L’éditorial du premier numéro avait été écrit par Abane Ramdane, assisté de Benyoucef Benkhedda, sous le titre «bulletin de naissance».
C’est au bout d’une longue discussion et une série de réunions qui auront duré tout le mois de juin 1956 que Ben- M’hidi, Benkhedda et Saâd Dahlab ont optés pour «El Moudjahid». Le premier numéro de l’hebdomadaire qui est venu supplanter «Résistance algérienne» dont la parution se faisait chaotique, et qui portera en tête de sa couverture la mention «organe du Front de libération national» et le slogan «la Révolution par le peuple et pour le peuple», sera tiré fin juin de la même année, dans la maison de Mustapha Benouniche à Kouba (Alger).
L’éditorial du premier numéro avait été écrit par Abane Ramdane, assisté de Benyoucef Benkhedda, sous le titre «bulletin de naissance». c’est ainsi et avec ces témoignages que s’ouvre le film-documentaire d’une durée de 104 minutes, intitulé «El Moudjahid 1956-1962», projeté, mercredi dernier, dans la salle «Cosmos- Alpha» de Ryadh El Feth. Dans ce film réalisé dans le cadre de «Alger, capitale de la culture arabe 2007», Khaled Oulebsir et Youcef Aggoun ont mis le premier sa caméra, et le second son micro, au service de la mémoire. Il en résulte un document qui immortalise les récits de ceux qui sont à la fois témoins et acteurs, le plus souvent au péril de leurs vies, d’une époque ou plus exactement d’une épopée. Dans ce documentaire, les témoingnages de Mahmoud Hamrouche, Mahmoud Moussaoui, Pierre Chaulet, Nassima Habblal, Zahir Ihaddaden, Brahim Chergui, Izza Bouzekri, Rédha Malek, Mokhtar Ouamara, Ali Haroun, Lamine Bechichi, Farida Benouniche, Abderrahmane Benouniche, Eveline Lavalette, Abdelhakim Bencheikh, Mahmoud Agha Bouayed et Adellah Cheriet restituent les étapes de la création du journal. Comme ils soulignent le contexte de la guerre psychologique de l’époque. Ceux qui se considèrent, beaucoup plus, comme des militants de la plume que comme des journalistes, témoignent et évoquent, en toute modestie, l’histoire de ce titre mythique. Ali Haroun le souligne «Quand j’ai été contacté par Benkhedda pour faire partie de l’équipe rédactionnelle du journal, je lui ai rétorqué que j’étais avocat». Pour toute réponse, il aura droit à cette sentence : «Et moi tu crois que je suis un révolutionnaire professionnel ?» Du contexte historique dans lequel il a été créé à son contenu en passant par son organisation, les acteurs témoins de cette époque reconstituent pour le spectateur les étapes qu’a traversées ce journal. Son évolution du stade de brochure ronéotypée, dans des conditions périlleuses de la clandestinité, à celui d’un organe de presse à part entière publié dans l’exil (Tunis en Tunisie et Tetouan et Rabah au Maroc) et diffusé dans plusieurs régions du globe. Plate forme de la Soummam, rejet du plan de Constantine, question du devenir de la communauté européenne, diplomatie non alignée, doctrines des négociations, unité du peuple et intégrité du territoire, contrôle des richesses naturelles, les principes de base de l’information du FLN et la stratégie suivie pour démasquer et disqualifier la propagande colonialiste devant les opinions algérienne et internationale. Des noms, aussi, tel celui de Frantz Fanon, entre autre, sont évoqués par les témoins qui pendant toute la durée du film relatent des souvenirs et des moments forts de leur vie et de celle d’un journal. Le travail réalisé par Khaled Oulebsir et Youcef Aggoun à travers ce documentaire est une véritable œuvre de mémoire et un document de référence pour les universitaires, les chercheurs et les spécialistes des domaines de l’histoire et des médias.