Né à Bab El-Oued, il fait son lycée à Amara Rachid. Attiré par les arts du spectacle, il participe au concours d’entrée à l’Institut national du cinéma, aux Asphodèles, section comédie.
Ses condisciples des autres sections étaient Mohamed Ifticène, Merzak Allouache, Sid Ali Fettar, Lyazid Khodja, Rachid Benallel, Farouk Beloufa, Derdour, Laradji, Mazif, Slim… Ces noms sont familiers au public algérien car la plupart des réussites artistiques au cinéma ou à la télévision sont signées de leurs sceaux. «Après la dissolution de l’INC, la plupart ont été envoyés en formation à l’étranger. Je devais partir en Egypte pour compléter ma formation» dit-il songeur. Il rejoindra la troupe de «Théâtre et culture». Il jouera Yacine et Brecht ainsi que des œuvres créées collectivement. Il cite Ghénanèche, Baba Aïssa, Slimane Benaïssa, le grand dramaturge auteur de «Boualem zid el goudam», «Babor Ghraq» et d’autres pièces théâtrales. En 1972, il commence une formation d’administrateur de production pour la télévision. Mais la bureaucratie d’alors aura raison de son esprit d’initiative et de sa volonté de participer au travail commun. Résultat : marginalisé, écarté, mis au placard. Par chance, il apprend qu’une formation est programmée à l’IDHEC, par le CAAIC (Centre algérien de l’industrie cinématographique) dont le directeur n’est autre que Mohamed Laghouati venu de la télévision où il occupait le poste de directeur technique. C’est lui-même qui avait négocié la formation avec l’institut français bien connu. Tahar ira donc à Paris où il suivra un stage accéléré de direction de production. Il restera quatorze ans dans cette structure de l’industrie cinématographique. Rappelons que à côté du CAAIC, il y avait l’ANAF, l’ENPA (cette dernière entité était chargée de la fabrication du film, notamment le développement et le «gonflage» en 35 mm. «J’ai travaillé avec Ahmed Lallem pour Barrières ; Allouache pour «Bab El-Oued City», Ali Ghanem pour «Une femme pour mon fils», sur une production algéro-malgache ; mais Farouk Beloufa et son «Nahla» m’ont laissé un souvenir encore vivace. » La grande détresse du cinéma algérien a commencé avec la liquidation de l’ONCIC, de l’ ANAF et de l’ENPA. En se dégageant de cette sphère, l’Etat a laissé un vide : «Aujourd’hui pour faire un film il faut acheter la pellicule à l’étranger comme avant, les autres opérations étant assurées ici ; maintenant il faut développer et mixer ailleurs, avec beaucoup de perte de temps et de transfert de devises. Avant, les professionnels étrangers cherchaient le moyen de travailler en Algérie rien que pour pouvoir travailler au labo de L’ENTV qui était ultra moderne.» Tahar Harhoura reprend pied à l’ENTV au cours des années charnières de 89 à 92 quand Abdou B. était directeur général. Au milieu de l’effervescence politique et sociale, peu de place à la création mais la qualité des programmes a fait un bond qualitatif certain. «Avec Hamraoui Habib Chawki la production télévisuelle se diversifie avec des émissions grand public et les programmes spéciaux du Ramadhan qui ont révélé, par exemple, les gens de Nass mlah city.» Selon Tahar Harhoura, le métier de producteur connaît une certaine dérive dans la mesure où la fonction de producteur exécutif pollue en quelque sorte le milieu dans son ensemble. De quoi s’agit-il ? «Le producteur qui s’engage à accompagner financièrement une équipe de professionnels (réalisateurs, techniciens, comédiens, etc.) peut déléguer cette fonction à quelqu’un qui pourra agir comme bon lui semble, l’essentiel étant que le produit soit conforme au contenu du contrat.. Il y a des professionnels dans ce créneau, mais beaucoup n’ont aucune idée de ce qui les engage. Résultat : l’appât du gain fait que les techniciens et comédiens sont mal payés ; on économise sur tout. Bien sûr dans ces conditions ce qui est offert au public est loin des normes.» Il faut simplement souligner que jusqu’à présent, c’est à l’occasion de manifestations organisées par les autorités que des réalisations sont confiées à des producteurs. «J’ai eu l’occasion d’exercer en tant que producteur sur les films de Kamel Dehane (Les suspects) ; Saïd Ould Khelifa (Le thé d’Ania) ; Merzak Allouache (Bab el web) films réalisés à la faveur de l’année de l’Algérie en France». Tahar Harhoura a produit «Merièm», un film réalisé par Abderrazzak Hellal dans le cadre de la manifestation Alger, capitale de la culture arabe. Pour cette création Harhoura a fait appel à des réalisateurs et techniciens de talents comme Abderrazak Hellal et Rabah Oujdoub directeur de la photo. «Les comédiens et tous ceux qui ont travaillé sur ce film ont été respectés pour leur professionnalisme et leur apport artistique et payés en conséquences.»