaines scientifiques et artistiques autant que philosophiques et religieux, la pensée occidentale moderne.
«L’Espagne attache beaucoup d’importance aux relations, notamment culturelles,
avec l’Algérie, pays avec qui nous avons une histoire partagée» a d’ailleurs déclaré M. Juan Lena, ambassadeur d’Espagne en Algérie lors d’une conférence de presse donnée le 31 mars à l’institut Cervantès d’Alger. A cette occasion, son excellence a évoqué les liens étroits entre le patrimoine musical espagnol et la musique andalouse maghrébine.
Alicia Gimenez Bartlett, auteure de romans noirs et le quatuor «La Musgana» prendront part à la manifestation. La «Fundacion Gomaespuma» y participera également en tant qu’organisatrice.
Tous les ouvrages exposés seront traduits en arabe et feront aussi l’objet d’une anthologie que l’Institut Cervantès présentera à l’occasion du prochain Salon international du livre d’Alger. Selon les organisateurs de la manifestation parmi les facettes de la culture espagnole c’est surtout le Flamenco qui sera à l’honneur.
Ce chant traditionnel d’Andalousie a des variantes dans toutes les régions du pays où il est devenu une véritable institution. Comprenant chants, danses et musique, cet art populaire est un genre artistique complet étudié dans les universités espagnoles qui ont des chaires de flamencologie. Régi par des règles strictes il est pourtant ouvert à l‘improvisation et à la composition personnelle. Il est souvent le mode privilégié pour exprimer la douleur et la nostalgie. Sa technique musicale enharmonique et ses intervalles musicaux plus petits que le demi-ton le rattachent incontestablement à la musique orientale.
Le mot Flamenco,toujours mystérieux, dériverait de «Felag mengu» qui selon certains voudrait dire paysan fugitif en langue arabe. Cette appellation ferait donc allusion aux Gitans chassés du pays en même temps que les Maures. Originaires d’Inde, les Gitans ont vécu heureux en Espagne durant les siècles de l’Islam( de 711 à 1492). En 1499 ils ont été persécutés par l’inquisition catholique qui déclara leur mode de vie nomade hors la loi.
Ils se réfugièrent dans les grottes et les collines et pratiquèrent ne cachette leur art né d’une fusion entre le chant gitan et la musique traditionnelle andalouse. Aujourd’hui le Flamenco a considérablement évolué et s’est enrichi de toutes les musiques contemporaines. Il tend à devenir un art universel.
Connue surtout pour sa tauromachie et son flamenco l’Espagne a cependant une culture richissime qui a influencé de nombreux peuples notamment ceux de l’Amérique dite latine. Elle a été un véritable melting-pot des cultures des différents peuples qui l’ont occupée à travers l’histoire. Ainsi elle est à la fois ibère, berbère, arabe, latine, basque et orientale. Depuis la constitution espagnole de 1978 elle est constituée de régions autonomes. Ainsi le Pays basque et la Catalogne sont les régions qui ont le plus conservées leur identité propre. L’Andalousie, la Galice, les Asturies, la Navarre, la Cantabrie, la Rioja, Valence , l’Aragon et l’Estrémadure sont également des régions à personnalités originales qui participent de cette grande richesse artistique.
Si la langue majoritaire est le Castillan, d’autres langues y sont usitées notamment le Catalan, le Galicien et le Basque. L’ Espagne est la patrie de Dolorès Ibarruri , la pasionaria qui a combattu le fascisme dans les années trente autant que de Cervantès, Fédérico Garcia Lorca, Pablo Picasso, Salvadore Dali, Ibn Arabi, Sidi Boumédiène, Ibn Rochd ou Ibn Sinna pour ne citer que ceux-là. C’est dire.