A deux semaines de son ouverture, les éditeurs algériens, par la voix de leurs responsables autorisés, expriment leur sentiment sur cette manifestation annuelle qui s’enracine dans la tradition.
M. Sebaoun affirme que Casbah éditions considère le SILA comme «l’événement le plus important de l’année culturelle ; son déroulement en même temps que l’année de la culture arabe d’Alger est un plus».
Le marketing de Casbah repose sur la médiatisation de la manifestation, l’afflux des lecteurs de tous âges, leur rencontre avec les auteurs, l’animation du stand et la consolidation de l’image originelle de la maison qui est celle de faire connaître les témoignages de ceux qui ont fait l’histoire de ce peuple.
La participation sera cette fois encore à la hauteur des attentes d’un lectorat dominé par les amoureux de la lecture qui se sentent concernés par le passé historique lointain ou immédiat de l’Algérie.
Le grand coup de cette rentrée sera le livre de Omar Boudaoud, un des acteurs de la bataille de France du FLN. Il est certain que ses mémoires vont faire grand bruit !
Taleb Ibrahimi, Choaib Taleb Bendiab, Mohamed Chérif Ould Hocine, Belgacem Ait Ouyahia, revisitent l’histoire et seront donc les auteurs titres du 12e Sila pour Casbah. M. Sebaoun s’empresse d’ajouter : «Plus de quarante nouveaux livres seront destinés à l’achat public ; il y en aura autant pour le livre scolaire et parascolaire.» Sinon ? «Notre métier est d’être présents toute l’année en créant l’événement».
M. Benadouda Abdellah, de Chiheb éditions, l’autre acteur réputé de la scène de la chaîne de fabrication de ce produit culturel a bien voulu nous accorder la primeur de la réédition de « Minuit passée de 12 heures » un recueil des articles de presse de Kateb Yacine. «C’est la première fois que les éditions du Seuil consentent une telle faveur à une autre maison», nous affirme notre interlocuteur. Ce sera donc le grand coup de cet éditeur qui participe régulièrement au SILA dont il remarque qu’il «s’améliore au fil des ans, mais qu’il pêche encore par la non association des éditeurs à la détermination des thèmes et des choix correspondants .Il faut tout de même savoir que ce sont les libraires qui connaissent le marché du livre et les tendances ou plutôt les attentes des lecteurs.»
Selon, M. Benadouda, la formule du Sila pourrait encore se perfectionner avec le choix d’un invité d’honneur ou la mise en vedette d’une nation ou d’un continent littéraire. A sa connaissance, cette année serait marquée par une sélection plus rigoureuse des éditeurs invités sur la base de critères strictement professionnels.
S’agissant des thèmes retenus, à savoir «Libertés et imaginaire», M. Benadouda le trouve trop vague mais «on verra sur place et on jugera sur pièce. En tout cas, il semble que les années de lutte nationaliste et de guerre se taillent encore la part du lion…On souhaiterait, à l’avenir, avoir notre mot à dire ; le salon du livre, c’est un peu notre fête ! Ceci dit, il y aura déjà une meilleure prise en charge de l’édition nationale.» Le responsable de Chiheb souhaite également qu’il n’y ait pas de clivages entre éditeurs européens et arabes si cela est soutenu par une bonne signalétique car «il faut que le visiteur s’y retrouve !»
Interrogé sur la notion de rentrée littéraire, M. Benadouda l’a réfutée en affirmant que le seul pays où ce terme a un sens est la France, ceci étant lié à l’attribution des Prix littéraires. "Pour ce qui nous concerne, nous préférons les parutions en périodes de calme, ce qui nous permet de défendre le livre et son auteur. A ce propos, je vous annonce le lancement, en plus de Kateb Yacine, de Immeqar de Rachid Mokhtari et Grenade de Yamilé Ghebalou, jeune poétesse et nouvelliste."
Terminant sur la politique éditoriale de Chiheb, M. Benadouda, signale qu’elle demeure attachée à la qualité tout en offrant au public le plus d’ouvrages et de choix possibles.
Selma Hellal, co-fondatrice des Editions Barzakh place son objectif «rencontrer notre public»au premier rang des préoccupations étant entendu que le travail d’éditeur ne se focalise pas sur le salon.
Selma Hellal nous dit d’emblée que la véritable motivation «c’est le contact avec le public le plus large qui apprécie notre travail et nos choix d’édition. C’est notre étalon». Le thème générique de cette année, même s’il retient l’attention, reste un pôle d’intérêt marginal, «ce n’est pas la colonne vertébrale du salon. Les éditeurs sont plutôt concentrés sur les ventes qu’ils réaliseront et les rencontres qu’ils feront. Le salon est une foire.» L’activité d’animation et de débats « à côté de l’activité principale » resterait donc marginale. Pour que cela soit efficace, il faudrait, peut-être, associer les éditeurs et le conférencier à la programmation.
Pourtant Barzakh est intéressée cette année «car elle a obtenu de l’éditeur marocain de Mohamed Arkoun les droits pour Humanisme et Islam. L’auteur est annoncé pour une conférence, le 2 novembre à 15 heures.»
Mohamed Arkoun à Alger est en soi un événement car celui qui avait été l’un des animateurs du Séminaire sur la pensée islamique de Bejaïa durant les années Chadli est un authentique penseur. Tout le monde espère que sa venue ne passera pas inaperçue !
Selma Hellal nous apprend que ses auteurs vedettes seront aux côtés de Arkoun, Balhi et Malek Alloula pour une réédition.
«En février, nous sortirons un polar de Adlène Meddi». Signalons que le 12e Sila a prévu une rencontre sur le roman noir méditerranéen. Ces 3 maisons d’édition sont maintenant connues de par le monde et participent de la réhabilitation de la lecture et du livre. Nul doute que leurs stands, comme ceux des autres éditeurs, seront très animés.