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Le livre des chatons des Sagesses de Moheïddine Ibn ’Arabî
Les joyaux du trésor caché
13 Mars 2008

«Le livre des chatons des sagesses» (Kitâb Fusûs al-Hikam) est considéré comme l’un des ouvrages piliers de la tradition soufie médiévale. Auteur de 846 ouvrages, le Cheikh El-Akbar qui l’a donc rédigé suite à un songe qu’il a fait à l’âge de 67 ans.

«En vérité, j’ai vu l’envoyé d’Allah - qu’Allah répande sur lui Sa Grâce intuitive et Sa Paix ! - au cours d’un rêve de bon augure que j’eus pendant la dernière décade de Muharram en l’an 627, dans l’enceinte de Damas. Il tenait dans sa main - sur lui la Grâce et la Paix! - un livre. Il me dit: «Ceci est le Livre des Chatons des Sagesses ; prends-le et exprime-le pour les hommes, qu’ils puissent en tirer profit!»
Ainsi sont relatées dès son introduction les conditions de naissance de ce volumineux ouvrage d’Ibn Arabi, (1165/1240).
Très demandé au rayon Esotérisme des librairies, «Le livre des chatons des sagesses» (Kitâb Fusûs al-Hikam) est considéré comme l’un des ouvrages piliers de la tradition soufie médiévale. Auteur de 846 ouvrages, le Cheikh El-Akbar qui a été une source d’inspiration pour de nombreux philosophes et écrivains, dont l’émir Abd el-Kader, l’a donc rédigé suite à un songe qu’il a fait à l’âge de 67 ans. Un songe qui a valeur de réalité puisque dans la tradition islamique rapportée par Boukhari (810/870) l’envoyé de Dieu a dit : «Celui qui me voit dans son rêve m’a réellement vu en réalité car satan ne peut prendre ma forme.»
Dans ce rêve, les gemmes de la sagesse (qui est la même pour tous) sont taillés différemment selon les formes des messages prophétiques. Ces pierres précieuses, Ibn Arabi qui fait œuvre de mysticisme dès l’adolescence, va en exprimer la quintessence dans cet ouvrage tardif.
Le maître spirituel s’attelle à la mission qui lui a été confiée non sans en avoir au préalable «purifier l’intention et concentrer l’effort et l’aspiration dans les limites tracées pour moi par l’envoyé d’Allah- sur lui la Grâce et la Paix - sans rien ajouter ni retrancher.» Cette version publiée par la maison d’édition libanaise Dar-El-Bouraq, est traduite, commentée et annotée par Charles-André Gilis exégète, écrivain et traducteur né à Louvain (Belgique) en 1934.Dès le premier chapitre du livre intitulé : «Le chaton d’une Sagesse divine dans un verbe d’Adam», Ibn Arabi expose le plan de son ouvrage qui compte 27 chapitres consacrés à 26 prophètes dont il décortique «le verbe» après celui d’Adam. Chaque partie est suivi d’un commentaire d’André Gilis devenu le Cheikh Abd Errazaq Yahia. Avec humilité Ibn-Arabi souligne qu’il n’a fait qu’obéir à ce qui lui a été prescrit sans tenter d’y ajouter quoi que ce soit de son cru.
Dans la première partie consacrée à Adam, l’auteur s’exprime sur la nature synthétique de l’être humain. «Le monde est achevé par son être qui en fait partie de la façon dont le chaton fait partie de l’anneau.»
Cet ouvrage très dense considéré comme un chef-d’œuvre de la littérature mondiale est très rigoureusement construit. Le style imagé, allusif et elliptique du mystique andalou a donné lieu à des dizaines de commentaires dans le monde islamique.
Si cela constitue une tâche impossible que de tenter de le résumer en quelques lignes il faut souligner que la beauté de l’écriture d’Ibn Arabi et la profondeur de ses méditations en font un bel échantillon de la pensée des savants de l’islam à l’époque de l’apogée de la civilisation musulmane. «Le plus grand des maîtres» est né le 27 ème jour du mois de Ramadan de l’an 560 de l’Hégire (le 7 août 1165) à Murcie en Andalousie. Il a de nombreuses visions et révélations notamment à Fès, Béjaïa et Damas. C’est à la Mecque qu’il écrit une de ses œuvres les plus célèbres : «El futtuhat al Makkiya : Les illuminations mecquoises.» Dans son livre «Les soufis d’Andalousie», Ibn Arabi décrit un attachant aréopage de saints hommes parmi ses contemporains. Ibn Arabi est souvent considéré comme l’auteur de «l’œuvre théologique, mystique et métaphysique la plus considérable qu’aucun homme n’ait jamais réalisé». A partir de l223, il s’installe en Syrie où il décède en 1240 à Damas à l’âge de 75 ans.

Par : Karimène Toubbiya

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